Au dessus de nous se dessinaient des astres bouillants, blonds comme les blés, souriants. Il faisait frais, la fraîcheur de de début Mai, celle qui n'engourdit pas mai éveille. J'étais adossé contre le mur, briques enfoncées dans ma chair, sa main posée sur ma cuisse. Les lèvres entrouvertes, la fumée expiait mes péchés. La lune me regardait avec respect, et je tenais le soleil entre mes doigts atrophiés.

" Hector, tu penses que les étoiles nous admirent autant que nous les admirons, nous?"

Il sourit, un sourire étoilé et brillant et rayonnant.

" Je pense que l'univers nous aime de toute son âme dorée."

Sa main était toute l'assurance dont j'avais besoin. Quand le monde vibrait sous mes os creux, quand il tremblait, quand il se fissurait comme les coquilles jaunes d'œufs, quand il crachait du sang, de la lave et des roches brûlantes, quand il s'éventrait comme mon âme, elle me sauvait, doucement chaude, réconfortante comme le sucre du chocolat chaud, les flammes de l'âtre, les pages cornées de mon livre préféré, le chalet de ma grand-mère dans la neige poudreuse des Alpes, le ciel bleu d'après la tempête, le soleil jaune-œuf, rond-canard, miel-banane.

Ses lèvres étaient mon havre de paix, sa peau ma maison, ses yeux mon coeur, mon âme et mon être. Je voulais fondre en lui comme du chocolat au soleil.

" Je me demande si les étoiles savent que les poètes les aiment autant."

Les questions bêtes semblaient emplies de sens, les questionnements étranges devenaient philosophique. A ses côtés le monde devenait multiple, profond, symbolique, poétique. A ses côtés mon corps semblait prendre de la densité, prendre de la sonorité, devenir un instrument et pas un coquillage vide.

" Je suppose."

Je l'embrassai doucement, le cœur sur les lèvres, le rouge peint sur les joues, pourpre, or, bronze, écarlate.

" Si tu savais comme mes pensées n'ont aucun sens" murmurais-je contre sa bouche entrouverte, un rire entre les dents

" C'est ton côté génie."

AchilleWhere stories live. Discover now