Chapitre 47

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Je bois une gorgée de mon chocolat chaud, le serrant dans mes mains alors que mon cellulaire est posé sur mes genoux. Léa m'a répondu mais je n'ose pas déverrouiller et lire son message. J'ai vraiment peur de ce qu'elle m'a répondu. Je souffle un petit coup sur mon breuvage que j'ai été cherché au café du coin. Je ne sais pas vraiment si j'ai bien fait mais au moins maintenant ; je suis réchauffée et je n'ai plus soif. Je serre le gobelet entre mes mains et prends une grande inspiration, je le dépose juste à ma droite, près de mon sac et prends mon téléphone entre mes doigts. Je le déverrouille, appuyant sur les touches pour faire mon code et arrivé directement sur la page de discussion que j'ai avec Léa.

« Tragédie-sanglotée : Ne pas avoir confiance en soi n'est pas si rare que cela. Mais si tu savais le nombre de personne qui font semblant, qui s'autodétruise, qui se mente à eux-mêmes et qui finissent par se suicider ou avoir recours à la chirurgie esthétique ; tu en tomberais des lunes. Sache surtout que tu n'es pas la seule alors n'en fais un secret ou tout un plan, c'est aussi courant qu'un rhume en hiver.

Euphorie_Noire : Je sais que je ne suis pas la seule mais c'est juste que je me vois mal le dire et le gueuler sur tous les toits. Léa, je me demande tout le temps, qui suis-je vraiment ?

Tragédie-sanglotée : Tu n'es pas la seule à te poser ce genre de questions. Je n'en ai pas la moindre idée pour moi-même, mais je veux bien t'aider à savoir qui tu es si tu ne finis pas par te suicider. »

Ces mots résonnent dans ma tête. Je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'elle vient d'écrire mes pensées les plus enfuies. Je me cherche depuis tellement d'années que je ne sais même plus où chercher. Elle arrive à mettre des mots sur mes maux, comme le faisait mon père. Cela me retourne le cœur parce que cela faisait un petit temps déjà que je n'avais pas pensé à lui. Il ne m'était pas sortit de la tête, juste qu'au lieu qu'il soit en avant-plan, il était dans un coin.

« Euphorie_Noire : J'ai envie de mourir et de me suicider depuis très longtemps. J'ai du faire au moins une trentaine de tentatives de suicide jusqu'à aujourd'hui. J'en ai même fais une hier soir, dans ma chambre alors que tout le monde s'en foutait de moi ; ce qui ne change pas de d'habitude. Mais je ne suis pas là pour me plaindre mais plutôt pour te dire que cette envie que j'ai de mourir et me suicider ne date pas d'hier et ne partira pas demain, à savoir si un jour elle partira vraiment parce que penser une fois à la mort, c'est y penser jusqu'à ce qu'elle est là. Je veux bien que tu m'aides, mais d'abord, promets-moi de ne jamais t'en aller. Je ne supporterais pas que tu me laisses tomber.

Tragédie-sanglotée : Tu ressembles à l'une de ses poupées en porcelaine si douce, si délicate, si belle mais qui sont brisés de l'intérieur et que si on laisse tomber –par terre pour les poupées, toi qu'on t'abandonne- elle se fracasse et il n'en restera plus que des débris et des morceaux que personne ne saura jamais recoller. Je veillerais sur toi, ne t'en fais pas, je t'en fais la promesse. »

À ce moment, je sais que je ne suis plus seule. J'ai quelqu'un avec moi, sur qui je peux compter. Je ne sais même plus pourquoi je n'ai pas essayé de lui demander de l'aide alors que je me tapais la tête contre le mur. Je bois une gorge de mon chocolat chaud et relis une nouvelle fois son dernier message avant de sourire. Puis je relis toute notre conversation depuis le début et je remarque une nette différence dans notre façon de parler et de communiquer. Nous ne sommes plus les étrangères que nous étions avant mais nous ne sommes pas non plus les meilleures amies du monde. Mais j'ai cette impression qu'elle connaît déjà tout de moi et que je connais tout d'elle ; c'est vraiment bizarre.

« Les personnes détruites sont toujours les plus vulnérables face à la douleur, tant qu'elles ne relèvent pas la tête pour la combattre pour de bon et ainsi, en ressortir plus forte. »


Mise à partWhere stories live. Discover now