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Le soleil est bleu nuit et ma gorge est serrée comme une anguille. Un essaim d'abeilles vibre dans mes poumons et menace de rompre ma chair. Je ne me sens pas bien. Une vague de mal-être me terrasse, moi qui me sentait si bien près de lui. Et j'ai peur— ça en est maladif. J'ai peur de lui dire, j'ai peur de lui demander de l'aider, puisque qui sait si cette goutte fera éclater le vase. C'est facile de me supporter quand je suis doux comme un abricot, mais quand je deviens rêche façon pêche soudain je suis acidulé.

J'ai peur. Je me morfonds dans un coin sombre de mon appartement avec la peine d'un nourrisson non nourri par son sein. J'm'enfuis dans un monde intérieur qui n'a rien de sécurisé mais qui me parait plus nuancé dans sa noirceur que celui qui m'entoure.

Je suis un monstre— je le sais. J'essaye de me justifier en me disant que je suis moins un monstre que l'autre— l'autre qui n'a jamais su accepter le fait que j'ai des émotions, l'autre qui n'a fait que me briser en boucle, encore, encore, comme s'il me baisait la vie. Je suis un monstre, à ma façon, ou du moins un mauvais augure. Je noircis l'image et je déteins sur les autres comme des feuilles de thé moisies.

Je suis un monstre, et je le sais, et je ne sais pas comment changer.





Je suis en boule dans mon canapé et je pleure puisque je sais qu'il ne viendra pas— comment peut-il deviner? Que j'ai besoin de lui? Moi qui ne veux pas le contacter, moi qui ne veux pas le noyer dans mon océan?

AchilleWhere stories live. Discover now