Chapitre 43

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Je ne veux pas le regarder dans les yeux, tellement qu'il me fait peur et me paralyse. Je ne sais pas ce qu'il me veut et je suis toute confuse tellement que j'aimerais presque disparaître de la surface de la Terre. Je ne veux pas qu'il me regarde et me scrute de cette façon. Ses prunelles me détaillent avec attention et il cherche sûrement quelque chose qu'il ne pourrait pas se reprocher d'en être responsable –s'il lui arrive de se reprocher quoique se soit.

-J'aimerais que tu me pardonnes..., chuchota-t-il avec la mâchoire contractée.

Je ferme les paupières, ne voulant pas croiser son regard parce que je doute que je saurais le supporter encore longtemps. La nostalgie me poignarde le cœur. Il me regardait exactement comme ça quand nous étions plus jeune et qu'il ne m'avait pas encore rejeté comme une merde, quand j'étais encore quelqu'un et que je ne connaissais pas encore la vraie douleur. Mon père était encore là et que je n'étais pas seule au monde. Je remarque enfin que je ne suis plus vraiment seule au monde depuis quelques temps –même pas une semaine. Cela fait bientôt une semaine que je parle avec « Tragédie-sanglotée » une fois de temps à autre et que Jeremy a changé.

-Je ne sais pas et je ne veux pas non plus, déclarais-je en me pinçant mes lèvres.

Je sens son regard se durcir sur moi alors que je rouvre les yeux pour le voir en train de contracter la mâchoire encore plus et je sens qu'il ressert son emprise sur mon bras. Je tente de m'en retirer mais je n'y arrive pas, il a beaucoup plus de force que moi. Je crois que j'aurais du m'en douter mais j'ai espéré pendant quelques secondes que j'arriverais peut-être à m'en dépêtrer et pouvoir ensuite courir plus vite que lui. Mais espérer, c'est beau, quand c'est quelque chose de possible. Je passe ma main libre dans mes cheveux et essaye de griffer son bras mais à la place, il ressert encore plus sa poigne et attrape aussi mon second bras. Je suis totalement à sa merci, maintenant.

-Je t'en supplie ! Cria-t-il soudainement avec des larmes au coin des yeux.

Sauf qu'il aura beau me supplier autant qu'il le voudra, je ne saurais lui pardonner. Il m'a complètement détruit et alors qu'il m'avait promit d'être toujours à mes côtés, au moment où j'avais le plus besoin de lui, il n'a pas été là. Je le déteste plus que n'importe qui. Je n'arriverais jamais à lui pardonner toutes ces conneries. Il aurait du y penser avant de commettre de tels actes. Maintenant, il en paye les conséquences. Je lève les yeux au ciel alors qu'il a toujours ces putains de larmes au coin des yeux. Cela me touche mais ce n'est encore assez puissant que pour me faire plier. Je ne suis pas conne non plus, rancunière attardée et qui ne pardonne pas du tout facilement. Les actes de Jeremy, je les ai toujours dans la gorge mais il fait ses preuves alors qu'Arthur n'est que des mots.

Avec Arthur, ça a toujours été que des mots. Toujours et je ne me rends compte que maintenant. Je me sens conne et j'aimerais vraiment me gifler sauf que je crois qu'il va s'en charger à ma place, réduisant ses chances que je lui pardonne quoique se soit un jour où l'autre, dans un futur qui pourrait être bien plus lointain que proche. Il n'y a rien jamais eu de plus et je m'en veux d'avoir cru qu'il aurait toujours été là pour moi. Je m'en veux pour beaucoup de chose, trop de chose que pour ne pas être constamment mal. Il me décoche un sourire malicieux et sadique. J'ai plus l'impression d'avoir un psychopathe devant moi plutôt que mon ancien meilleur ami. Mais, les gens changent et les souvenirs restent ; comme toujours et c'est sûrement ce qui fait le plus mal.

« Les mots ne restent que des mots, jusqu'à ce que les actes prouvent leur importance. »


Mise à partOnde histórias criam vida. Descubra agora