Chapitre 18

132 22 4
                                    

-Crève salope ! Cria-t-il à pleins poumons.

Il était en colère, qui l'aurait cru ? Des personnes qui sont en dehors de l'espace vert et qui sont sur le trottoir d'en face se retourne et même qu'une mère met ses mains sur les oreilles de son petit garçon d'environ 5 ans pour ne pas qu'il entende les dires –les insultes- qu'Arthur me balance au visage. J'encaisse le choc. Si quand j'avais 6 ans on m'aurait dit que mon meilleur ami et mon confident m'insulterait de salope et me tabasserait lorsque nous aurions 16 ans ; j'aurais ris au visage de la personne.

Si on m'avait dit aussi à cet âge-là que Lui, mon père, ne serait plus de ce monde lorsque j'aurais 16 ans ; j'aurais aussi ris. Sauf que maintenant que ces 16 années de vie se vivent au présent, je ne rigole pas du tout parce que toutes ces choses dont j'aurais ris me font mal. Je déteste cette réalité dans laquelle je suis obligée de vivre. J'aimerais bien m'en dépêtrer mais c'est bien plus facile à dire qu'à faire. Je lâche un soupire et il me regarde avec une noirceur et une haine que je ne lui connaissais pas jusqu'à maintenant.

-Pourquoi est-ce que tu ne te suicides pas espèce de conne ? Sale traînée ! Cracha-t-il avec rage.

Je retiens un sanglot. Jamais je n'aurais cru qu'il aurait pu me dire de telles choses. Mon cœur se serre dans ma poitrine alors que ma gorge se resserre. L'envie de partir est vraiment tentante mais je me dois de l'affronter et de ne pas fuir continuellement et encore une fois. J'aimerais ne pas être cette lâche que je suis mais c'est plus fort que moi ; comme si c'était une partie de moi-même. Je renifle un petit coup pour ne pas pleurer malgré que les larmes me viennent et sont vraiment trop dure à garder en moi. Je n'ai pas envie de lui montrer qu'il a gagné. Je regarde derrière moi et retiens mes larmes qui menacent de plus en plus de couler.

-Suicides-toi putain ! Tu ne sers à rien sale pute ! Vociféra-t-il encore plus fort.

Je ferme les yeux alors que ces mots se percutent entre eux dans ma boîte crânienne. Si seulement il savait que j'en avais envie depuis des années déjà et que j'ai bien essayé plusieurs fois d'en finir mais que je n'ai réussis aucune de mes tentatives ; sûrement qu'il fermerait sa gueule. Mais je ne peux pas lui dire ce genre de choses parce qu'il s'en servirait contre moi et le lycée n'a clairement pas besoin de savoir que je suis une suicidaire qui n'a pas encore réussis à en finir avec la vie. Je crois que j'ai signé un pacte avec le diable à ma naissance pour avoir une vie aussi merdique. La vie doit me détester autant qu'Arthur et Kilian, ainsi que tous les autres.

-Ferme ta gueule de merde Art'! Gueulais-je à mon tour.

Ma voix s'est cassée et sans le vouloir, j'ai dis son surnom. Il reste devant moi, comme impuissant avec un poids sur les épaules alors que les larmes –que j'ai trop longtemps essayé de retenir en moi- coulent le long de mes joues creuses. Il baisse les bras et ses yeux s'ouvrent en grand, étonné par mes propos. Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce que je lui réponde ainsi et surtout avec un ton pareil. Mais il m'a fait trop mal pour que je prenne des pincettes et que je parle doucement avec lui. Il m'a fait trop mal pour que je regrette quoi que se soit à partir de maintenant à part d'avoir été sa meilleure amie durant notre enfance.

Il a été mon pilier et maintenant il est ce qui m'enfonce et me conduit jusqu'à la mort et donc au suicide. Il m'a abandonné du jour au lendemain sans vraiment de raison et s'est lié avec le camp ennemi alors comment pourrais-je lui pardonner une telle chose ? Je reprends ma respiration et renifle un coup. Je me mouche avec un mouchoir trouvé dans le fond de mon sac et le jette ensuite à la poubelle. Il m'a fait mal et je n'ai même pas besoin de le lui dire pour qu'il le sache. Il me regarde toujours avec les yeux comme deux boules de billard, les bras ballants le long de son cœur et sur le visage, les traits marquant une blessure profonde dans son âme.

« On ne sait jamais ce que nous réserves l'avenir et généralement, ceux qu'on aime retournent leurs vestes quand notre vie devient un fardeau pour eux. »





Mise à partWo Geschichten leben. Entdecke jetzt