Mise à part

Chapitre 56

J'hésite à me connecter sur « WordsWorld ». Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise idée. Je n'en ai pas la moindre idée. J'en ai envie mais je doute que ce soit la chose idéale à faire. Je crois même que je ne devrais pas encore y retourner mais je suppose que mes lecteurs se demandent pourquoi je ne me suis plus connectée depuis quelques temps et pourquoi cela fait déjà un petit temps que je n'ai pas donné de signes de vie. Puis, il y a Léa.

C'est sûrement à cause d'elle que j'hésite à aller sur la plateforme parce qu'elle a un lien direct avec. C'est même là que je l'ai rencontré et là où je lui parle. Je ne sais même pas si elle est présente sur un autre réseau social. Cela ne m'étonnerait pas, de nos jours, on cumule les réseaux sociaux comme si c'était des bonbons. Je ne suis pas sur beaucoup de réseaux sociaux parce que je me fais déjà harcelée sur la plupart, enfin il n'y a que sur « WordsWorld » -qui n'est pas vraiment un réseau social- où j'ai la paix.

Je me lève de mon lit, me retrouve debout et fait les quelques pas qui séparent mon lit de mon bureau. Je me place sur ma chaise et passe mes doigts sur le rebord de mon bureau. Je relève le regard et observe mon PC. Il est fermé, alors je l'ouvre et j'examine l'écran. Il y a un peu de poussières dessus mais ce n'est pas vraiment grave, même pas du tout. Je l'allume, soufflant un coup pour me donner un peu plus de courage. J'en aurais besoin pour affronter Léa alors que je crois être tombé amoureuse d'elle. Je ne sais même pas à quoi elle ressemble ; comme quoi on n'est pas obligé de tomber en amour que sur un physique.

J'ouvre la page du site et appuie sur le bouton pour être rediriger vers la page web où l'on doit se connecter. Je tape mon pseudo rapidement ainsi que mon mot de passe. Je l'ai fais tellement de fois qu'en quelques secondes, c'est déjà fait. Je vois rapidement que j'ai eu énormément de commentaires sur mes histoires, de votes, des messages autant en privé que sur mon profil. Mes lectrices, autant d'une quelconque histoire comme de chacun, des anciennes comme des toutes nouvelles que je n'avais vu auparavant. J'écarquille les yeux devant toute cette inquiétude et effervescence d'amour dont je suis la cible et la responsable. Jamais je n'aurais cru qu'un lien, tel que celui-là, me liait à eux –il y a quand même quelques garçons dans le lot.

Je réponds à tout le monde, recevant des nouveaux messages presque immédiatement. Ils sont tous soulagés que j'aille bien et cette preuve d'amour me réchauffe le cœur. Je me sens revivre, et puis, il ne reste plus que Léa. Elle m'a envoyé au moins une bonne dizaine de messages à première vue et en les comptant, j'en ai reçu au moins 12. 12 messages rien que pour, pour me dire qu'elle est inquiète, que je lui manque, qu'elle se demande ce que je suis devenue, qu'elle croise les doigts pour que je ne sois pas morte, qu'elle se fait du souci pour moi, qu'elle se demande pourquoi je ne viens plus jamais, qu'elle croit que je ne suis plus de ce monde, qu'elle s'est attachée à moi et ne saurait pas vivre sans moi. Différentes messages, me montrant l'indépendance que l'on ressent l'une avec l'autre.

Une larme de joie perle au coin de mon œil droit et commence sa longue descente. Un sourire prend place sur mes lèvres alors que mon cœur est chaud et en train de rougir face à toute cette attention et à tout cet amour dont je n'ai jamais été habitué, que je n'ai jamais ressentit, dont je n'ai jamais eu le droit avant. Je crois que je l'aime vraiment Léa, mais au-delà de ces quelques messages échangés, de son envie de m'aider et de me sauver, de sa lecture entre les lignes de l'histoire d'Anna, de cette dépendance que l'on ressent l'une pour l'une. Je crois que je l'aime, pas comme une simple amie, au-delà de tout cela. Je crois que je l'aime en amour.

« L'amour n'est pas une question de physique, d'apparence, d'image. L'amour est une question de cœur, de sentiments, d'émotions, de liens et de mots. »