Chapitre XII : Sa mort, un effondrement

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Point de vue d'Éric :

Laur' est en face de moi, des Audacieux ralliés aux Érudits lui tiennent les bras avec force. Ils l'agenouillent et son regard est emplis de peur. Elle m'implore mais je ne bouge pas, je suis statique devant cette scène totalement macabre. L'un des Audacieux colle l'arme qu'il détient sur la tempe de Laur', il appuie presque immédiatement sur la détente et le coup part. Du sang a giclé sur le sol et la couleur rouge commence à envahir l'espace jusqu'à venir à mes pieds. Le corps inerte de Laur' ne cesse de déverser ce liquide rouge voir noir, et mes chevilles sont maintenant mouillées. Je panique, mais je ne parviens pas à bouger car mes jambes sont d'une lourdeur irréel, ce qui m'empêche de pouvoir prendre Laur' dans mes bras et de fuir cet endroit effrayant. Le niveau du sang augmente d'un coup et j'en ai maintenant jusqu'aux hanches. Je vais me noyer dans le sang de Laur', ceci est abrutissant mais je me sens emprisonné et je ne peux pas bouger. Soudain, quelqu'un cogne à la porte, le son résonne jusqu'à mes oreilles. Je me redresse, en sueur et essoufflé par ce cauchemar d'une réalité plus que perturbante. Je sors du lit mécaniquement, traverse le petit couloir et ouvre la porte en la déverrouillant avant.

- Excuse-moi de te déranger si tard Éric, mais nous avons besoin de toi pour du repérage avec une patrouille armée. Nous avons des raisons de penser que les insurgés sont dans le secteur Sincère. Nous t'attendons à la Ruche dans une heure et pense à t'habiller plus chaudement s'il te plaît.

Max m'a dis ça sur un ton ferme et a tourné les talons sans me dire quelque chose de plus. Je n'arrive pas à le supporter en ce moment car il se croit le meilleur, le tout puissant, celui qui a sauvé la ville car aucun des Audacieux auraient pris une initiative pareille à celle-là. C'est clair qu'exterminer les Altruistes n'est pas une idée que tout le monde a... À part les gens assoiffés de pouvoir bien évidemment... Je referme la porte et comprend la réflexion de Max par rapport à ma tenue vestimentaire, je suis seulement en boxer... Je tourne la clé dans la serrure et regarde les petites tâches de lumières à travers les baies vitrées. Ce sont des veilleuses placées dans les appartements, au cas où il y aurait une urgence. Ma mère a appuyé sur l'une de ses veilleuses un jour, car je m'étais ouvert le crâne et le sang ne cessait de couler sur le parquet de ma chambre. C'est un mauvais souvenir mais c'est sans doute la première fois que j'ai eu à faire à une douleur si intense. Laur' n'est pas dans le salon, elle est dans la chambre de Béatrice qui dort profondément sur le ventre de Laur'. Je décide de prendre la petite tout en faisant extrêmement attention à ne pas la réveiller. Je place mes mains sous son ventre et la soulève pour la placer dans son lit à barreaux. Je la met sur le côté et la couvre de sa petite couverture bleue ciel que chacun des bébés Érudits ont. Je positionne sa petite peluche à côté d'elle et caresse ses cheveux d'une finesse infini. L'innocence inscrite sur son visage d'ange font d'elle une perle de douceur et une lueur d'espoir dans cette ville qui se déchire. Je me tourne vers Laur' et la prend dans mes bras en tentant de ne pas la réveiller mais ce n'est pas chose facile. Je la dépose délicatement sur le matelas du lit et retire son pantalon, son tee-shirt ainsi que son soutien-gorge pour lui enfiler une tunique bleue, qui appartenait sûrement à sa mère. Le tissu épouse les courbes de Laur' et cela me rend dingue, car je sais pertinemment que rien ne sera pareil et que je risque de perdre à jamais son amour ainsi que le droit de pouvoir la bercer, la chérir, l'embrasser, la caresser, et même l'aimer... Je la borde et l'embrasse rapidement car les hurlements de Béatrice commence à retentir dans tous l'appartement et cela me fait un peu peur. Je presse le pas jusqu'à sa chambre et la trouve debout, dans son lit. Des larmes dévalent ses joues, ses yeux sont rouges et elle agite sa peluche bleue. Je la prend dans mes bras et la berce pour essayer de la calmer même si je sais que seul un biberon réussira à la tranquilliser. Depuis la mort de sa mère, elle réclame plus d'attention comme si elle ressentait le manque de sa mère comme une personne adulte. Je vais dans la cuisine pour lui préparer un biberon de lait afin qu'elle se rendorme tranquillement. Je m'assois sur le fauteuil face à la baie vitrée pour admirer le ciel. Béatrice tète avec entrain tout en me caressant le visage avec ses petites mains potelées. J'observe ce petit être qui est le symbole même d'une parfaite pureté, puis je me dis qu'être père est sans doute la plus belle chose qui puisse m'arriver. Je n'avais jamais ressentis ce désir d'avoir un enfant avant aujourd'hui, cela m'effraie un peu... Je ne sais pas si je serai à la hauteur puis je ne sais pas ce qu'est être un bon père... Laur' a l'exemple de sa mère mais, moi, je n'ai rien. Je pose ma main sur le ventre de la petite et ressens l'air soulever son buste dans un rythme régulier et lent. Elle me regarde toujours en ayant sa main posée sur ma joue.

Divergente: La face cachée d'ÉricWhere stories live. Discover now