Chapitre 54

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Je ferme les yeux alors qu'un rayon de soleil vient s'abattre sur mes paupières. Je mets ma main dans le chemin et rouvre les yeux ensuite, lorsque je ne sens plus la chaleur de l'astre sur mes yeux. Je regarde sur ma droite où se trouve mon frère aîné, les mains jointes devant lui et le dos voûté. Il relève la tête et me sourit. Je lui souris en retour et je dois avouer que ça fait du bien d'être au calme, avec un petit bain de soleil, mon frère et le silence.

Il n'y a pas beaucoup de monde qui défilent dans le couloir blanc. Habituellement, je n'aime vraiment pas le blanc mais je le supporte, pour une fois dans ma vie. Je ne vais pas dire que j'aime cette couleur même l'apprécier serait trop beau pour être vrai venant de ma part envers le blanc. Je passe ma main droite dans mes cheveux de feu et la dépose sur le bord de mon lit, le long de mon corps avec la paume relevée vers le ciel. Jeremy comprend l'invitation que je lui envoi et il tend sa main gauche vers la mienne et hésitant encore un peu, il la prend et serre ma petite main dans sa grande.

Mon sourire s'agrandit sans que je ne le contrôle vraiment. Je n'ai plus entendu la voix de Timothy depuis la fois où il m'a supplié de me réveiller. Je suppose que c'est sa voix qui m'a poussé à sortir de mon semi sommeil. Même pas une heure après qu'il m'ait dit ses mots et qu'il soit partit en courant, je m'étais réveillée. L'infirmière, Coline, avait appelé ma mère pour la prévenir de mon réveil. Je suis étonnée qu'elle en ait parlé à Jeremy ; sûrement qu'elle n'en pouvait plus de lui et des engueulades qui se passent entre mon frère aîné et Lionel et avec elle aussi. Ça ne m'étonnerait pas d'elle.

Jeremy me sourit tendrement, avec le regard fier. Il se comporte comme un vrai frère et non comme le monstre qu'il était auparavant et je n'ai pas envie que cela change. J'aimerais que l'on devienne vraiment complice au-delà de tous ces préjugés, stéréotypes et souvenirs du passé qui nous bloquent encore. Il a mal comme moi et il serait sûrement temps de passer outre tout cela mais c'est encore trop frais que pour le faire et puis, cela ne se fait pas non plus en un claquement de doigts. Je le sais et pourtant, ça serait tellement plus facile si c'était le cas. Mais la vie n'est pas facile, du moins si elle l'est, nous la rendons tellement plus compliqué.

-Ca va mieux ? Me demanda-t-il avec une lueur inquiète dans les yeux.

-Oui beaucoup mieux. Je crois que je ne suis plus suicidaire, murmurais-je plus pour moi-même que pour le rassurer.

Jeremy réprime une grimace et me sourit ensuite, quelques étoiles éparpillées dans ses iris chocolat. Il est beau, malgré qu'il me fasse encore peur. Il me caresse avec douceur ma main, me calmant peu à peu. Jamais je n'aurais cru que mon frère aîné qui m'a battu et terrorisée toute ma vie aurait pu être aussi sensible et aussi délicat ; surtout avec moi. Il prend soin de moi, au point que j'ai presque l'impression de voir mon père sans ses yeux émeraude et ses cheveux roux. On dirait mon père avec quelques années de moi, sans être ravagé par la maladie et une couleur différente de chevelure et de prunelles. Est-ce que Jeremy a une fois été en couple ? Est-ce que mon père a un jour aimé une autre femme que celle qui m'a mise au monde il y a 16 –bientôt 17- de cela ? Est-ce qu'il était vraiment heureux avec elle ?

Ce genre de questions sans réponses m'énerve au plus haut point parce que j'en ai toujours une dans la tête. Je regarde par la fenêtre et voit une mésange se mettre sur le coin de la vitre entrouverte. Je crois qu'il hésite à entrer, en tout cas, il a l'air serein. J'aimerais être un oiseau pour pouvoir voler là où mon cœur me guide sans avoir à rester là où je ne voudrais pas être ; même si j'aurais la vie plus courte qu'un humain et que je serais plus une proie qu'un prédateur. De toute manière, que je sois une mésange ou une humaine, je suis quand même une proie et je me déteste d'arriver à de telle conclusion parce que ce n'est pas normal d'arriver à un tel point, que ce n'est pas humain.

« Respirer l'air frais de dehors, regarder le monde courir alors que nous marchons, prendre le temps et ne pas s'exciter sur tout ; c'est éviter de gaspiller du temps et de l'énergie. »



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