Chapitre 72

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Je me sens tellement sale. Il vient de claquer la porte derrière lui. Timothy vient de claquer la porte et j'ai l'impression qu'li claque mon cœur contre le mur en même temps. Les larmes dévalent toujours mes joues, comme une pluie torrentielle. Je me rhabille en vitesse mais je me déteste. Même avec des vêtements sur ma peau, je me sens sale. Il m'a insulté avant de partir, quelques mots et mon cœur saigne encore plus. Je n'arrive pas à encaisser le choc et même si je bouge, je reste tout de même tétanisée. J'ai peur qu'il revienne et qu'il remette le couvert mais je ne veux pas rester dans ce cas-là. Je croyais que je pouvais lui faire confiance mais je me suis bien trompée.

Je prends mon sac alors que les larmes dévalent encore mes joues. Je ne veux plus jamais le revoir et ne plus jamais me revoir non plus dans une glace. Mon cœur saigne et je me dégoûte. J'ai mal entre mes jambes maintenant. Les cicatrices que j'avais sur le corps dû à mes multiples mutilations que je m'étais faite jusqu'à maintenant, il avait l'air de s'en foutre royalement alors qu'il m'avait regardé comme si j'étais la chose la plus précieuse à ses yeux. Il suffit de montrer une seule seconde à une personne qu'on l'aime, qu'on est attaché à elle, cela lui donne l'opportunité de croire qu'elle peut faire ce qu'elle veut de vous et que vous seriez totalement pour.

Je prends la fuite parce que c'est la seule chose que j'ai trouvé pour me défouler et essayer d'oublier cette histoire ne serais-ce que quelques secondes. Je cours le plus que je veux pour m'enfuir de cette salle que j'avais aimé mais que je déteste à présent, comme je le déteste et comme je me déteste encore plus –je ne croyais même que cela était possible jusqu'à maintenant. Je ferme les yeux et les rouvre ensuite alors que je passe ma tête pour regarder dans le couloir s'il n'y a pas quelqu'un. Jamais je n'aurais cru perdre ma virginité de cette façon mais je n'ai pas eu vraiment le choix. Je prends une grande inspiration alors que les larmes dégoulinent encore sur mes joues et que je m'élance pour sortir de cette prison qui est devenu aussi un enfer. C'était déjà l'enfer avant et maintenant, il y a carrément les flammes qui me brûlent de l'intérieur.

Je cours à toute vitesse et je ne m'arrête surtout pas lorsque je croise quelques étudiants qui me regardent avec une incompréhension totale. Ils doivent sûrement se demander ce que je fais ici et ils sont sûrement en train de se dire que je suis toujours vivante tout compte fait. Ils ont du me croire morte et j'aurais vraiment préférer l'être que de m'être faite violée par celui que j'aime et qui a été mon sauveur. Mon cœur bat rapidement dans ma poitrine alors que mes pieds foulent le sol. Les lacrymales glissent encore et encore et je ne suis pas vraiment apte à les arrêter.

Je cours sans vraiment savoir où je me rends. Je cours sans savoir vers où parce que là maintenant, ce n'est pas du tout le plus important. Ce n'est même pas du tout le cadet de mes soucis. Je m'en contrefous d'arriver à un endroit où je ne devrais me trouver et de me faire tuer. Je m'en fous si je me fais écrasée par une voiture, battre à mort, violer une nouvelle fois. Je m'en fous de tout parce que la douleur que j'ai dans le cœur à prit le dessus et que je n'arrive pas à la faire chasser de mon esprit. Elle est omniprésente et me hante encore et encore alors que les gestes et les mots de toutes les personnes qui m'ont fait du mal ou toutes ces paroles ou actes blessants auquel j'ai eu le droit durant des années venant de personnes que j'aime comme je n'aime pas. Mon cœur saigne depuis tellement d'années mais personne n'avait été présent pour calmer l'hémorragie qui l'habitait.

Suis-je destinée à vivre comme ça ? Suis-je destinée à continuer de vivre ainsi ? Suis-je destinée à finir ma vie comme ça ? Suis-je destinée à ne jamais connaître autre chose que la douleur ? Suis-je destinée à ne jamais pouvoir être véritablement heureuse ? Suis-je destinée à ne jamais pouvoir me sentir bien sans que tout ne déraper dans les secondes qui suivent ? Suis-je destinée à ne jamais avoir de chance ? Suis-je destinée à ne jamais réussir dans ma vie ? Suis-je destinée à m'accrocher éternellement à l'écriture pour me sentir vide et me libérer quelques secondes de ce lord fardeau que je transporte ? Suis-je destinée à ne jamais rien réussir ? Suis-je destinée à toujours être exclue, rejetée ? Suis-je destinée à me faire taper tout le temps ? Suis-je destinée à ne jamais pouvoir sourire pour de vrai ? Suis-je destinée à ne jamais avoir de chance en amour ?

Je suis destinée à tout cela, j'en suis sûre. Je m'arrête de courir alors que cette fatalité me frappe en plein visage comme le vent et la pluie dont je ne me souviens même plus quand elle a commencé à tomber quand je courais. Je suis destinée à souffrir, à avoir mal et je ne peux pas contourner cela no tordre le cou à mon avenir. Je suis née là où il ne fallait. J'ai subis sans le vouloir et je ne peux pas changer le cours des choses parce que ça a été écrit ainsi. Ça a été écrit au stylo à bille et je n'ai rien pour cacher cela et réécrire au-dessus. Je n'ai rien pour cacher et si j'ose barrer grossièrement et raturer le tout, ma vie deviendra encore plus bordélique.

Je suis destinée à cette vie que je n'ai pas décidé, que je n'ai pas choisie.

« La vie n'est pas belle mais elle mérite tout de même d'être vécue à fond, parce que la vie est un cadeau qui n'est pas donné à tout le monde. »



Mise à partWhere stories live. Discover now