Chapitre 51

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Je n'arrive pas à ouvrir les paupières, tout est noir autour de moi alors que je suis couchée sur quelque chose de moelleux. Je ne savais pas vraiment quoi penser. J'entends une sorte de « bip » régulier sur ma gauche assez fort mais je crois que mes oreilles sont bouchées, si bien que j'ai un peu de mal à entendre correctement. Je n'arrive plus à bouger, même le petit doigt. J'essaye du mieux que je le peux mais je suis prisonnière de mon propre corps, sans pouvoir m'exprimer et m'en dépêtrer. Je suis peut-être morte sans même le savoir véritablement.

Un bruit sur ma droite attire mon attention et alors qu'en temps normal, j'aurais tourné la tête pour regarder qui c'était, j'ai beau essayer mais je n'y arrive pas. Je ne comprends même pas pourquoi et c'est le bordel dans mon esprit alors que le silence dans lequel je croyais me retrouver est interrompu. Il était pourtant parfait pour remettre mon esprit dans l'ordre mais maintenant que j'entends de plus en plus facilement et mieux ; c'est le bordel dans mon esprit. Tellement de questions fusent que je ne sais même plus les trier, jamais cela n'avait été aussi terrible dans mon crâne. J'en ai mal à la tête et je ne peux même pas porter mes mains à mon front ; quelle supplice.

Je tente de faire le vide dans ma boîte crânienne pour que ce mal de crâne puisse partir aussi vite qu'il est arrivé et qu'ainsi, je puisse vraiment faire attention aux sons tout autour de moi. J'aimerais vraiment pouvoir rouvrir les yeux et c'est horrible de me dire que les aveugles vivent cela tous les jours. Je ne le supporterais pas à leurs places. Je ne saurais pas ne plus jamais voir de ma vie. Je crois que je ne saurais pas supporter une telle chose et que j'essayerai, comme je le pourrais, de mettre fin à ma vie. Sauf que je ne veux pas me mettre à leurs places et certains le vivent bien mieux que ma vie lorsque je voyais encore.

J'entends des pas tout autour de moi, une respiration sifflante et un regard posé sur mon corps. Je ne sais même pas qui se trouve dans ma chambre et ce à quoi je dois ressembler. Au moins, j'ai une tenue sur moi –une sorte de robe- et ce qui doit être un drap. Je ne sais même pas où je me trouve ; le paradis, l'enfer ou le monde des vivants ? Je respire normalement alors que j'ai l'impression que mon cœur va s'enfuir de ma cage thoracique. Je perçois un son qui ressemble à celui de quelqu'un qui avale difficilement sa salive. Ma respiration se coupe presque alors que la personne –dont je ne connaissais pas encore l'identité- prend la parole.

-Je ne sais même pas pourquoi je suis ici alors que si cela se trouve, je parle tout seul. Sophia, je t'en pris fais-moi signe bordel de merde. Cela fait deux semaines que tu es dans ce lit et je n'en peux plus de t'attendre comme un con. De plus, à la maison, c'est l'enfer. Lionel a été relâché, maman a payé sa caution et ils complotent ensemble, marmonna Jeremy avec la voix tremblotante. Maman ne veut même pas payer l'hôpital et aucun des deux ne veulent venir te voir, alors, je me retrouve à te payer l'hôpital et à y passer ma vie en croisant les doigts pour que tu te réveilles. Je n'ai jamais supporté d'être seul et maintenant que je le suis, je comprends ta solitude et pourquoi tu ne trouves pas du tout facilement –surtout que je t'ai fais beaucoup de mal. Sophia, je t'en supplie, reviens- moi. Timothy dort à ta gauche, Arthur est dans le couloir parce que je refuse qu'il s'approche de toi. Soph' ne me lâche pas, pas comme papa, me supplie-t-il alors que sa voix craque.

Jeremy est en train de pleurer. Il est en train de pleurer et il me supplie de ne pas le laisser comme papa. Jamais je n'aurais cru cela sortir de sa bouche et je manque de m'étouffer toute seule. Il pleure et je ne peux rien faire pour lui malgré tout le mal qu'il m'a fait ; mais depuis plusieurs jours il se rattrape tant bien que mal. Timothy est là aussi et Arthur est dans le couloir. Ça ne m'étonne même pas de ma mère et de mon frère de ne pas venir. Je suis à l'hôpital. C'est beaucoup trop d'informations à emmagasiner en même temps que j'en rattrape mal au crâne ; j'aurais encore préférer que mon frère aîné ferme sa gueule. Putain, c'est quoi ce bordel ?

« Le cœur tremble, se déchire, tombe en morceaux et pourtant la vie ne trouve rien de mieux que de piétiner le peu qu'il en reste. »



Mise à partTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang