Divergente: La face cachée d'Éric

Chapitre 6 : Journée des Visites 2/4

POINT DE VUE LAUR'

     Ma mère me serre fort dans ses bras. Je prends une grande inspiration pour humer son odeur si rassurante. Elle n'a plus son ventre rond qui s'était immiscé entre elle et moi durant les derniers mois de mon existence à ses côtés. J'ai l'impression d'être morte lors de mon Choix et j'ai vécu une véritable renaissance grâce aux apprentissages des Audacieux. Je suis toujours Laur' mais avec une sérénité qui n'existait pas auparavant. Je n'arrive pas à retenir mes larmes, elles glissent le long de mes joues pour finir leur chemin sur l'épaule de ma mère.

- Laur'... Je suis là, je serais toujours là.

- Je ne voulais pas t'abandonner avec lui. Je suis tellement égoïste. Pardonne-moi maman.

- Ne dis pas ça chérie. C'est ton choix, c'est ta vie pas la mienne. Jamais je n'exigerai de ta part quelque chose qui profiterai qu'à ma propre personne. Souffle-t-elle en caressant mes cheveux.

J'aime tellement cette femme. La revoir est aussi bouleversant que bénéfique pour moi. Je reste collée à elle, et j'essaie de me concentrer sur sa respiration. Ses côtes se soulèvent dans un rythme calme et paisible. Mes frères se joignent à nous pour profiter de ce moment de rassemblement. La famille est enfin au complet et cela faisait bien longtemps que ça n'avait pas été le cas. Ethan ne m'avait pas pris dans ses bras depuis des années... Nous nous écartons tous les uns des autres pour aller occuper une table dans la cafétéria. Le sourire aux lèvres, je prends place à droite de ma mère et lui tiens la main tout en regardant son ventre plat.

- Maman ? Ça s'est bien passé l'accouchement ? Tu aurais normalement du accoucher dans deux semaines n'est-ce pas ?

- Je sais mais ça n'a pas été facile... Le jour de ton choix, j'ai commencé à avoir des complications. Je ne sentais plus Béatrice bouger, j'ai cru qu'elle était sans vie. Après plusieurs examens, les médecins ont décidé de m'aliter pour éviter que le bébé n'arrive trop tôt étant donné que je faisais une hypertension. Ils n'ont pas su me dire pourquoi elle ne gesticulait plus comme avant. J'avais une tension très haute et... J'ai... J'ai reçu un coup de la part de votre père... Ce qui a créé un décollement placentaire qui a nécessité une césarienne en urgence. Nous explique-t-elle chamboulée et toute tremblante.

Le silence devient pesant et je ne trouve pas les mots pour le briser. Je ne sais pas quoi dire sans me mettre à pleurer et sans crier ma haine envers ce monstre.

- Tu l'as dit au médecin que c'était sa faute ? Demande Jacob visiblement à deux doigts d'exploser de colère.

- Notre famille est beaucoup trop importante pour que je la fasse voler en éclat pour un coup en trop. Ne rien dire, c'est vous protéger des assauts de la presse et protéger aussi votre sœur d'une vie chaotique sans père. Vous savez bien que chez les Érudits, c'est le statut du père qui apporte une renommée.

- Tu devrais t'entendre parler maman... Tu te rends compte que tu condamnes, toi et Béatrice, à des châtiments corporels incessants. C'était ta chance de l'ouvrir, et tu ne l'as pas fait... Je ne te comprends pas... On s'en bat les couilles de la renommée. On s'en fiche d'être la risée de la presse... Tu aurais pu sauver ton cul et tu ne l'as pas fait. Je suis vert... Je ne te comprends pas... Je suis en colère contre toi, je suis à bout car tu aurais pu te sauver et surtout éviter des souffrances à ton dernier enfant.

Jacob est toujours autant impulsif quand il est frappé par la colère et j'ai même l'impression qu'il n'est pas encore arrivé au summum de cet état... Je pose ma main sur son bras histoire de le calmer un peu.

- Si tu n'es pas capable d'en finir avec cet abruti même quand l'occasion se présente à toi, tu ne t'en débarrasseras jamais. C'est pourquoi tu me verras obliger d'agir pour ton bien-être. Je le tuerai, je te le dis dans les yeux maman. Je vais le finir dès que j'en aurais l'occasion. Dit-il sur un ton déterminé et menaçant.