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Eluard, tu dessines la courbe de mes yeux, de mes lèvres, de ma mâchoire d'un trait distrait de pinceau—doigt. Peinture au creux de la paume, tu badigeonnes ta couleur sur mon visage, un doré—jaune—bronze que je ne saurais réellement qualifier. Un sourire princier dessiné sur tes lèvres, mon Apollon préféré, tes cheveux bronzés décorent ton visage doré. Constellations sur le nez, tu flottes dans mes nuées.


J'ai un tournesol au creux de la poitrine, pétales gonflant comme les voiles d'un navire, vers l'extérieur, dépliant leurs bras jaunis par le pollen vers le soleil qui leur sourit. Tu possèdes le monde, tu le gouvernes, à l'aide de balivernes artistiques, de sourires mystiques et de rires acryliques.

Tu esquisses les vagues traits d'une tulipe sur mon front, tes sourcils froncés, ta langue dépliée entre tes dents, portrait de la concentration. Ton pouce glisse sur mon visage, baptême pittoresque.

Moments volés au gré d'esquisses d'art, peau contre peau, cachés dans ton atelier ( qui n'est en réalité qu'un placard près de ta chambre), sourires abimés, étudiants fatigués.

Je te suivrais jusqu'au bout du monde, dans ce genre d'instants. Je me sens prêt à vaincre un titan, à vendre corps et âme pour conserver ce bonheur olympien qui engorge mes inhibitions.


Tes lèvres se pressent contre les miennes. Ma monstruosité se mêle à ta divinité, et, l'espace d'un instant, je crois avoir le droit d'exister.

AchilleUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum