Chapitre 4 : Raisonner pour gagner 3/4

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     Ce n'est pas facile de se repérer dans la nuit totale mais je distingue bien la grande roue, qui par sa blancheur, se démarque des autres bâtiments. Il faut juste qu'on soit très discret et qu'on fasse le tour sans être repéré. Notre vue se fait à cette noirceur obscure et quelques éléments commencent à nous apparaître au fur et à mesure qu'on est plongé dans la pénombre. Les petits bâtiments de bois assombris par le temps couvrent nos silhouettes. Aaron et Caren marchent dans mes pas dans un silence pesant. Je suis un peu tendue, j'ai peur de me faire tirer dessus et d'échouer. La douleur m'effraie, tous mes sens sont donc en effervescence pour éviter d'avoir une de ses balles dont Éric a vanté les effets. Seul le bruit du vent se fait entendre à cette heure-là, celui-ci est frais, gonflé d'humidité. Il s'infiltre entre les mailles de nos vêtements pour nous faire frémir. Nous sommes presque arrivés et j'entends les premiers tirs. Ça semble être vivace au cœur de l'assaut vu le bruit des nombreux coups de feu qui résonne. Les balles doivent siffler, leur son se cognent sûrement contre toutes les parois des bâtisses qu'ils rencontrent. J'accélère l'allure mais on entend quelqu'un qui marche au loin. Je mets le doigt sur la gâchette, je suis tellement attentive que ma peur s'est évanouit. Il n'y a que de la concentration en moi. Je fais corps avec mon arme puis me tient prête à tirer. Je vois l'ombre de la personne et me cache derrière un débris métallique de grande ampleur. Je me tourne vers Aaron et colle mon doigt sur mes lèvres en signifiant de ne plus faire un geste.

- On fait quoi ? Il ne faut pas qu'on se fasse repérer. Murmure-t-il accroupi.

- Je sais bien donc on va attendre. Ne bougez pas. Susurré-je en espérant ne pas être entendue.

Je rejoins Aaron et le colle de très près. On retient notre souffle comme si notre vie en dépendait.

- Putain, Quatre fait le guet à côté du drapeau... Souffle Aaron qui me donne une tape dans l'épaule pour attirer mon attention.

Je plisse les yeux pour regarder si Aaron dit vrai et je me raidis en trouvant la seule solution qui pourrait nous faire obtenir la victoire.

- On n'a pas le choix. Il faut lui tirer dessus. Décrété-je impassible.

- C'est notre instructeur, tu es folle ?

- Et alors ? C'est comme ça qu'on gagne.

- Bah tu lui tires dessus, je ne veux pas avoir à me reprocher d'avoir tiré sur la figure même de l'autorité.

- Ce n'est pas Éric, il ne va pas nous le faire payer lui. Mais, il n'y a pas de problèmes, je vais faire volontiers le sale boulot. Ironisé-je avec un sourire en coin.

En fait, ça m'embête de lui tirer une seringue. Mais je tiens à avoir une bonne place dans le classement donc mon choix est nécessaire à ma survie au sein de ma nouvelle faction. Je vais tirer à distance, je ne veux pas qu'il voit que c'est moi qui lui colle une balle dans le corps. Après tout, il le prendrai peut-être mal... Je me concentre sur son dos, mon doigt est prêt à appuyer sur la détente. Le coup part à une vitesse lumière, Quatre s'écroule dans un gémissement affreux. On se précipite vers le drapeau que Caren hésite longuement à brandir. Après un millième de seconde, elle se décide et s'en empare tout en le levant au-dessus de sa tête. Aaron hurle en prenant les deux extrémités du tissu jaune fluo pour l'étendre et alerter les autres groupes de la victoire. La plupart des personnes viennent nous donner une tape sur l'épaule ou nous féliciter. Aaron vient vers moi en arborant un grand sourire qui accentue ses fossettes.

- Bravo, tu ferais un bon leader toi.

- Merci mais je pense qu'un leader a d'autres qualités que je n'ai pas. Être stratégique n'est qu'un prérequis pour devenir leader et je n'ai guère d'autres facultés.

Divergente: La face cachée d'ÉricWhere stories live. Discover now