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Je crois que la chaleur nous définit. La chaleur et les mots. Les mots. Les non-dits, les dits, les à moitié dits, les mots-mâchés. Les mots. Leur courbure. Leur sensation presque sucrée, salée, amère, un peu fracassée. La chaleur et les mots. Pas l'été, pas le soleil. Le feu. La lave. Le chaos brûlant, presque infernal. Une chaleur étouffante, suffocante, celle de la passion effervescente. Une passion d'artiste.


Il fait chaud. Chaud à en crever. L'air est presque irrespirable. L'eau perle sur le mur, symbole du temps qui s'écoule, temps que je ne vois pas avancer. Il est lent, doux, cascade décadente, si lente qu'elle en est indécente. Son corps est plaqué contre le mur, chair brûlante sur les dalles frigides de la salle de bain. Je suis en flammes. Eruption volcanique. Volca-nique. Ses mains descendent le long des vallées sablonneuses de ma peau. Je tressaille, malgré la chaleur. Il a le pouvoir de me rendre fou, de me rendre complètement fou, de me tirailler, de me faire crever sur place, rien que sous son toucher.

" J'adore ton cul."

" T'es si fort avec les mots."

Sarcasme. Ton cinglant. Mots amers. Y'a de quoi me réchauffer le coeur. Ses mains sur mon corps, la sueur, l'indécence de mes pensées. L'eau bouillonnante de la douche, les volutes de vapeur qui s'élèvent autour de nous comme un présage de ce qu'il va se passer. Ses mains qui glissent entre mes cuisses, ses lèvres sur mon cou, sa bouche qui glisse sur ma mâchoire, ses dents qui mordillent le lobe de mon oreille, ses lèvres sur les miennes, le feu, le feu, le feu qui brûle doucement le long de chaque cellule de mon corps. Ses mains agrippent mes fesses, et je sens le feu qui agrippe ma gorge.

" Je t'aime" j'le scande comme une prière, une prière brûlante, une prière si passionnée qu'elle en transpire la sainteté

" Je t'aime" il murmure, contre mon oreille

Son corps est une offrande. Une offrande d'amour. Une offrande passionnée. Brûlante. Délicieuse. Alors je croque dedans. A pleine dents. Je mords son épaule. Je mords son cou. Je mords le lobe de son oreille. Et ses doigts jouent avec moi, ses mains jouent la symphonie de mon corps. La musique s'expie de ma bouche, de ma gorge, s'élève dans la vapeur de la salle de bain.

" Je t'aime" il répète, alors que j'me défais sous son toucher. Alors que mon âme gonfle comme un ballon. Alors que mon coeur prend la taille d'une montgolfière.

" Je t'aime" il répète, alors que les notes de mon désir forment une partition mélodieuse.

" Je t'aime aussi" je murmure, hors d'haleine

Je l'aime. Je l'aime si fort que j'pourrais crever tant c'est trop. Trop à concevoir. Trop d'informations pour mon cerveau minuscule. Je l'aime si fort que j'veux vivre. Que j'veux continuer de découvrir ce que mon histoire va devenir.

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant