Chapitre 63

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Je lui en veux de me faire du mal à ce point-là. Mais je ne peux m'empêcher non plus de ne pas me détester de l'aimer parce que si je ne l'aimais et si je ne m'étais pas attachée à elle à ce point-là, je n'aurais clairement pas aussi mal maintenant, voire même pas du tout. Mais comme une conne, je suis me attachée à elle, je suis devenue dépendante d'elle, je me suis confiée à elle, je me suis sentie importante à ses yeux, je me suis sentie bien avec elle et puis, j'ai fais sûrement la plus grosseur erreur de ma vie, je suis tombée amoureuse d'elle. Je n'ai pas pu faire autrement, je n'ai pas pu m'en empêcher et maintenant je me déteste de l'aimer et je la déteste de me mettre dans un état pareil.

Mais c'est de ma faute aussi. Je n'avais qu'à pas tomber en amour pour elle et je n'en serais pas là maintenant, ce soir, à souffrir comme jamais je n'ai souffert de toute mon existence misérable et dégueulasse. Si je n'étais pas amoureuse d'elle, sûrement que je n'aurais pas aussi mal et je ne m'étais pas attachée à elle, je n'aurais pas mal du tout. Sauf, que j'ai fais le contraire de ce que je devais faire, de ce que j'aurais du faire. Je me suis laissée emportée, croyant en ses belles paroles dont elle ne pensait un traitre mot. J'ai y cru de toutes mes forces et je viens de me prendre une grande gifle dans la visage en comprenant que ce n'était rien, que des mots jetés en l'air, d'une promesse fait sur la seconde mais dans laquelle elle ne croyait, que ce n'était que du vent et de foutaises. Je me sens vraiment mal, vraiment mal.

Je lève les yeux vers le ciel, me surprenant moi-même de chercher après les étoiles fluorescentes collées à mon plafond. Elles sont tellement belles et je commence à me calmer avec leur douceur. Je me sens mieux même si ce n'est pas encore ça mais c'est bien mieux que rien du tout. Pourquoi je n'ai pas regardé auparavant ? J'étais sûrement trop occupée à me détester, à me punir, à m'insulter, à vouloir mourir, à la détester, à détester le monde entier, à haïr toutes les personnes qui me font du mal, à penser à mon père qui est au ciel, à ma vie misérable mais surtout à me plaindre alors que cela pourrait être bien pire même si sur le coup, je n'y crois pas vraiment. Je passe ma main dans mes cheveux de feu et renifle un coup, alors que les secondes passent et je le besoin de parler à mon père me surprend soudainement. J'ai besoin de lui dire ce que j'ai sur le cœur, ce qui me pèse. J'en ai vraiment besoin et je ne trouve pas vraiment d'autre moyen que de parler dans la vie, comme s'il était vraiment là, dans la pièce et qu'il m'écoutait pour me conseiller ensuite. Sauf qu'il est mort.

-Je suis mal Papa. Je suis tellement mal. Ce n'est sûrement rien comparé à ce que tu as enduré avec la maladie mais, c'est une douleur différente et qu'on ne vit pas tous de la manière. La douleur est différente pour chacun, on ne l'a vit pas tous de la manière et on ne l'encaisse pas tous de la même façon. Certains supportent et tolèrent toutes leurs vies, comme nous, alors que d'autres pètent des câbles dès qu'ils ressentent un soupçon de douleur. Mais, en réalité, n'avons-nous pas tous eu mal une fois dans notre vie ? Je me sens vraiment mal, Papa. Tu me manques atrocement. Tellement, que c'en est même plus douloureux mais juste invivable, dis-je fébrilement, la voix tremblante.
Cela devient à la limite de l'inhumain. Je ne pourrais pas continuer comme ça toute ma vie, il faudra bien un jour que tu me rejoignes ou que je te rejoigne. Puis, maman, elle est juste horrible avec moi. Jeremy change mais, il n'a pas toujours la bonne attitude, le bon comportement et les bons mots comme tu avais. Il est encore maladroit et gaffe souvent, et sans s'en rendre compte, il me blesse vraiment, murmurais-je plus doucement de peur qu'il m'entende.
Puis, Lionel, je n'ai même pas envie de te dire ce qu'il me fait. Il pourrait me violer s'il le voulait. Il ne s'en priverait pas, je crois. Puis, il y a Arthur qui change. Je crois qu'il est devenu lunatique ou carrément bipolaire, je n'en sais foutrement rien. Il y a aussi des personnes, autant des garçons que des filles qui me persécutent au lycée et s'en prennent à moi, comme si j'étais un bouc-émissaire –ce que je suis en faite. Mais, depuis peu, il y a deux nouvelles personnes dans ma vie. Léa et Timothy. Timothy et Léa, comme tu veux. Timothy est juste adorable et il m'a avoué qu'il m'aimait, quand j'étais dans le coma, à l'hôpital à cause de Lionel, qu'il a justement défoncé pour me sauver d'une morte certaine. Il est adorable Timothy, je suis sûre que tu l'aurais aimé si tu aurais eu le temps de le connaître mais tu es partis trop vite et je ne t'en veux pas, ce n'est pas comme si tu étais partis par toi-même. Et il y a Léa. Elle, c'est toute une affaire, renchéris-je.
Je l'ai rencontré sur « WordsWorld », elle lisait mon histoire –j'écris toujours papa, toujours- et elle a su lire entre les lignes. On sait parler pendant un bon moment, apprenant à se connaître l'une et l'autre. Papa, tu sais, elle est dépressive et suicidaire comme moi. Elle ne voit pas d'issue pour elle, mais elle en voit une pour moi alors que je vois tout le contraire, mais passons. Je me suis attachée à elle au fil des messages, des mots qu'on a échangés. Je suis devenue dépendante d'elle, je ne pouvais pas passer un jour sans un coup d'œil dans notre discussion privée. Sauf que j'ai fais une belle connerie. J'ai fais bien plus que de simplement m'attacher à elle et devenir dépendante. Je suis tombée amoureuse d'elle, tout comme de Timothy. Sauf que maintenant, je suis mal, extrêmement mal et c'est par sa faute. Elle m'avait promit de rester et je m'étais accrochée à cette promesse et maintenant, elle m'envoie balader comme si je n'étais qu'un vulgaire déchet. Je la déteste. Je me déteste. Elle ne m'aime pas alors que je suis carrément amoureuse d'elle. Je me déteste, terminais-je en pleurant, doucement et silencieusement avec toujours le regard vers le ciel, vers mon père.

« La douleur, elle ne part jamais. Dès qu'elle est, on vit avec et elle ne meurt pas. Non, on s'habitue juste à vivre avec elle et parfois, c'est plus difficile que d'autre fois. »



Mise à partTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang