Chapitre 74

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Je prends une grande inspiration en fermant les yeux alors que je m'arrête devant ma porte d'entrée. Je suppose que Jeremy m'attend. La main tremblante, je sors les clés de mon sac et les mets dans la serrure de la porte. Je pousse un long soupir las et tourne la clé dans la serrure. La porte s'ouvre ensuite quand je tourne la poignée et je m'avance dans la maison. Je referme la porte derrière moi. Il n'y a pas un seul bruit dans la maison et cela me fait peur.

Je pénètre dans la cuisine et trouve un petit bout de papier sur la table avec une écriture grossière et assez masculine de gaucher. Cela ne peut être que Jeremy. Il n'y a que lui qui peut en être l'auteur, c'est le seul gaucher de la famille. Je prends le morceau de papier et en commence la lecture même si je dois m'y reprendre à plusieurs fois pour tout comprendre et tout décrypter parce que l'écriture de mon frère aîné ressemble à celle d'un médecin.

« Je suis parti faire quelques petites courses. Si tu vois ce mot c'est que tu es de retour des cours avant que je ne sois de retour des courses. Ça a été ta journée ? J'espère en tout cas. Si je ne suis pas là et que tu as faim, il y a quelques fruits et pour le repas du soir, une pizza au jambon et mozzarella dans le congélateur. Bisous et à toute à l'heure.

-Jeremy ».

Je ferme les yeux et les rouvre quelques secondes plus tard le temps d'assimiler la nouvelle. Je suis toute seule. Je me retrouve toute seule, après les cours auquel je n'ai même pas assister, après m'être faite violer, après avoir passer la journée sur un banc à parler avec Léa et nous dire « je t'aime », après avoir broyer du noir pendant très longtemps et alors que j'habite en face de mon ancien meilleur ami qui est aussi mon pire ennemi ; Arthur. Je ne sais vraiment pas comment je dois gérer la situation. Ma respiration commence à partir en vrille. Je crois que je fais une crise de panique. Mon corps entier commence à trembler. Je tente de me calmer mais en vain ça ne fonctionne pas du tout. Je dépose mon sac sur le sol et sors du mieux que je le peux, mon cellulaire de mon sac. J'ouvre l'application de « WordsWorld ». J'ouvre directement la discussion que j'avais avec Léa et qui s'est terminée par « Je rentre chez moi et je renvoie un message dès que je suis chez moi. Je t'aime » de ma part et « Rentre vite et bien. Je t'aime aussi » de la part de Léa.

« Euphorie_Noire : Je fais une crise de panique, aide-moi.

Tragédie-sanglotée : Quoi ? Sophia, inspire et expire calmement et explique-moi la situation.

Euphorie_Noire : Je suis seule chez moi, avec mon ancien meilleur ami qui transforme ma vie en un enfer habitant juste en face de chez moi. J'étais censée retourner en cours mais je n'ai pas fais cela, je me suis rendue au parc entre le lycée et la maison en attendant que l'heure tourne et c'est pour cela que l'on pouvait parler mais je n'avais pas osé te le dire. Ma vie est un enfer et je ne me suis pas rendue en cours parce que je me sentais sale, je me répugnais –en plus c'est toujours le cas. Je e suis faite violée Léa, par le seul adolescent en qui je croyais avoir confiance dans ce bahut et le garçon qui m'a sauvé la vie. Sans lui, je serais morte au lieu d'être absente pendant 2 semaines. Il m'a sauvé de Lionel, l'un de mes deux frères –le plus jeune- et m'a violé il y a quelques heures. Je me sens tellement mal Léa que je ne sais pas si je pourrais attendre de t'embrasser pour quitter ce monde d'abrutis et d'enflures. Ma mère et Lionel ne veulent plus me voir. Mon père est mort il y a quelques années alors qu'il était la seule personne qui comptait vraiment à mes yeux et qui me protégeait. C'est lieu qui m'a donné sa passion de l'écriture et de la lecture. Il y a Jeremy mon frère aîné qui est présent pour me soutenir depuis peu de temps mais je ne peux pas avoir entièrement confiance en lui. Je n'y arriverais pas ni jamais. Je ne saurais pas et là, il est partit faire des putain de courses. »

Je n'avais jamais parlé de moi comme ça à Léa. Je ne lui avais jamais rien à propos de ma famille et de ma vie scolaire. Je ne lui avais rien dis de tout cela parce que j'avais peur de sa réaction et maintenant avec cette crise de panique, j'ai pianoté sur mon clavier comme jamais et j'ai appuyé sur « envoyer » sans même me relire. Ma crise s'est apaisée, certes, mais je me sens mal par rapport à tout ce que j'ai écris. Je me déconnecte immédiatement tellement que j'ai peur de ce qu'elle va me répondre. Je vais sûrement lui faire peur mais je ne veux pas voir pour le moment ce qu'elle pourrait me répondre, je ne saurais pas l'encaisser.

Je me rends dans ma chambre directement sans rien prendre à manger parce que même si j'avais faim, me vider ainsi, m'a littéralement coupé l'appétit. Je prends mon sac au passage et je le jette sur mon lit lorsque j'arrive dans ma chambre. Je ferme la porte et la claque en m'y enfermant juste après. J'allume mon ordinateur et me décide à écrire la fin de « Petitesse anormale » avant de mourir. Je vais écrire le dernier chapitre et l'épilogue parce que je ne veux absolument pas laisser mes lecteurs sans la fin si je me suicide ce soir. Je me mets à l'écriture et les mots défilent plus rapidement qu'ils le devraient.

Mes doigts dansent sur le clavier alors que le nombre de mots ne fait qu'augmenter encore et encore, à rallonge. Le chapitre pourra même être divisé en plusieurs si cela continue encore et encore comme ça. Je ne m'arrête surtout pas parce que c'est comme si ma vie entière dépendait de cela, que si je m'arrêtais une seule seconde ; j'en mourrais. Je continue alors et je finis par diviser le grand chapitre en plusieurs plus petits. Je commence l'épilogue alors que les larmes déferlent sur mes joues. Je ne veux pas lâcher Anna mais j'en ai besoin. Je dois le faire parce que sinon, je me tuerais sans lui donner de fin ou alors je ne mourrais jamais juste pour qu'elle vive éternellement. Mais je crois que le fait qu'elle soit sur cette plateforme d'écriture, que son histoire passe de bouche à oreille et que de beaucoup plus de lecteurs lisent les chapitres.

Anna ne pourra jamais mourir tant que des personnes l'aimeront et la liront. Anna ne pourra jamais mourir, tant qu'elle restera sur ce site. J'espère vraiment que personne n'ira signaler et supprimer mon histoire alors que je serais morte. Je termine l'épilogue et je me connecte sur mon compte avec mon ordinateur et j'enregistre toutes les parties les unes après les autres et les postent ensuite. Je n'ai pas envie d'attendre que les lecteurs lisent et commentent avant de poster la fin. Puis, il y en a toujours qui sont trop mignons et qui commentent à chaque chapitre même s'ils voient que le suivant est posté. Je me rends ensuite sur les messages privés et réponds à tout le monde en gardant le meilleur pour la fin, Léa. Je l'aime tellement mais j'ai aussi peur de sa réaction.

Je ne veux surtout pas la perdre parce que je ne le supporterais pas. Je ne saurais pas l'accepter, ce sera bien trop dur pour moi. Je me tuerais si elle m'envoyait me faire foutre parce que je l'aime trop que pour ne pas me faire du mal si je venais à la perdre. Je suis dépendante d'elle et je ne saurais jamais faire autrement que de l'aimer et de me faire du mal si elle m'abandonne. J'ai manqué de mourir tellement de fois dans ma vie que je sais comment m'y prendre pour ne pas me rater. Je sais comment faire et là maintenant, je dois mourir parce que c'est vraiment la fin. Il n'y a pas d'autres issues à la douleur que j'ai dans la poitrine et dans celle qui pourrait encore se rajouter si Léa venait à m'envoyer me faire voir ailleurs. Je ferme les yeux en prenant une grande inspiration alors que j'ouvre notre discussion privée. J'ai tellement peur mais je l'aime tellement aussi.

« Jouer avec les sentiments de quelqu'un, c'est comme jouer avec son cœur. Et parfois, on le brise inconsciemment et il est trop tard que pour commencer à s'en vouloir. »




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