Chapitre 8

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Je m'allonge sur mon lit, enroulée dans ma couette alors que mon ordinateur est encore allumé sur mon bureau mais je n'ose pas m'en approcher. Cet inconnu me fait vraiment peur parce que je ne sais pas comment réagir face à lui ou elle. Je ne sais pas ce que je dois lui répondre. Il ou elle aimerait m'aider et sûrement me sauver mais cette personne est arrivée bien trop tard que pour y arriver. Je suis déjà perdue et je crois que c'est totalement définitif.

Je pousse un long soupire entendant ma maman appelée pour dire que le dîner est enfin prêt mais je n'ai pas faim. J'ai déjà eu l'appétit coupé et en prime, cet inconnu m'a totalement retourné l'estomac. Je me lève lentement de mon lit, sans aucune motivation. J'aimerais juste sauter par ma fenêtre et quittée cette vie pour de bon. Même si l'écriture me permet de partir un peu partout et de partir de cette vie qui m'étouffe ; ce ne sera jamais suffisant. Il me faudra toujours plus parce que la vie sera toujours plus dure.

Je soupire un grand coup et marche avec une tête d'enterrement jusqu'à la cuisine où une odeur de bolognaise s'en échappe. Comme je m'y attendais, des plats de lasagne toute prête dans des récipients en aluminium jonchent la table et il n'y en aura sûrement pas assez pour tout le monde vu comment mes deux frères mangent ainsi que ma maman et la petite quantité de nourriture qui s'y trouve.

Elle achète toujours à manger comme s'il n'y avait qu'eux qui mangeaient et que je ne mange pas moi alors que je chasse ma nourriture dans le jardin. Mais ce n'est pas le cas, alors je contente souvent d'une ration pas très grande. Cela tombe bien vu que je n'ai pas très faim ce soir. Peut-être que mon ventre criera famine à la tombée de la nuit, quand je serais encore en train de coucher les mots sur l'écran de mon ordinateur ; offert il y a quelques années par Lui.

Je tente de sourire mais cette tentative est vaine, vu le regard dur et froid que ma maman me lance. Elle me fait vraiment me sentir de trop dans cette famille. C'est totalement absurde parce que quand Il était encore là, je faisais encore partie de cette bande. Mais maintenant ce n'est plus le cas. Je crois que Lui et moi nous formions une famille et ma mère et mes deux frères en faisaient une autre.

Il n'est plus là, alors je me retrouve toute seule dans mon monde ; sans aucun lien avec personne. Les liens du sang ne signifient pas vraiment beaucoup en réalité. Les gens en ont font toute une histoire alors qu'en réalité ; ce n'est pas grand-chose. Je prends ma tête entre mes mains et la redresse pour regarder ma maman droite dans les yeux.

On se fait une guerre des regards et je gagne comme toujours parce qu'elle n'ose pas affronter le trou béant qu'Il a laissé en moi, de peur de craquer suite à cela. Elle a peur de tout mais prétend n'avoir peur de rien. Cette femme qui est ma mère -malheureusement j'ai envie de dire- n'est qu'un tissu de mensonges préconçus par la société. Elle n'ose pas affronter ses problèmes parce qu'elle a peur de la douleur que cela pourrait occasionner.

Je les affronte d'une certain façon pour ma part ; l'écriture, le remède miracle à tous mes maux. Je souffle un coup et me sert une petite portion sous le regard distant et détaché de ma mère qui a honte de moi. Elle me déteste et c'est réciproque, depuis aujourd'hui. Ma gorge se serre alors que je repense à Lui, la fourchette en main et prête à attaquer une petite part de lasagne qu'Il ne pourra jamais mangé.

« Le cœur souffre des attaques extérieurs parce que l'humain n'est plus capable de s'en protéger. »



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