Chapitre 65

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Je ne sais vraiment pas ce qui m'arrive. Je croyais que je n'allais plus être capable de pleurer après toutes les lacrymales que j'avais déjà versé depuis le début de la soirée. Mais je me suis encore gourée, trompée. Encore et encore. J'ai l'impression de ne faire que cela en se moment, me tromper sur tout et n'importe quoi, comme si mon cerveau avait perdu trop de neurones que pour fonctionner et réfléchir comme il se doit. Pourtant, cela fait déjà plusieurs jours que je suis réveillée, mon cerveau aurait du fonctionner comme auparavant puisque je n'ai aucun séquelle.

-Ca va aller..., me murmure mon frère, passant sa main dans mes cheveux et plaçant sa main fermement mais tendrement dans ma nuque.

Jeremy me sert contre lui alors que j'empoigne ces fringues dans mes mains, que je les serre très fortement et que les larmes dégoulinent encore sur mes joues et échouent sur son t-shirt mais cela n'a pas l'air de l'importer. Il s'en fout carrément, en faite. Je me sens tellement ridicule face à lui. Il pourrait me briser avec son petit doigt s'il le voulait. Je suis tellement faible et petite face à lui, je suis tellement fluette et maigrelette qu'il pourrait vraiment me briser. Il n'aurait même pas besoin de mettre toute sa force. Il n'aurait même pas besoin de s'échauffer. Il pourrait le faire là maintenant, me briser en deux et partir comme si de rien n'était, laissant mon corps inerte sur le pas de la porte de ma chambre.

-Je suis désolée, dis-je avec la voix souillée et encombrée par les larmes.

J'aimerais vraiment être plus forte. J'aimerais vraiment pouvoir crier au monde d'aller se faire foutre et de n'avoir besoin de personnes. Mais je ne suis pas comme ça. J'ai toujours eu besoin de quelqu'un, d'être dépendante de quelqu'un, de m'accrocher à une personne. J'ai besoin de me sentir importante, de me sentir vivante et de me sentir aimée par quelqu'un. J'en ai le besoin omniprésent. Je n'arrive vraiment pas à faire autrement. J'ai besoin d'être aimer, d'être apprécier, d'être importante aux de quelqu'un, d'être quelqu'un aux yeux d'une personne, d'être spéciale aux yeux d'autrui, de me sentir vivante à travers le regard d'une autre personne. J'ai besoin de tout cela, depuis toujours et maintenant, malgré la vie que j'ai menée, je ne pouvais pas faire autrement. J'avais besoin de cela, tellement, je ne pouvais pas faire autrement et c'est toujours les cas ; malheureusement.

-Ce n'est Rien Sophia. Tu as le droit de pleurer, cela ne fait pas de toi quelqu'un de faible. Si tu as besoin de pleurer, pleure et ne fais pas attention au reste. Mais j'aimerais juste savoir pourquoi tu pleures, chuchota-t-il dans le creux de mon oreille, doucement, pour me rassurer.

Je soupire et renifle presque simultanément dans ses bras. Il me serre toujours aussi fortement contre lui et j'ai presque l'impression de me sentir revivre. Je ne me sens pas mieux mais c'est juste que ça fait du bien de se sentir importante, spéciale, aimée et chérit par quelqu'un. J'ai l'impression que cela faisait une éternité que ce n'était pas arriver. Je n'exagère même pas dans mon impression.

-Papa, déclarais-je entre deux lacrymales et deux reniflements.

C'était vrai. Je pleurais pour mon père. Il me manque tellement. Mais, comme on dit, c'est toujours les meilleures personnes qui partent les premières. J'aimerais vraiment pouvoir le serrer dans mes bras comme je le fais maintenant avec mon frère aîné. J'aimerais pouvoir le revoir à nouveau, lui parler comme quand j'étais petite et lui dire tout ce que j'ai sur le cœur. J'ai tellement de poids sur le dos et je crois que c'est surtout parce qu'il n'est plus là que je ressens tout ce poids sur moi. S'il n'était pas mort, je ne serais jamais aussi mal. Je crois que je pourrais même dire que je serais heureuse. Même si ma vie était pas très belle du temps où il était encore en vie, j'étais heureuse malgré tout parce que mon père me rendait ainsi. Depuis qu'il n'est plus là, je suis contente, de bonne humeur mais sans plus. Je ne suis plus heureuse. Le bonheur m'a abandonné en même temps que la maladie a chopé mon père et me l'a enlevé. Mais ce n'est pas tout.

Je ne pleure pas que la mort de mon père, encore et encore. Ce n'est qu'une partie d'une grande vérité. Ce n'est que le fil d'une grande toile. Ce n'est que l'iceberg, au loin et dont on ne se doute pas tout ce qui est dans l'eau, tout ce qu'on ne voit pas encore. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration. Ce mot, « papa », cette personne qui me fait pleurer n'est que l'iceberg qui se profile à l'horizon. Ce n'est que le paysage mais aucun détail, aucun danger. La mort de mon père fait presque partit du décor, du contexte de mes lacrymales, de ma tristesse et de ma vie. Il me manque depuis trop longtemps que pour ne pas que je cherche désespérément un moyen de retourner la situation et de ne plus avoir mal. Mais il a laissé une place vide dans mon cœur que je ne pourrais jamais combler. Il est partit et m'a laissé vide, comme s'il avait tout prit avec lui pour me garder auprès de lui. Il ne voulait pas m'abandonner, me laisser seule mais c'était comme s'il m'avait volé au monde alors que la maladie me l'a volé à moi. Je me déteste et je déteste la maladie.

« La perte d'un être cher peut rendre fou, mais creuse surtout un manque profond dans le cœur. Il crée une place vide dans le cœur qui était précédemment chaleureusement occupée. Perdre quelqu'un creuse un trou béant l'âme, créer un vide dans le cœur. »



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