sᴏᴀʀɪɴɢ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

7 C

Il était là-haut.

Pendant ces deux semaines, nous étions tous les deux là-haut, au sommet de ses monts où l'air était pur.

Et pourtant, en ce dimanche ensoleillé, chaque souffle qu'il prenait, c'était une torture pour lui, un supplice pour moi. Nous étions deux dans la peine et pourtant un seul souffrait.

C'était moi.

Lui, on avait l'impression qu'il peinait, mais pas qu'il souffrait. Il forçait sur ses jambes, les muscles fins de ses mollets se tendant, ses mèches s'humidifiant de sueur. Et il grimpait, toujours, continuellement avec le même rythme, le même effort, la même détermination.

C'est là que l'on se ressemblait. Nous aimions tous les deux nous dépasser, avancer encore et toujours vers l'horizon. Nous avions tous les deux ce même rêve d'enfant qui était de toucher les nuages.

Ce fut étrange ce qui se passa en moi ce jour là. Mes émotions faisaient comme un jeu de yo-yo, remplissant tantôt mon organisme de ce désir, tantôt d'un vide légèrement anxieux.

<< il n'y a plus d'eau ! >>

Je relevai mon visage vers Soohyeon qui fouillait dans le sac à dos de son frère. Il était complètement rouge, ses épaules se soulevant rapidement sous sa respiration.

<< Vous voulez ma bouteille ? >>

Ils se tournèrent vers moi et seule sa sœur fit un geste positif de la tête en guise de réponse. Lui se contenta d'essayer de reprendre son souffle, et mon regard suivit cette goutte de sueur qui s'accrocha à sa mâchoire aux formes adoucies.

<< Jungkook ? >>

Je revenais dans les yeux de Soohyeon, me réveillant en voyant son air d'attente. Je descendis mon sac de mes épaules et en sortis ma bouteille à moitié vide. À présent je la voyais à moitié pleine car Taehyung allait pouvoir boire ce qu'il en restait.

<< Tiens. >>

Elle l'attrapa en murmurant un remerciement puis l'ouvrit avant de la mettre dans la main gauche du châtain. Il la porta à ses lèvres, son poignet tremblant un peu.

Mais c'était son corps entier qui tremblait. Ce n'était pas nouveau, ça semblait presque habituel. Je me demandais soudainement s'il était droitier ou gaucher, car il semblait se débrouiller de la main gauche.

Il vida tout le récipient, moi le dévorant des yeux, esclave de ses gestes. Cet homme était un grand paradoxe. Un être si fragile, si triste, si détruit, si faible, si pur. Et pourtant à certains moments il me paraissait d'une force divine, d'une beauté sublime, quelque chose de puissant qui gravitait autour de lui.

Après cette courte pause, nous descendîmes les derniers kilomètres de la première semaine. Le soleil passait lentement derrière une des immenses montagnes, baignant la vallée dans une lumière dorée tamisée.

Je montais ma tente, tout le monde faisait de même à part le guide qui préparait le dîner. Mais je n'avais pas faim, pas du tout. Toutes mes pensées étaient encore une fois dirigées vers une seule et unique personne.

Taehyung.
Sors de ma tête.
Je t'en supplie.