Chapitre 42

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Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que je me rends jusqu'à mon école, à pied. La peur de voir Arthur, Kilian ou encore Julio me pèse sur l'estomac, tellement que je n'ai rien mangé ce matin. Habituellement, je ne mange pas grand-chose mais ce matin, c'était presque si je ne savais pas respirer. Jeremy m'a fait un massage aux épaules mais aucun résultat concret n'a été obtenu alors il a abandonné et puis, il devait se rendre en cours comme moi. Je sers la bretelle de mon sac, le remontant un peu sur mon épaule droite parce qu'elle glissait.

Je passe ma main dans mes cheveux de feu légèrement humide. Je les ais lavé ce matin et ils sont encore mouillés malgré que je les ais séché un peu. Je n'allais quand même pas me rendre en cours avec la chevelure totalement trempée, tel un caniche. Je lève les yeux au ciel, inspirant un grand coup et espérant que mon père me protégera aujourd'hui parce que j'en ai bien besoin. Au plus profond de moi, je suis sûre qu'Arthur sait tout ce que je m'inflige depuis toujours et qu'il m'a vu hier me taper la tête contre le mur. Je suis sûre qu'il le sait et qu'il va l'utiliser à son avantage.

-Sophia ! Entendis-je crier derrière moi.

Mes pieds arrêtèrent leur avancée pendant quelques microsecondes mais bien rapidement, réalisant à qui appartenait la voix derrière moi, ils foulèrent encore plus rapidement le bitume que précédemment. Je ne veux pas qu'il me rattrape, me pose des questions ou encore moins ne lève la main sur moi. Je ne veux pas le voir. Je ne veux plus d'Arthur Roy dans ma vie. Je veux qu'il crève ou qu'il la quitte pour de bon. Il m'a déjà fait assez de mal comme ça que pour en rajouter encore une putain de couche. C'était même plus qu'assez.

Je sentis une main agrippée mon bras. Je suis fichue. Par réflexe, je ferme les paupières et voûte mon dos, m'apprêtant à endurer et encaisser les coups de mon ancien meilleur ami. Mais rien ne vient et je tente à ouvrir les yeux mais en gardant bien ma tête entre mes deux épaules. Je ne veux pas risquer de me prendre un coup parce que j'ai baissé ma garde. Cela est arrivé déjà bien trop souvent que pour ne pas m'y préparer à l'avance ou que pour, simplement, baisser ma garde. Je regarde droit devant moi, espérant que ce n'est pas la dernière fois que je vais voir cet horizon, que ce n'est ainsi que je vais mourir. Ce serait une mort conne et débile, vraiment, mais je ne l'aurais pas décidé.

-Je ne veux pas te faire de mal Soph', regarde-moi s'il te plaît, s'enquit-il d'une toute petite voix.

Cela ne lui ressemblait tellement pas que je me retourne lentement. Je reste sur mes gardes et me prépare mentalement à encaisser les coups de mon bourreau. Il y a une leur dans ses prunelles vertes que je ne lui connaissais pas. Jamais ces yeux n'avaient été ainsi. Jamais je ne l'avais vu ainsi tout court. Il a les yeux rougis et bouffis par ce que je suppose être des larmes. Il a des poches phénoménales sous les yeux, comme s'il n'avait pas dormit depuis plusieurs jours. IL a l'air peiné, fatigué, à bout et triste. Extrêmement triste, je dirais même. On dirait qu'il est au bord du gouffre.

-Lâche-moi, lui intimais-je en me retirant de sa poigne.

Arthur me regarde toujours avec cette même lueur dans les yeux. Il a l'air vraiment pas bien mais je devrais m'en foutre après tout le mal qu'il m'a fait. Je devrais même m'en réjouir, sauf que je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à être heureuse de son malheur, malgré qu'il me mérite amplement. Je n'y arrive pas et cela va finir par me rendre folle, totalement folle. J'aimerais mais j'en suis incapable.

« Les humains ne sont pas tous des terroristes ni des psychopathes, il n'y a pas le visage type pour ce genre de personnes. Ce qu'il y a dans tous les humains, par contre, c'est cette lueur de douleur et de tristesse dans le regard mais qu'on ne voit pas tous dans l'œil de chacun. »


Mise à partWhere stories live. Discover now