Je suis une enflure, une enclume, un enfoiré. Je suis vie foirée, je suis un enculé, je mérite de crever. La neige tombe à flots dans un de la putain de tombe qu'est la ville. Paris tamisé, je suis tétanisé par le froid des limbes, des crevasses de merde dont émanent les âmes perdues d'Hades et ses Enfers de pourriture. Ordure baudelairienne, le moche, le laid, l'affreux ne s'embellit pas, il s'enlaidit, laissant pourrir les âpres vagues nauséabondes de vices et d'immondices.

Je suis crevé, je crève sous les montagnes de haine que j'éprouve pour moi-même et le monde immonde. Je ne suis pas un artiste, je ne suis pas un poète, ma haine du monde, ma dégoutante, répugnante haine de moi n'est pas transfigurée par mes mots, elle n'est pas or. Ma boue m'enlaidit , me rembrunit, me transforme en cadavérique héros antique, je suis un raté, je suis illettré, je deviens mort et flammes et enfers qu'on entame, gâteau interdit.


Il aurait dû me détester. Je suis l'idiot qui ne sait avancer, l'idiot qui ressasse le passé, qui s'y accroche, deux mains solidement accrochées sur la corde effilée de la vie repassée. Je suis mort-vivant, j'alterne entre terne et morbidement lent, je suis inintéressant, je mange du vide et je recrache de la merde comme une gouttière détruite. Je suis truie, je suis cochon, je suis porc qu'on délaisse dans des rues torchons, je suis mièvrerie, mauvaise baise au coin d'un quartier chic, je suis moi. Vomi de soi.

Il me déteste pas pourtant. Il ne sait pas haïr, il ne sait qu'aimer, ses mains-soleils me touchent comme si j'étais la neuvième merveille du monde et moi je me répugne, je suis immonde, je l'encourage dans son amour presque pathétiquement beau, nous sommes le contraste poétiquement con du laid et du beau, il est or je suis boue, je suis mort il est vie. Oxymores romantiques, amour diabétique.

Je passe mes nuits chez lui pour me cacher du froid sempiternel, et je continue de haïr le monde, sauf mon soleil.

AchilleWhere stories live. Discover now