Chapitre 59

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Je ne me sens plus. Tout mon corps entier tremble et les larmes perlent à mes yeux pour dévaler ensuite mes joues à la chaîne. J'ai été verrouillée, tant bien que mal, la porte de ma chambre pour ne pas être déranger lors de ma crise d'angoisse, de panique et de détresse. Je n'aime pas sentir cette solitude, cette douleur, cet abandon. Je croyais que j'en étais débarrassée et maintenant, la voilà qu'elle est de retour cette pouffiasse. J'aimerais vraiment ne plus avoir affaire à elle mais quand je crois que j'aurais la paix, elle revient comme une tarée et me tacle.

Je me fous du monde entier à présent. Je me concentre sur moi-même pour me sentir bien et me reprendre en mains mais la vie, fourbe comme elle est, me donne l'espoir et l'illusion qu'elle ne fera rien mais bien au contraire, elle avait comploté dans mon dos pour m'enfoncer, comme maintenant, plus bas que terre. Je crois que je suis tellement mal que je deviens complètement paranoïaque. Comment la vie pourrait complotée contre moi si elle n'est même pas vivante et qu'elle est encore moins un humain ?

À moins qu'il y ait quelqu'un sur cette planète qu'il s'appelle « vie » ou qui a un prénom veut le dire. Et je me sens conne sur le coup parce qu'il y a bien des personnes qui s'appellent « vie » parce que c'est ce que veut dire leur prénom. Je me sens conne envers toutes les « Zoé » qui veulent dire « vie » en grecque. Je me sens terriblement conne.

Je secoue la tête de gauche à droite pour penser à autre chose que ma débilité gigantesque. Je me tape le front avec la paume de ma main gauche et repense, encore une fois, aux mots de Léa. Ils me torturent l'esprit, revenant en boucle avec toujours plus de puissance qu'avant, comme si cela était vraiment possible, comme si cela pouvait être encore plus douloureux, comme si cela pouvait encore prendre encore plus d'ampleur, comme si cela pouvait être plus conséquent, comme si cela pouvait être encore plus vrai, comme si cela pouvait être encore plus triste.

« Je crois que je devrais me retirer de la tienne. »

« Je crois que je devrais me retirer de la tienne. »

« Je crois que je devrais me retirer de la tienne. »

Ces mots résonnent encore et encore dans ma boîte crânienne, telle une mélodie macabre que l'on met à un enterrement ou un éloge funèbre. Les mots se répètent encore et encore au point que je m'arracherais bien la tête pour ne plus les entendre. Mon cœur bat beaucoup trop vite dans ma poitrine et ma respiration est sifflante. Ma coupe et mon visage ne ressemblent sûrement à rien ; ce qui ne change pas de d'habitude, en faite. Je passe ma main dans mes cheveux et je sens mes mains devenir de plus en plus moites. Je panique de me retrouver et de me sentir seule à nouveau parce que même si certains peuvent apprécier cela, personne n'aime vraiment cette sensation de solitude.

Je ne veux pas qu'elle m'abandonne. Je ne veux plus jamais sentir cette solitude logée dans le creux de ma poitrine. Je ne veux plus jamais sentir cette douleur dans le cœur et cette tristesse dans les tréfonds de mon âme. Je ne veux plus avoir l'impression de tomber dans les abysses comme maintenant et de ne pas pouvoir échapper à une mort et une solitude meurtrière certaine. Je ne veux pas me retrouver au point de départ après tout le chemin que j'ai gravis et parcourus. Je ne veux pas et je ne peux pas. Je ne le supporterais pas. Je n'aurais pas le courage de refaire tout ce bout de chemin encore une fois. Je n'en aurais pas la force non plus. Je crois que je préférerais encore mourir dans d'atroces souffrances que de devoir gravir à nouveau cette pente aride.

« Certaines personnes entrent dans votre vie et repartent plus vite qu'ils ne sont arrivés. »



Mise à partWhere stories live. Discover now