Il est revenu. Au bout de vingts jours chez un autre, chez son ex, vingts jours qui m'ont paru être les plus longs, les plus douloureux, les plus étranges de ma vie.

Appuyé contre le mur, ses mains sur mes hanches, dans le creux de mon dos, là où se séparent mes omoplates, sa bouche contre mon cou, ses lèvres sur ma mâchoire, ses dents effleurant ma peau, sa langue contre ma peau brûlante, ses lèvres contre les miennes, ses lèvres qui créent un feu, un incendie, qui m'enflamment, qui me détruisent et me reconstruisent. Je l'embrasse avec folie, avec passion, ses doigts se perdent dans mes cheveux, sa respiration se fait haletante, bruissante, rauque. Son genoux est entre mes jambes, il me tient contre le mur avec ses beaux bras dorés, je me sens fou, je me sens refait, je me sens à la fois entier et brisé, il m'embrasse avec ardeur, mon coeur s'apprête à exploser.

Puis il me défait dans notre lit.


On ouvre des bières, il me parle de Freddie, Freddie qui peinait à se réveiller, qui peinait à manger. Freddie qu'il a réussit à remettre sur pieds, Freddie qui risque d'obnubiler nos vies, pendant un moment encore.

" J'irais le voir régulièrement, pour être sur..."

Freddie qui dérègle tout.

Je lui parle de mon travail, sans parler de comment j'me suis rompu sans lui, comment j'ai peiné, moi aussi, à rester sur pieds. Je lui parle d'Hector. Du baiser. De ses doigts entre les miens. Je vois la jalousie effleurer ses traits. Mon corps finit sous le sien, ses lèvres contre les miennes, ses doigts entre les miens, puis sur mes hanches, agrippant mes cuisses. Il marque son territoire, laisse le dessin de ses lèvres sur mon cou. Je suis à lui, il ne me laisse pas une seule seconde pour en douter. Et je sais qu'il comprend, qu'il comprend ce baiser d'adieu. Il ne me hait pas, il ne m'engueule pas. Il m'effleure, m'embrasse, m'aime.

Il m'aime. Il m'aime. Tout va bien.

Notre relation se remet sur pieds, elle aussi. Je recommence à aller voir une psy. Il travaille. J'écris. Je travaille. On s'embrasse, on se tient la main. Décembre pointe son nez.

Il y a un an, je tombais amoureux d'un soleil, je tombais amoureux de Dionysos.

Maintenant, je suis dans les bras de celui qu'Hector tentait de me faire oublier.


Il fait froid dehors. Pourtant c'est là que je passe mes journées. Dans le froid. Le froid des allées du magasin, le froid de mon âme qui se givre, alors que j'écris dans la pénombre des réverbères, le froid des doigts verglacés de Thomas qui rentre de plus en plus tard du boulot. On travaille, tous les deux, à s'en faire péter le dos. On ne s'arrête pas, on se plonge dans un rythme qu'on ne peut pas tenir parce qu'on ne peut pas continuer comme ça, on ne peut pas continuer de se leurrer.

«  T'es où? Ça fait cinq fois que je t'appelle »

Je suis loin. Dans les airs. Je suis brisé et vidé de mon âme.

«  Je t'aime. »

«  Réponds moi, s'il te plaît. »

«  Je ne peux plus. »

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant