Chapitre 8 : Divergence synonyme de mort 1/4

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     Quand j'ouvre les yeux, Éric n'est pas là. La couette est soigneusement étalée sur le canapé lit et son oreiller parfaitement placé. Le calme règne, il est de plomb dans cet appartement scrupuleusement rangé. Je ne pensais pas qu'Éric pouvait être aussi maniaque. Tout est à sa place, tout est nettoyé et la poussière est totalement inexistante. Les baies vitrées sont propres, aucunes traces de doigts ni encore de saletés sont visibles.

Je me décide à sortir du lit pour commencer à me préparer. Je remets la couette puis la coince bien sous le matelas histoire de ne pas titiller l'esprit ordonné du leader qui m'héberge. Je me redresse pour contempler mon œuvre, je crois que c'est la première fois que je me donne autant de mal pour faire une tache aussi banale. J'observe le ciel parsemé de nuages et entrouvre une fenêtre pour aérer le logement. Sur la table de la cuisine, un papier est posé à côté d'un crayon à bille noir. Il y est inscrit qu'Éric a dû partir en réunion d'urgence cette nuit. Il exige que je ne ferme pas la porte d'entrée à clé en me souhaitant ensuite une bonne journée. Les clés sont posées sur une commode, je crois que je n'aurais même pas songé à verrouiller la porte s'il ne me l'avait pas écrit... Quelle bordélique je fais quelquefois. Difficile de croire que je suis née chez les Érudits...

N'empêche que je dois avoir le sommeil très lourd car je l'ai pas du tout entendu partir cette nuit. Je n'ai jamais aussi bien dormi que depuis que je suis chez les Audacieux. C'est tellement agréable de se sentir reposée et prête à affronter la journée. Dans ma faction d'origine, la peur que j'avais de mon père m'empêchait de dormir profondément. J'étais sans cesse sur mes gardes au cas où il décidait de s'acharner sur moi la nuit. Je passe mes mains sur mon visage et appuie sur mes yeux afin d'enlever ces souvenirs accablants de ma pensée.

Mes pieds nus foulent le béton glacé pour aller dans la salle de bain afin de prendre une douche. Je prends soin de tourner la clé dans la serrure même si Éric est absent. On ne sait jamais... J'enlève mon tee-shirt et retire le bandage placé sur mon abdomen. Ce n'est pas beau à voir, la peau est gonflée, les points de sutures me semblent trop serrés et ça me fait très mal. Je passe un peu de sérum physiologique puis tamponne la plaie avec une compresse. J'ai l'impression que quelque chose cloche, ce n'était pas si douloureux hier. À croire que la nuit a empiré mon état, cela m'étonne. J'ai eu quelques saignements car le pansement a des taches de sang. Je ne sais pas si c'est normal. La vascularisation fait que ça saigne un peu quand la blessure cicatrise. Ma peau est très chaude et rouge, je ne sais pas si c'est bon signe.

J'ouvre les robinets et fais couler l'eau de la douche sur mon corps. La sensation de brûlure est intense, c'est à hurler, comme si on me marquait au fer rouge. Je règle l'eau pour qu'elle soit froide dans le but d'apaiser l'inflammation. J'ai du mal à encaisser la douleur. Je préfère les coups que mon père me donnait car c'était amplement supportable. Là, non seulement c'est répugnant, mais ce mal est assourdissant ce qui me persuade que je ne suis pas prête à me débarrasser de ça. La guérison sera longue.

Après m'être lavé, j'essaie de passer délicatement une serviette sur mon ventre. Je désinfecte une fois de plus et pousse un geignement aigu à cause de l'élancement brûlant que produit cette lésion. Je refais mon bandage en étouffant mes gémissements puis en tapant le rebord du lavabo en soufflant bruyamment. Je m'habille et m'attache les cheveux en quatrième vitesse puis avale un calmant avec un peu d'eau. Abruti par tant de maux, je n'ai même pas entendu Éric rentrer. Je fais un bond de cinq mètres quand je l'aperçois dans la cuisine. Il boit son café et me regarde en fronçant les sourcils.

- Je t'ai entendu hein... Je sais que tu as mal.

- Ne t'inquiètes pas. Ça va passer, la vascularisation n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Les points me tirent la peau mais ça ira mieux dans une semaine.

Divergente: La face cachée d'ÉricWhere stories live. Discover now