Chapitre 11

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« Laisses-moi tranquille s'il te plaît. »

Je soupire alors que je relis le message qu'elle m'a envoyé et le message que je lui ais envoyé ensuite. Je comprends tout à fait le fait qu'elle ne réponde plus. J'ai demandé en quelque sorte qu'elle me laisse tranquille alors elle ne fait que accepter ma demande mais je ne sais pas, quelque chose me pose encore un problème. J'ai peur qu'elle ait fait une connerie par ma faute. Elle avait dit qu'elle était bourrée alors elle peut très bien avoir fait n'importe quoi suite à mes mots. Si elle a fait une connerie -même si je ne la connais même pas- je m'en voudrais. Je ne veux absolument pas qu'une personne meurt par ma faute. Ce serait la goutte de trop dans ma vie avant que je ne fasse une trop grosse connerie de mon côté. Je tape sur le clavier pour lui écrire un nouveau message, en espérant qu'elle n'a pas agit « stupidement » avant.

« Euphorie_Noire : Je suis désolée pour les mots que je t'ais dis. Tu es vraiment bourrée ?

Tragédie-sanglotée : Oui, je le suis vraiment. Pourquoi tu t'excuses, tu n'as rien dis.

Euphorie_Noire : Si, justement. Je n'aurais pas du te dire de me laisser tranquille. Ca fait quoi d'être saoule ?

Tragédie-sanglotée : Ca fait du bien. On ne ressent plus aucune mauvaise émotion. On se sent juste vivre et être de plus en plus stupide. Ca soulage et ça change l'esprit. Je ne me sens plus pathétique et je sais que peu importe quelle connerie je ferais, l'emprise de l'alcool sera mon excuse mais aussi mon remède. Quand on est bourrée, on s'en fout de tout, plus rien n'a d'emprise sur nous et on respire comme on veut.

Euphorie_Noire : Tu es où que je te rejoigne pourrir nos corps ?

Tragédie-sanglotée : Loin de toi pour ne pas te détruire encore plus que tu ne l'es déjà. »

J'écarquille les yeux, intriguée par sa réponse dès plus étonnante. Je commençais à avoir sa confiance mais elle s'est renfermée sur elle-même ; dans sa coquille, dans sa bulle. Elle et moi -je ne sais même pas comment elle se prénomme- nous nous ressemblons d'une certaine façon. La vie nous a détruits et continue de nous cracher dessus. C'est juste qu'elle se pourrit le corps alors que je pourris mon esprit. Elle se soulage dans l'alcool alors que je soulage dans le sang et le vomi. Je regarde l'heure, voyant que cela fait au moins 2 heures que j'ai mangé. Je me lève et va jusque dans la salle d'eau. Je prends ma brosse à dent, ferme le verrou de la porte et me positionne devant les toilettes.

J'apporte le bout de l'objet dans ma bouche -du côté où il n'y a pas les poils- et va le plus profondément possible dans ma gorge. Une remontée acide vient dans ma gorge, je retire rapidement la brosse à dent de ma bouche pour ne pas m'étranglée avec et vomis toutes mes trippes -c'est-à-dire le peu de lasagne que j'ai pu ingurgiter ainsi que la pomme que j'ai mangé à midi- dans la cuvette. Je croise les doigts pour que l'on ne m'ait pas entendue et réitère l'opération encore une fois pour ne plus rien à voir dans l'estomac. Je retourne ensuite à mon ordinateur, tirant la chasse et remettant l'objet à sa place initiale après m'être brosser les dents. Le goût de menthe mélangé avec l'acide que j'ai dans la bouche est dégueulasse et je pleure par manque d'air mais aussi à cause de ce goût infect que j'ai dans la bouche mais auquel je ne me suis pas encore habituée. Je me repositionne devant mon clavier et relis son dernier message. Je ferme les yeux et inspire un grand coup pour ne pas pleurer et glisse mes doigts sur les touches du clavier à une vitesse hallucinante.

« Si je te dis que j'ai besoin de toi, pour soulager mes peines, tu oseras t'approcher de moi ? »

Je me sens conne d'avoir poser la question mais c'était nécessaire. Je ne me voyais pas répondre autrement. Il fallait que je lui demande cela, au moins. Elle méritait quand même que l'on fasse attention à elle ; de ne pas la laisser mourir à petit feu toute seule.

« L'anorexie est une forme de suicide et révolte. »



Mise à partWhere stories live. Discover now