Chapitre 20

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Je pense constamment à cette fille. À quoi est-ce qu'elle peut bien ressemblée ? Est-ce que je la connais dans la vraie vie ? Comment est-ce qu'elle s'appelle parce que je doute qu'elle se prénomme « Tragédie-sanglotée » dans la vie de tous les jours ? Est-ce que je l'ai déjà croisé dans la rue ? À quoi ressemblent sa vie et les épreuves qu'elle a traversée ? Est-ce que je la côtois ? Est-ce que l'on vit seulement dans le même pays ? Ou encore sur le même continent ? Je me pose un million –je dirais plutôt un milliard- de questions sur qui elle pourrait bien être. Est-elle seulement une fille ? Je me frotte le menton alors que je peine à réaliser un exercice de mathématiques. J'aurais pu le faire hier mais j'avais vraiment la flemme et puis, la tentation d'écrire était trop forte que pour que je puisse l'envoyer se faire voir. J'avais besoin d'écrire et ce besoin est à nouveau présent. Il est même omniprésent, il fonde et construit ma vie, bâtissant un certain équilibre précaire.

Je relis une nouvelle fois cette consigne dont je ne comprends pas un traitre mot. Mes pensées sont toutes tournées vers « Tragédie-sanglotée » ou vers ma passion et mon irrésistible envie d'écrire et non pour ces putain de mathématiques de merde qui ne vont sûrement pas me mener très loin dans la vie surtout si je choisis l'écriture comme étant ma voix du futur ou encore ma vocation. J'aimerais en faire mon métier, mais ma mère ne serait sûrement pas d'accord et elle lèvera peut-être la main sur moi si je n'en fais qu'à ma tête, qui sait ? Je pousse un long soupire, tapotant mon crayon contre ma feuille, relisant pour –ce qui est sûrement le vingtième fois- cette consigne. J'aimerais que la réponse me tombe dessus comme si de rien n'était mais ce n'est que dans les films et les séries que ce genre de chose arrive aux héros. Je regarde mon ordinateur qui me tend ses bras, alors qu'il est toujours sur mon bureau éteint. Je ferme les yeux et tente de me concentrer sur mes mathématiques.

Je ne sais pas ce qui me prend mais je trouve rapidement la réponse à l'énoncée posée par mon professeur. Je crois qu'il l'aura dans le cul en voyant que j'ai répondu correctement à son calcul de merde alors qu'il m'avait engueulé comme une merde parce que je n'avais pas fais mon devoir précédent. Pourtant, je ne suis pas une mauvaise élève mais il avait besoin de passer sa colère, sa rage et sa mauvaise humeur sur quelqu'un et comme toujours, c'était tombé sur moi. Je crois que je vais finir par marquer cela sur mon curriculum vitae. « Écrivaine amateur et souffre douleur. » Je crois que beaucoup de patrons aimeraient avoir un employé qui serait payé juste pour supporter sa mauvaise humeur. Je regarde mon ordinateur qui est vraiment trop tentant.

Je me lève de mon lit, époussetant mes vêtements et me place sur ma chaise de bureau. J'ouvre l'objet technologique et me mets directement sur internet. Je me connecte sur « WordsWorld », entrant mon pseudonyme et mon mot de passe. Je poste instinctivement une nouvelle partie à mes histoires, avant de lire mes messages privés, répondant à quelques commentaires sur la partie précédente. Je jette un coup d'œil sur les personnes qui m'ont contactés par message privé et répond à tout le monde gardant l'objet de mes questions –le meilleur autrement dit- pour la fin. J'ouvre la discussion et voit qu'elle m'a envoyé plusieurs messages en moins de deux heures. Je crois que j'ai du la stresser à être marquée comme étant connectée sans répondre pour autant.

« Tragédie-sanglotée : Tu es une âme brisée qui ne pourra pas être recollée, mais juste sauvée.

Tragédie-sanglotée : S'il te plaît, laisses-moi te venir en aide pour faire au moins une bonne chose dans mon existence.

Tragédie-sanglotée : Sais-tu que je commence à ressentir un besoin, une dépendance à répondre ou à t'envoyer des messages ?

Tragédie-sanglotée : Je ne sais même pas à quoi tu ressembles mais pourtant je sais que tu es belle, parce qu'il n'y a que la beauté intérieur qui compte, pas vrai ?

Tragédie-sanglotée : Je crois que je vais faire une connerie.

Tragédie-sanglotée : Laisses-moi la possibilité de te connaître. Tu parais si sombre. »

Je souris en lisant ses messages. Personne ne m'avait jamais dis de choses pareilles, malgré que je vois tout en noir depuis toujours. Mon cœur bat à mille à l'heure alors que je regarde l'heure qu'il est, décomptant de combien de temps elle m'a envoyé son dernier message. Elle veut me connaître.

Quelqu'un veut me connaître.

« Peu importe ce que disent les autres, une partie de nous restera toujours sauvage peu importe qui nous sommes et ce que nous faisons. »





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