Chapitre 4

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Je suis à présent debout et regarde tout autour de moi les inscriptions qui se trouvent sur les murs de la cabine. Il y a tellement d'atrocités écrites dessus qu'une bile monte dans ma gorge. J'en sors le plus rapidement que je le peux, m'emmêlant les pieds et manquant de tomber quelques fois. Il me faut de l'air et au plus vite. Mais il me faut aussi me ressaisir et un endroit sur lequel je me retenir qui ne soit pas trop dégoûtant. Je fais quelques pas et m'adosse à l'un des lavabos. Mon reflet dans la glace n'est pas vraiment joli à voir mais au moins il reflète ce que je suis ; pathétique.

Je passe ma main dans ma chevelure rousse, soufflant un grand coup avant d'asperger mon visage d'eau beaucoup plus potable et moins bourrée de bactéries. De plus celle-ci n'a pas cet arrière-goût de pipi et une couleur jaunâtre. Je forme un bol avec mes deux mains pour avoir le plus de liquide dans mes mains pour le mettre sur ma tête par la suite. Je ferme les yeux, posant mes coudes sur le rebord de l'évier. Tellement de pensées afflues dans ma tête que je ne sais pas par où commencer. Je ne sais rien même. Je ne saurais dire où sont la logique de certaines mais apparemment elle doit bien exister quelque part. Mon cœur palpite et rate un battement quand j'entends une chasse d'eau dans mon dos. La porte d'un des cabines s'ouvre.

Un adolescent d'à peu près mon âge en sort. Lui aussi est dans le même état que moi. De l'eau et de l'urine sur le visage, dans les cheveux et sur une bonne partie des vêtements. Il ne manquait plus que quelqu'un soit présent lors de ce carnage. Il me toise un instant du regard et ensuite me sourie, comprenant que j'étais la personne en train de subir le même sort que lui mais dans la cabine juste à sa gauche. Je tente de lui retourner son sourire mais il se transforme plutôt en une grimace. Derrière ces lunettes de « nerd », il m'examine avec intention et je n'aime pas ça de tout. Je sens que je pourrais régurgiter la dernière partie de mon repas ou alors c'est mon suc gastrique -aucune idée- tellement que je me sens mal à l'aise. Je prends une petite gorgée d'eau du robinet, passe une dernière fois ma main dans mes cheveux en me regardant dans la glace avant de sortir, me faisant toute petite. Je ne supporte pas qu'on me regarde comme il le faisait ; comme s'il voulait me manger toute crue.

Je file à toute vitesse dans les couloirs pour ne pas subir une nouvelle fois ce châtiment. Ce n'est pas que je m'en passerais bien mais c'est un peu tout comme. Je fais une petite pause à mon casier pour prendre mes affaires avant de continuer ma route vers la maison où personne ne m'attend, comme toujours. Je me suis « habituée » à cette situation que j'apprécie et déteste à la fois. Il y a ces avantages mais aussi ces inconvénients. Je suis bien heureuse que ma maman ne vienne pas me chercher après les cours alors qu'elle me conduisait bien le matin. Je ne sais pas ce que j'aurais bien pu lui dire comme mensonge pour expliquer la situation. Mais je suppose qu'elle s'en saurait foutue. Cela fait déjà un petit moment qu'elle ne s'intéresse plus à moi et que tous les essais qu'elle fait se soldent par un échec. Au moins, je ne peux pas lui reprocher le fait qu'elle n'essaye pas comme je pouvais encore le faire il y a deux semaines. Depuis CA, elle me haït et je crois bien que cela devient réciproque.

« Haïr quelqu'un de tout son soul en revient à se haïr soi-même, parce qu'une part de nous pourrait bien finir par aimer cette personne. »



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