Sa peau laiteuse était crémeuse et douce. Maculée de tâches de cannelle, délicieusement enneigée, mes doigts brûlants l'effleuraient avec douceur. Il était tout ce que je n'étais pas: fort, puissant, les épaules larges, prêtes à porter le poids du monde. A côté de lui, j'étais minuscule, fragile, proche de la fissuration. Pourtant, son soleil aimait mon étoile désastreuse.

Il était ébène, obsidienne, rubis et or. Il était lys, marguerite, pâquerette et tournesol. Il était champs de fleurs, nuages rosés, pluie caramélisée. Il était monde ensoleillé, il était galaxie étoilée, il était bleu et or et bronze et antique amour. Il était saturne, venus, il était beauté intergalactique. Il était tant qu'il en devenait unquantifiable. Il était incroyablement lui, sans honte.

Je me sentais petit à ses côtés, je me sentais minuscule— mais je me sentais heureux, aussi, je me sentais magique, brillant, devenu héroïque à travers ses yeux argents.

Ce mirage de bonheur me remplissait de jaune et de rouge. Le jaune de la joie et le rouge sang de l'angoisse, monstrueuse, crochue, terrifiante. J'étais multicolore, terrifiant, horriblement moi.

Sa main effleurait ma joue avec la lenteur de la peur. Avait-il toujours peur de me briser?

" Je suis fragile à tes yeux?"

" Non. Tu es précieux."

" Précieux?"

" Si je m'écoutais je te garderais au creux de mes mains, et je t'observerais toute la journée avec adoration."

" Je ne mérite pas d'être adoré. Ou vénéré."

" Tu es un demi-dieu, Achille. Tu le mérites, au moins à moitié. A demi."

" Je suis à demi sang, à demi-vie, à demi détruit, à demi cendres."

" Tu es à demi-lumière, à demi-soleil, à demi-nuages, à demi-miel, à demi-myrtilles, à demi-cerises, à demi-amour. Tu es or, tu es bronze, tu es marbre, tu es art."

" Tu me voies en quelqu'un de bien plus beau que je ne suis."

" Ton opinion est teinté par ton mal-être."

" Mon opinion est..."

" Faux. Mensonges. Tu es incroyable, Achille, toujours incroyable."

" J'me sens si brisé, pourtant."

" Je t'aimerais jusqu'aux confins du monde."

" Est-ce-que ça changera que je suis fracassé?"

" Non, mais peut être que ça deviendra plus facile. Peut être que ce mal-être qui te ronge sera atténué par mon amour."

" C'est pas à toi de me réparer."

" Je ne veux pas te réparer. Juste t'aimer, mon coeur."

Ses lèvres étaient miel, ses yeux étaient brillants, ses cils bruns étaient caramel, ses cheveux étaient clémentine, il était délices, il était parfait, trop parfait pour mon petit coeur. J'étais trop minuscule pour ressentir l'amour astronomique que j'éprouvais en le regardant, je ne pouvais le rationaliser, je ne pouvais le faire diminuer. Un amour pareil, ça ne se réduisait pas, ça ne se minimisait pas, ça se ressentait, énorme, gigantesque, terrible, comme un tsunami dans une piscine municipale.

" Hector, ma clémentine d'amour, je t'aime."

Il était si innocent, petit chérubin, petit coeur cerisier, petit bouquet de lys, petit framboisier. Il était tout ce dont un poète rêvait, il était lui-même une promenade bucolique, un amalgame des senteurs colorées qu'aimaient tant les romantiques.

Il rit.

Nos lèvres se rencontrèrent avec une douceur presque enfantine. Ses mains se mêlèrent à mes cheveux, s'accrochant à moi comme à une bouée. Sa bouche avait le goût d'ambroisie. Je fermais les yeux, appréciant le bonheur liquide qui glissait dans ma gorge.

Je me laissais fondre en lui, doucement, tout doucement, jusqu'à ce que je devienne de l'or liquide dans ses veines.

AchilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant