Chapitre 23

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Je passe ma main sur mon nez et remarque qu'il est légèrement mal placé. Le bout de mon nez est bien trop sur la gauche que pour être à sa place initiale. Je mets un pansement dessus en tachant de fixer la partie où il s'est fissuré, évitant qu'il saigne à nouveau. Je n'ai même pas faim ce soir alors tant pis, je ne mangerais pas et puis voilà. J'entends des bruits de fourchettes et de couteaux s'entrechoquant encore eux ou avec les plats et assiettes.

Ils sont allés manger et ne m'appelant même pour le repas. Je pousse un long soupire, posant mes mains sur le rebord du lavabo et baisse la tête. Mes cheveux entourent mon visage d'un peu partout, certains allants presque dans mes yeux. Je les place derrière mon oreille le plus possible mais certains sont trop courts ou n'en font qu'à leur tête ; comme toujours. Je relève ensuite assez le visage que pour en voir presque l'entièreté. Je suis vraiment affreuse à voir. Je me fais pitié à moi-même. Qu'est-ce que je peux être pathétique, putain, c'est juste abominable.

Je sors de la salle d'eau, évitant le plus possible de faire le moindre bruit. Je ne veux pas les déranger alors qu'ils sont tranquillement en train de manger ensemble et de rire –ce qu'ils ne font pas quand je suis là. J'ai vraiment l'impression d'être de trop dans cette famille et ils me donnent tous les moyens et toutes les preuves pour le croire au plus profond de mes trippes. Je me pose sur mon lit, laissant tomber le reste de mon corps sur mon matelas et ainsi, finir allongée. Je fixe mon plafond en fronçant les sourcils ce qui me provoque une douleur dans le nez. Il me manque. Ces trois mots font partis de mon quotidien alors qu'Il a rejoint le monde très peuplé des morts.

Je pousse un long soupire posant ma main gauche sur mon front, essayant de ne pas faire trop de mimiques au niveau de mon nez, de mes lèvres et de mes yeux pour ne pas avoir mal à mon nez qui est sûrement fracturé. Il faut dire qu'il ne s'est pas fait prié lorsqu'il a abattu son poing sur cette partie-là de mon visage. J'aimerais que ce cauchemar cesse pour de bon. Qu'est-ce que cela apporte à Jeremy et Lionel de me frapper de la sorte ? Je n'en sais foutrement rien et la curiosité est vraiment tellement tentante que je me retiens de ne pas foncer dans la cuisine pour leur poser la question en leur hurlant dessus. Mais comme le plus âgé est encore en train de décuver et que le plus jeune adore tabasser les gens au point qu'il a déjà eu des démêler avec la justice ; il vaudrait mieux que je ferme ma gueule si je ne veux pas finir dans le coma ou six pieds sous terre.

Pourquoi faut-il que j'ai une vie pareille ? C'était pourtant bien partit. Je vivais dans une famille clémente et aimable qui était bien vu de tous. Puis c'est partit en couilles. Je ne saurais dire exactement quand ça à commencer à ne plus être pareille puisque c'est venu progressivement mais aussi parce que j'étais trop jeune pour me souvenir de beaucoup de choses. J'apprenais seulement l'alphabet et à écrire. Je ne vois en pas en quoi j'aurais pu être responsable de quoi que se soit et comment j'aurais pu me souvenir de tous les événements qui sont entrés en jeu dans tout ce bordel familiale. Je n'y suis pour rien pourtant je subis plus qu'eux. J'étais trop jeune pour comprendre ce qui se tramait et comment la vie allait devenir totalement différente pour moi.

Mon cœur se serre dans ma poitrine alors que j'entends les pas d'un de mes frères –je crois que c'est Jeremy parce qu'il a le pas plus lourd que Lionel- dans le couloir. Il se rapproche de ma chambre et j'entends que l'on toque à ma porte. Je laisse un son sortir de ma bouche mais j'ai la gorge tellement nouée que je ne saurais prononcée un seul mot. Je suis totalement tétanisée et paralysée alors qu'il n'a même pas encore mit un seul pied dans ma chambre tellement que j'ai peur de lui à la base. Vais-je encore subir une correction. Je sens son poids se poser sur le lit mais je garde les yeux fermés, n'osant pas les rouvrir parce que je crains fort de me faire tabasser pour la troisième fois de la journée. La vie est tellement dure avec moi que je ne saurais dire pourquoi je suis encore là.

« Ne jamais baisser les bras parce qu'un rayon de lumière peut toujours filtrer à travers les nuages noirs et gorgés d'eau de pluie. »






Mise à partWhere stories live. Discover now