Chapitre 36

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Je cligne plusieurs fois des paupières alors que j'entends mon cœur battre dans mes tempes et dans mes tympans. Je n'arrive pas à garder les yeux ouverts assez longtemps pour me rendre compte de l'endroit dans lequel je me situe. Je n'arrive pas à savoir où je me trouve. La vie ou la mort ? Même de cela, je n'en ai pas la moindre idée. Je ne suis pas le vide au moins parce que je sais que je repose sur quelque chose d'extrêmement dur et désagréable alors que ça bourdonne dans ma tête.

Je finis par savoir me redresser sans savoir pour autant où je me retrouve. Il y a des tâches couleurs qui voyagent partout devant mes yeux, si bien que je ne sais même pas la couleur des murs tout autour de moi. Mais une chose est sûre, ils me paraissent familiers et ils ne sont pas blancs. Il y a des tâches jaunes ressemblant à des étoiles au plafond. Je cligne plusieurs fois des yeux et réalise que je suis entourée d'un liquide sec et liquide aussi.

J'ouvre les yeux et regarde tout autour de moi, reconnaissant cet endroit comme étant ma chambre. Ne suis-je donc pas encore morte ? Je passe ma main sur l'arrière de mon crâne et remarque qu'il y a plein de sang et que cela forme un paquet avec mes cheveux. Je vais devoir me laver maintenant. Pourquoi est-ce que j'ai fais ça encore moi ? Ah, oui, je voulais mourir. Et je veux toujours mourir. Sauf que je ne vais pas continuer à me taper l'arrière du crâne contre mon mur où il y a du sang et plutôt me laver et tenter de mettre fin à mes jours une autre fois.

Je crois que ce n'était pas la journée pour mourir. J'aurais du le savoir vu comment elle avait bien commencé. Je mets debout difficilement et passe ma main dans mes cheveux plein de sang. Mon sang. Cette pensée me met une boule acide dans la gorge. Jamais mon père n'aurait voulu et accepté que je fasse une chose pareille, surtout après avoir déjà essayé une fois quand j'avais 10 ans, une fois quand j'avais 12 ans et deux fois quand j'avais 13 ans. Cela faisait presque 3 ans que je me tuais de l'intérieur mais que je ne me tapais plus constamment la tête contre le mur.

Je viens de chuter à nouveau dans mes délires et la douleur. J'ai eu des problèmes cérébraux avec toutes les fois que mes persécuteurs s'en prenaient à moi, levant la main sur mon corps mais aussi avec toutes ces fois où je me suis tapée la tête contre le mur. Avant, je le faisais tous les soirs. Pendant de longues et douloureuses minutes, voire même des heures parfois.

Je prends une grande inspiration et me retiens à mon lit pour ne pas tomber parce que mes jambes ne supportent plus mon poids et que j'ai l'impression que mon corps entier ne supporte plus le poids de ma vie. J'ai du perdre trop de sang que pour pouvoir me ressaisir aussi rapidement qu'avant, surtout que je ne suis pas vraiment habituée à cette pratique suicidaire que mon père m'avait fait délaissée pour l'écriture, la lecture et d'autres idées que j'ai finis aussi par délaisser parce qu'elle ne me faisait pas assez de bien que pour les continuer.

Mon père, lui n'aurait pas abandonné comme un lâche, contrairement à moi. Je me retourne et vois l'étendue des dégâts. Jamais je n'avais perdu autant de sang des vastes souvenirs dont j'arrive à me souvenir avec ce mal de crâne qui me bouffe la tête et m'empêche de réfléchir. Je n'arrive même pas à réaliser que j'étais à deux doigts de mourir. Je n'arrive même pas à savoir ce que je veux réellement. Mourir ou bien m'enfuir ? N'être plus de ce monde ou changer de vie ? Le rejoindre ou changer cette vie pour la rendre meilleur et beaucoup plus vivable ? Je n'en ai pas la moindre idée.

« Les fragments de souvenirs heureux sont les dernières choses qui nous reste quand le monde nous tombe dessus. »



Mise à partWhere stories live. Discover now