sᴏᴀʀɪɴɢ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

1 D

<< hey ! Regardez !!! >>

Je me retournai brusquement vers la voix. Sa voix. Il pointait le ciel de son doigt tendu. Je restai bloqué sur son profil. Trop séduisant, ses traits fins, divins.

J'étais un peu près certain que c'était un rapace, j'en avais l'habitude. Et la créature qui m'émerveillait à cet instant n'était pas la même que celle de mes camarades de marche.

Lorsqu'il avait les yeux levés vers le ciel, ils brillaient et ils étaient immenses. La tête en arrière, ses mèches glissaient de son front et son cou s'étirait gracieusement, relevant son menton parfait.

<< oh ! Y'en à deux ! >>

<< ce sont des aigles royaux !
On a de la chance. >>

Je levai enfin les yeux pour les apercevoir, deux petites taches noires au milieu du ciel bleu.

<< c'est magnifique. >>

C'était lui qui disait ça ? Il ne s'était pas vu, j'aurais voulu lui dire que c'était lui, qui était magnifique.

<< allez, on reprend la marche. >>

Certains commencèrent donc à marcher, et il se tourna vers moi pour avancer. Sa sœur était derrière lui et elle me lança un petit sourire que j'aperçus à peine, flou, derrière lui.

Je savais comment je le regardais. De grands yeux émerveillés, les lèvres découvrant légèrement mes dents, planté là en silence, les gestes arrêtés.

Il fallait être idiot pour ne pas voir que j'étais complètement obnubilé par son visage. Je le savais... Que j'étais, à cet instant, transparent, comme l'eau claire des montagnes.

Son regard à lui était dur,
impitoyable,
froid.

Il avait la froideur de la pierre.

Je frissonai soudainement, papillonant des yeux et resserrant ma main autour de mon bâton de marche. Puis je détournai les yeux pour me retourner et reprendre la marche. J'étais derrière, juste devant eux deux qui étaient toujours derniers.

Après plusieurs heures de randonné non-stop, on arriva enfin au sommet, sur un plateau herbeux en bordure d'un ravin. La vue était belle, on voyait à des kilomètres à la ronde et le soir qui tombait rendait l'atmosphère magique. C'était le golden hour du soir, le moment où les rayons du soleil devenaient dorés.

On posa nos tentes en rond puis on se rejoignit au milieu pour manger. Le guide avait déjà allumé sa plaque chauffante sur laquelle une casserole d'eau bouillait. Il semblait y avoir des nouilles devant. Je m'assis à côté de ce certain Jimin, asseyant de faire abstraction du fait que ce Taehyung s'était assis à côté de moi.

Sa présence avait la force d'un astre.

Heureusement pour moi, je réussis à ne pas le regarder, Jimin me lançant un sourire rayonnant, bouffant son visage et faisant disparaître ses yeux dans deux fentes adorables.

<< Jungkook ! Ça a été la montée ? >>

Je lui lançai également un sourire, sans découvrir mes dents, et joignis mes mains autour de mes genoux.

Moi : génial. Tu sais j'ai l'habitude, je galère pas trop. Et toi, ça a été ?

Jimin : ouaip ! J'ai eu du mal à la fin mais ça va, j'ai géré !

Moi : et t'as pris des photos ?

Je désignai son appareil encore pendu à son cou. Le mien était dans ma tente et je n'avais pris que quelques clichés sans importance.

Jimin : oui, y'en a des pas mal. Attends je te montre !

? : je peux regarder aussi ?

Je me retournai vivement vers lui, surpris qu'il m'ait parlé. Il avait le grand sourire rectangulaire du repas d'hier soir.

Et quand je posai mes yeux sur lui, à quelques centimètres de moi, il le perdit lentement, alternant entre deux points un peu plus bas que mes yeux.

Cet expression... Triste ?... Apeurée ?... En tout cas, ému. Il détourna les yeux, déglutissant difficilement sous mon regard ardent toujours posé lui sa personne. Il balaya le sol du regard alors que Jimin acquiesça vivement, nous sortant de cet instant étrange.

Il me passa l'appareil pour qu'eux deux puisse voir. Leur visage étaient proches du mien. Son visage était beaucoup trop proche du mien. Je n'arrivais pas à me concentrer sur les images.

Son odeur me hantait, embaumant tout mon air, sa respiration effleurait mes mains sur l'appareil photo, et quelque chose me frappa.

Elle était erratique.