Chapitre 34

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Mon corps sanglote et tremble sous le poids de toutes les perles salées qui dégoulinent de mes yeux. Je ne comprends pas pourquoi le sort s'acharne sur moi alors que je n'ai jamais rien fais de particulier pour que la vie me déteste à ce point. Justement, je crois qu'il suffit de rien faire pour la contrarier pour qu'elle vous déteste et vous mettes des bâtons dans les roues, qu'importe ce que vous faisiez. Mes lèvres tremblent alors que deux nouvelles larmes roulent sur mes joues, finissant sûrement sur mes draps. Ma mère ne vient même pas voir comment je vais. J'ai juste envie de l'insulter et de lui dire ce que je pense.

Elle mérite plus de mourir que papa !

Cette pensée me coûte une nouvelle vague de perles salées. Jamais je n'aurais cru que je pourrais autant pleurer en moins de dix minutes. Étalée sur mon lit, sur le dos et le regard vers ces petites étoiles filantes ; mon père me manque tellement. Il était mon point faible et mon point fort. Il faiblissait à vue d'œil mais je n'osais pas encore croire à la perspective qu'il allait mourir d'une maladie, qu'un cancer saurait l'achever alors qu'il avait déjà tout vécu et survécu.

Ma gorge se serre alors que de nouvelles larmes dégoulinent le long de mes joues. Cette vie me gave. Cette journée me gave. Tout m'énerve et je n'en peux vraiment plus de toutes ces emmerdes quotidiennes. Je n'ai jamais demandé à me faire tabasser, martyriser au collègue et encore moins que cela persiste et s'intensifie au lycée. Je n'ai jamais demandé à ce que mon père, l'homme de ma vie, contracte un cancer à chaque intestin et qu'il en meurt même pas un an plus tard sans que les traitements et les chimiothérapies ne fonctionnent.

Je n'ai jamais rien demandé de tout cela et pourtant ce sont toutes ces choses horribles qui sont arrivées. Puis, je n'ai pas non plus demandé que ma mère me déteste et me rejette la faute de la mort de mon père ni que mes frères me tabassent depuis toujours et encore plus depuis que notre père n'est plus là. Toutes ces choses font mon quotidien alors que je ne l'avais pas demandé, ni même désirée ou encore moins imaginé. Pourtant, toutes les choses dont j'ai toujours rêvé n'ont jamais pointés le bout de son nez. J'ai l'impression que Timothy et « Tragédie-sanglotée » n'arriveront pas à me changer et à me rendre heureuse. Encore moins de me sauver.

Je suis au bord du gouffre et rien ni personne n'arrivera à me sortir de là. Je me redresse, sors de mon lit et me poste devant la fenêtre alors que les larmes ruisselaient encore sur mes joues rougies. Heureusement que je ne suis pas maquillée ce matin parce que je n'aurais aimé imaginer ce que serait le résultat maintenant.

Mon cœur se pince dans ma poitrine alors que je vois Arthur juste devant moi, sur le trottoir en face de la maison. Je nous revois sur la route, sur nos deux vélos. Nous étions heureux à cette période-là de nos vies. Dans le moment présent, je ne suis pas heureuse et je n'ai aucune idée pour lui et cela m'importe peu. Après tout le mal qu'il m'a fait, qu'est-ce que je devrais en avoir à foutre de s'il est heureux ou non ?

Il tourne la tête vers moi, je fais une grimace alors que les perles salées commencent à moins couler sur mes joues. Ça me tue de penser ce genre de choses envers celui qui était mon meilleur ami, celle qui m'a mit au monde et mes deux frères. Ça me tue de penser que mon père ne pourra plus jamais me prendre dans ses bras.

Tout me tue en fin de compte, parce qu'il n'y a rien qui est éternel et ce qui a été le meilleur pour nous et qui finit par s'estomper est ce qui nous tue le plus. Ou nous rend le plus vulnérable possible. J'aurais dû ne jamais naître et tout serait peut-être mieux maintenant. Il arrive vers moi alors que je ferme les stores pour ne plus le voir. Je fonds ensuite en larmes, mettant ma main devant ma bouche pour cacher mes sanglots, me laissant glisser le dos contre le mur.

« Si quelque chose pouvait être éternel, tout le monde tenterait de se l'approprier parce que c'est ce qui constitue l'homme ; le besoin de l'éternité parce que le manque fait mal. »



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