Chapitre 50

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Je sens un liquide chaud coulé à l'arrière de mon crâne alors que Lionel vient de me prendre par les épaules et de me secouer comme un prunier, ma tête cognant plusieurs fois sur le sol. Il y en a de plus en plus de ce liquide et je croise les doigts pour que ce ne soit pas du sang. J'en ai perdu tellement hier, j'ai déjà mon nez qui saigne alors il ne manquerait plus que tout le liquide chaud qui coule à l'arrière de mon crâne soit du sang. Je ne suis pas sûre de survivre vu à la vitesse à laquelle ça coule. Je rouvre les yeux et remarque l'air ahuri de mon frère.

Lionel est devenu blême et je crois que mes doutes vont se réaliser. Ma tête doit sûrement être entourée de sang à présent parce que je sens mon corps ne plus répondre au moindre de mes gestes. Mon cœur bat de plus en plus doucement et je ne sais pas ce que je pourrais bien faire pour que cela se calme. Je tente de caler ma respiration sur les battements de mon cœur mais il ralentit de plus en plus et cela m'affole mais ne suffit pas à faire battre l'organe plus rapidement.

Lionel arrête presque de respirer comme moi, se rendant enfin compte du mal qu'il m'a fait. Son visage est blanc comme un linge. Je crois que je dois être dans le même état que lui. Les secondes défilent lentement dans ma tête alors que ma respiration devient de plus en plus lente et inexistante. C'est presque si ce n'est pas qu'un simple filet, tout petit et presque inaudible. La respiration de mon frère s'abat sur ma figure mais je n'arrive pas à emmagasiner l'oxygène qu'il me donne inconsciemment. Je ne veux pas mourir, pas maintenant que la vie me sourit enfin. Je refuse de partir maintenant, ce serait vraiment beaucoup trop débile.

-Reste avec moi, s'il te plaît, murmure-t-il dans un même souffle.

Mes oreilles se bouchent alors que ma respiration se coupe presque totalement. C'est sûrement les dernières secondes de ma vie et je ne peux même pas en profiter. J'ai tellement tenter de me tuer, j'ai tellement désirer mourir que maintenant que je ne veux plus, la mort vient me chercher en personne dans le sourire machiavélique qu'arborait mon frère quelques minutes auparavant alors qu'il n'avait pas encore lever la main sur moi et que du sang ne sortait pas de l'arrière de mon crâne.

Je vois que le corps de mon frère disparaît alors que ma vue se brouille. Elle se floute et j'ai presque l'impression de ne plus voir que des ombres chinoises qui vont et s'en vont un peu partout devant mes pupilles. Je cligne plusieurs fois des yeux pour continuer de voir un minimum. Je réussis encore à voir Lionel se faire tirer par l'arrière par quelqu'un, se prend quelques coups et à peine se défendre. Je distingue la silhouette de Timothy et le voit en train d'accourir jusqu'à mon corps presque inerte. Il passa sa main sur ma joue sèche des larmes qui coulaient précédemment et je distingue aussi la panique sur ses traits. Il est mignon, même quand il est terrifié.

-Sophia ! Reste avec moi s'il te plaît ! Crie-t-il d'une voix désespérée.

Timothy crie encore plusieurs fois mais mes paupières chutent et je n'entends plus rien. Je ne vois plus rien hormis une belle lumière blanchâtre avec une pointe de jaune. C'est exactement la même lumière que celle d'hier soir. Je tente de la fuir, sachant maintenant ce qu'elle représente au lieu d'essayer de la toucher comme j'ai voulu faire hier. Mais mon cœur lâche et je la touche, malheureusement. Je chute et je n'entends plus rien, ne vois plus rien et ne sens plus rien. C'est le vide total, plus aucune respiration. Est-ce vraiment la fin ?

« La vie est comme vouloir attraper ou toucher une plume, à trop souffler dessus, elle se taille et à trop lui courir après, on s'essouffle avant de l'attraper. »


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