Chapitre 6

268 31 19
                                    

Je sors mes cahiers de mon sac pour enfin trouver mon journal de classe et l'ouvre ensuite à une page au hasard. Je tourne quelques-unes d'entres elles pour tomber enfin la page de cette semaine. Je regarde ce que j'ai à faire pour demain et le peu d'espérance qui restait en moi s'envole immédiatement. J'ai au moins deux interrogations. Surtout que ce sont dans des matières que je n'aime pas particulièrement, même c'est tout le contraire. Je passe ma main dans mes cheveux moins trempés que tout à l'heure, je dirais plutôt qu'ils sont mouillés ou humides à présent. Mais ils ont toujours cet air épais et dégueulasse. Je soupire en levant les yeux au ciel. De plus, j'ai au moins deux autres devoirs. Je lance mon journal de classe sur mon lit défait. Je le regarde de haut mais, tout ce que j'ai écris à faire pour demain ne s'efface malheureusement pas.

Je prends les deux devoirs, l'un sur mon genou droit et l'autre sur le gauche. Je me mets au travail parce que plus vite je m'y mettrais, plus vite se sera finit. Enfin, je crois. Je les termine assez rapidement, quand je veux en finir rapidement avec quelque chose ; je peux le faire vraiment rapidement quand mes neurones m'accompagnent dans cette démarche. Je prends mes deux cahiers, et fais de même pour les deux interrogations que j'ai demain. Je lis une fois le sujet qui est sur ma jambe gauche et enchaîne directement avec celui qui se trouve sur la droite. Je répète ce geste plusieurs fois, lisant de plus en plus vite puisque je connais les sujets. Après environ un quart d'heures de lectures, je ferme les cahiers simultanément, les balançant derrière moi pour me lever.

Je regarde tout autour de moi, m'avance ensuite vers ma fenêtre et en ouvre les stores. Sur le trottoir en face de chez moi se trouve Arthur avec une adolescente. Moi qui me sentais déjà assez moche comme ça, maintenant c'est encore pire. Pour être honnête, cette jeune fille est carrément canon. Je crois que si j'étais lesbienne, je pourrais l'épouser directement mais le problème c'est que je ne sais même pas ce que je suis ni qui je suis. C'est le flou total dans ma tête et il n'y a rien ni personne pour m'aider à y voir clair. Je prends ma tête entre mes mains en soufflant un gros coup. Je décide de ne jeter qu'un dernier regard vers cette fille à qui la vie sourit contrairement à moi et à celui qui me persécute depuis quelques années déjà mais surtout depuis CA ; comme s'il était au courant de ce que j'essayais de cacher depuis presque un mois déjà.

Je me tourne pour regarder mon bureau où se trouve mon ordinateur portable qui m'attend patiemment. J'aimerais ne pas être tentée par cet outil technologique mais c'est presque si je n'ai pas l'impression qu'il me tend ces bras. Je prends place sur la chaise situé devant, j'étais allée jusque là sans m'en rendre. J'étais déjà sur la chaise et prête à ouvrir mon PC que je me suis rendue que je n'étais plus devant la fenêtre à tenter de résister à l'envie d'aller jusque là où je suis à présent. J'ouvre mon ordinateur portable et appuie sur le bouton pour l'allumer. La machine émet un son et de l'air chaud sort sur le côté droit alors qu'il se met en route, comme j'en avais envie. Il est devenu lent avec les années mais il fonctionne toujours et c'est ce qui compte le plus à mes yeux.

Je sélectionne l'onglet pour avoir internet et attend un peu avant de pouvoir entrer dans la barre de recherche ce que je cherche. Je tape rapidement sur le clavier « WordsWorld » et attend de nouveau que la page pointe le bout de son nez. Je tape mon pseudo -« Euphorie_Noire »- là où il faut et encode ensuite mon mot de passe qui est une suite de chiffre important pour moi et ensuite mes initiales. Mon compte s'ouvre ensuite et je regarde mes notifications et voit qu'il y a encore plus de personnes qui aiment ce que j'écris. Je viens sur ce site parce que c'est le seul sur lequel ils ne m'harcèlent pas et aussi parce qu'il y a des bonnes personnes. De plus, je partage mes écrits et je sais que je peux dire ce que je veux sans que l'on ne m'en empêche. Je vais dans mes messages privés pour voir quelques personnes qui me compliment sur mes écrits alors qu'ils ne savent même pas qui je suis en réalité. Le dernier message que j'ouvre, venant de quelqu'un dont je n'ai pas encore vu le pseudonyme sur le site. Je reste choqué sur ce qu'il me demande.

« Pourquoi être normal ? Qui es-tu vraiment ? »

Je reste quelques secondes bloqués, les doigts au dessus de mon clavier ; déjà prêt à répondre. Mais je ne sais pas ce que je peux répondre parce que cette personne, peu importe qui il ou elle est, me pose une sacrée colle. Je ne sais pas ce que je pourrais répondre et cela me met sur le cul au point que je me remets presque en question et en doute. J'ai presque envie de me déconnecter du site pour ne pas avoir à répondre, mais je dois le faire parce que cette personne, me demande quelque chose qui est dans mes cordes ; il faut juste que j'arrive à trouver les mots justes pour lui répondre. Mon cœur bat rapidement dans ma poitrine, les doigts toujours en position alors que pour la première fois de ma vie ; les mots ne me viennent pas comme ça, même ils ne me viennent pas tout court.

« Les mots ont le pouvoir de calmer les démons et d'exprimer ce que l'humain ne saurait dire par la parole. »



Mise à partWhere stories live. Discover now