Chapitre 78 / Bonus

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Point de vue d'Arthur – Après la mort de Sophia.

J'empile des cartons dans la voiture mais je ne peux pas empêcher mes yeux de bifurquer jusqu'à sa chambre. Les fenêtres sont ouvertes et ses fins rideaux blancs en tissus volent au rythme du vent sortant parfois dans la pièce et puis rentrant complètement aussi. Je déglutis bruyamment alors que je revois son sourire enfantin lorsque nous n'avions que 6 ans et que nous étions si innocents. Jamais je n'aurais cru que notre relation aurait pu autant changer et qu'elle aurait pu autant empirer. C'est un peu à cause de moi qu'elle s'est suicidée il y a trois jours. D'accord, c'est beaucoup de ma faute et je m'en veux de ne pas avoir vu les signes et d'être un impulsif né. Maintenant qu'elle n'est plus là, je me rends compte à quel j'ai été con et que je ne la méritais pas. Jamais je n'aurais du lever la main sur elle et jamais je n'aurais du lui dire autant d'atrocités.

Je n'en avais pas la droit et pourtant je l'ai fais comme l'abruti que je suis. Nous aurions du rester mes meilleurs amis de mon comme lorsque nous n'étions que des enfants et la protéger lorsque nous sommes entrés au collège. Mais au lieu de cela, j'ai retourné ma veste et j'ai rejoint l'autre groupe, l'autre clan. J'ai presque l'impression d'avoir rejoint le côté sombre de la force comme dans « Stars Wars ». Je lève les yeux au ciel et vu les nuages gris au-dessus de nous, il ne va pas tarder à pleuvoir. C'est elle, j'en suis sûre, même morte elle tente encore de nous rendre la monnaie de notre pièce. J'aimerais qu'il pleuve tout le temps, parce qu'au moins cela montrera qu'elle avait des bonnes raisons de nous en vouloir et qu'elle n'a pas encore pardonné ou oublier.

Sophia s'est suicidée. Ces mots se percutent entre eux dans ma boîte crânienne. Je m'attends encore à la voir à sa fenêtre à regarder la rue, un stylo à bille à la main et un petit cahier sur lequel elle est en suspension, cherchant l'inspiration et les mots. Je la revois ainsi, au bord de sa fenêtre avec un sourie enfantin sur les lèvres à l'âge de 9 ans. Elle avait de belles petites joues à cet époque, elle n'était pas encore la squelettique qui nous a quitté il y a trois jours.

Il paraît qu'elle était tellement maigre qu'elle avait de la peau sur les os et que c'était tellement affreux à voir, en prime de sa gorge tranchée, que le médecin légiste a vomit une grande partie de ses trippes avant, pendant et après l'avoir autopsié. Il n'avait pas supporté sa maigreur et l'état de son estomac, de son foie et de ses intestins en disaient long sur son anorexie quotidienne. Elle se foutait littéralement en l'air et je n'ai pas été là pour l'aider. Le médecin légiste, à ce qu'il paraît parce que tout ceci n'est qu'une nouvelle rumeur comme les vomissements du spécialiste, il avait pleuré parce que son corps émanait de la tristesse, de la douleur, de la souffrance et de la peine. Elle en avait encore l'odeur, même glacée.

Je n'aurais jamais du lui faire du mal alors qu'elle m'avait longuement protégé et défendu devant les autres lorsque nous étions des enfants. Nous étions les meilleurs amis du monde. J'avais retiré les cadres et je les avais mis au fond de mes tiroirs, mais j'ai encore des photos d'elle et de nous enfants. Nous étions si jeunes, si cons et si innocents à cette période-là. Jamais je n'aurais cru que je tournerais ainsi. J'étais son meilleure amie, j'étais censé prendre soin d'elle et non de l'enfoncer plus bas que Terre.

J'ai commencé à me battre, à faire de la boxe, à jouer au football, à jouer aux jeux vidéos, j'ai envoyé foutre tous mes jouets et peluches que j'avais encore, j'ai jeté et caché dans des coins de ma chambre tout ce qui me reliait encore à elle, j'ai commencé à fumer, j'ai commencé à boire et puis quand rien de cela n'était suffisant pour combattre et me faire oublier la douleur que j'avais caché au fond de la poitrine, je me suis mis à prendre de la drogue.

J'ai vraiment mal tourné et je viens d'en prendre conscience. Enfin, j'en prends vraiment conscience depuis trois jours. Son suicide me fait me résonner et reprendre conscience des choses. Je me foutais en l'air et je ne cherchais même pas à savoir pourquoi alors que la douleur que j'avais en moi était là parce que je faisais du mal à Sophia, parce que je n'étais plus moi-même, parce que je ne me sentais plus à ma place et aussi parce que j'avais toujours besoin de faire mes preuves. J'avais presque toutes les filles à mes pieds mais il n'y en avait toujours qu'une seule et unique qui m'intéressait vraiment ; Sophia. Je me sens vraiment con de prendre conscience de toutes ces choses qu'une fois qu'elle est partie.

Depuis trois jours, je ne fais que de me questionner, de me résonner et de me traiter d'imbécile. J'ai été le plus pire des cons sur le coup-là. Je lui ai tourné le dos pour me prouver à moi-même que j'étais capable de me détacher d'elle alors qu'elle était la personne la plus importante dans ma vie. J'avais peur de l'attachement et maintenant je me dis que j'aurais du prendre soin d'elle et peut-être qu'on aurait partagé les mêmes sentiments d'amour. Parce que oui, je suis amoureux d'elle, comme au premier jour où je l'ai croisé. J'espérais secrètement depuis le premier jour où je l'ai vu et où j'ai eu un coup de foudre pour que cela soit réciproque mais cela n'aurait jamais pu l'être, surtout avec ce que je lui ais fais. J'espère juste qu'elle ne me le pardonnera jamais, même depuis le ciel parce que c'est tout ce que je mérite, vraiment.

Je la revois encore avec ces deux petites tresses de chaque côté de son visage avec son sourire enfantin si beau et si angélique. Je ne me souviens même plus des raisons qui me poussaient à lui faire du mal. Enfin, si, je le faisais pour impressionner les autres, pour suivre tout le monde amis aussi parce que je ne supportais pas le fait qu'on ne partageait pas les mêmes sentiments. Mais maintenant, je réalise que ce n'était pas du tout des raisons valables et que sur le coup, pour justifier mes actes, ils me paraissaient bons et justes et maintenant ils n'ont juste aucun intérêt et ne ressemblent à rien à part à un tissu de mensonges.

J'ai presque envie de me taper la tête jusqu'à perdre conscience et me réveiller avec quelques années de moins et me rendre compte que tout ceci n'était qu'un cauchemar préventif de l'avenir et que je devais changer au plus vite. Et même si tout ceci est un putain de cauchemar, c'est un putain de cauchemar réaliste et non fictif ou préventif.

Sophia est vraiment partie et j'ai vraiment du mal à la réaliser. Le pire, c'était que je fixais sa fenêtre ouverte en espérant la voir si rendre pour écrire dans l'un de ses nombreux carnets comme elle le faisait lorsqu'elle était enfant et au début de son adolescence et qu'elle avait arrêté de faire au fil du temps. Je la regardais en espérant la voir reprendre cette habitude qu'elle avait alors qu'en réalité, elle était en vidéo avec une autre adolescente et qu'elles se coupaient toutes les deux la gorge avec une lame. Je n'ose pas imaginer l'image effroyable qu'à du avoir son frère Jeremy sous ses yeux. Je secoue la tête pour essayer d'effacer cette image qui me brouille la vue mais elle continue de rester et elle revient à chaque fois que je ferme les yeux. Je suis parti pour faire encore des cauchemars par rapport à son suicide ce soir et je crois que ça me poursuivre durant toute ma vie.

Je viens seulement de me rendre compte que j'étais perdu dans mes pensées et que je fixais sa fenêtre depuis tout ce temps. Je secoue de nouveau la tête et pose le carton dans le coffre de la voiture avec tous els autres. Ma famille et moi, nous déménageons parce que ce n'est clairement plus possible de rester dans une ville où on nous pointe du doigt comme étant l'un des principaux responsables du suicide d'une jeune adolescente de 16 ans qui avait toute la vie devant elle et le pire c'est quand ceux qui nous pointe du doigt se souvient de nos frasques puérils et enfantines que nous faisons Sophia et moi.

Je sens une boule montée dans ma gorge et mes yeux me piqués, je me retiens de pleurer parce que cela ne fait pas très fort et ne me convient pas. Ce n'est pas dans mes habitudes de pleurer, même de verser une seule lacrymale mais depuis que j'ai appris son suicide, je pleure tous les soirs dans mon lit lorsque je suis tout seul. J'ai même énormément pleuré lorsque j'ai appris la nouvelle. On transportait son corps sur une civière, hors de la maison dans laquelle elle avait toujours vécue et je me sens con ; con de ne pas avoir pu l'aider, pas avoir pu sauver et de l'avoir enfoncé. Nous déménageons pour prendre un nouveau départ, pour changer d'air et j'espère que ça va fonctionner parce que nous ne pourrions plus jamais vivre ici. Nous n'y sommes plus à notre place et les habitants qui n'avaient rien fait pour elle non plus alors que la douleur était visible sur les traits de son visage nous pointe du doigt et nous rend coupable de cela.

« C'est toujours plus facile d'accuser et de pointer les autres du doigt que de voir là où on a fauté et là où on est responsable. »



Mise à partDove le storie prendono vita. Scoprilo ora