Chapitre 18 : La Clôture 4/4

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     Je fronce les sourcils en repensant à cette scène où mon bourreau de mère scelle mon destin à Jeanine Matthews. Je me souviens de la folie qui m'a pris quand j'ai su que mes parents étaient logés dans un bâtiment luxueux à la suite de mon Choix. J'ai pété un plomb quand j'ai appris qu'ils ne viendraient pas me voir à la journée des Visites. Je me suis senti trahis, roulé dans la farine. J'ai cru qu'ils avaient la capacité de m'aimer grâce à mes actes mais de vrais parents aiment leurs enfants pour ce qu'ils sont et pas pour ce qu'ils font. La personne qui m'a ouvert les yeux, c'est le frère aîné de la personne à côté de moi. C'est Jacob qui m'a aidé à y voir plus clair dans le jeu des gens qui m'ont donné la vie. Ma mère était maltraitante et mon père la suivait sans broncher comme un bon petit toutou. J'ai été si con de croire que leur amour dépendait de mon aptitude à devenir leader ou pas. Ma mère et sa perversité n'ont eu aucune limite. J'ai peu confiance en moi. J'ai du mal à créer des liens. Je suis quelqu'un de placide puis de colérique et c'est à cause d'elle. Aujourd'hui, je suis entre les griffes de Jeanine Matthews. Et si je tente d'y échapper, je risque de me faire tuer ou de faire éliminer mes proches. Condamné à obéir à cette garce qui resserre de plus en plus mes liens en menaçant de mettre en danger Laur' si elle n'a pas ce qu'elle veut. Heureusement que la famille Scott est venue égayer ma vie sinon ça ferait longtemps que mon corps aurait été repêché au fond du Gouffre.

- Éric ? Il est vraisemblablement l'heure. Tu viens ? M'interroge Laur', l'inquiétude agrafée sur son visage.

- Oui. Allons-y. Je n'avais pas prêté attention à l'heure.

- Est-ce que ça va ? Tu es resté silencieux et pensif tout l'après-midi.

- Ça va. On rentre, je conduis. Signalé-je de façon neutre en dévalant l'escalier.

Le trajet se passe relativement bien. Laur' s'est assoupi à côté de moi, sa respiration est profonde. Les Audacieux derrière moi discutent avec sérénité sans faire trop de bruits. Ils sont plus vieux, cela en fait des individus moins bruyants et plus dociles, puis surtout plus respectueux.

Nous arrivons au hangar et je me presse de garer le véhicule puis de fermer les grilles. Le train est visible au loin, c'est inadmissible de le louper. Laur' est encore ensommeillée mais s'élance avant moi pour grimper dans un wagon. Je m'accroche à une poignée fixée à la paroi métallique du train pour me hisser à l'intérieur. J'entends un râle étouffé de la jeune leader. Elle est violemment tombée sur son épaule lors de l'ascension dans notre moyen de transport. Elle va avoir un bel hématome demain... Je veux l'aider à se relever mais elle esquive ma main et soulève son corps pour se mettre debout seule. Elle ne souhaite pas paraître faible face au groupe d'Audacieux qui nous accompagne. Je recule d'un pas et range donc ma main le long de mon corps. Je comprends qu'elle ne désire pas se faire ridiculiser une fois de plus après sa chute. Elle tient son épaule et grimace de douleur. Les regards sont rivés sur elle puis le miens est plus appuyant que ceux des autres. Je crois qu'elle s'est vraiment fait quelque chose vu comment les traits de son visage sont tiraillés par le mal qui déferle sur elle.

- Regardez ailleurs. Ça ne vous arrive jamais de tomber ?! S'énerve-t-elle en s'éloignant d'eux.

Elle met tout le monde mal à l'aise, ils ont le regard fuyard puis partent à l'autre bout du wagon, nous laissant à l'écart.

- Ils pensent que tu t'es fait mal Laur'... Tu as vu la tête que tu tires ?

Le train arrive à l'enceinte Audacieuse. Nous sommes forcés de stopper notre discussion pour descendre. Elle affiche toujours une sale tête et la descente semble l'avoir encore plus ébranlé. Je l'observe endurer la douleur qui assaille son épaule. Mes sourcils se froncent, elle doit voir un médecin.

Divergente: La face cachée d'ÉricOù les histoires vivent. Découvrez maintenant