sᴏᴀʀɪɴɢ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

7 D

Taehyung.
Sors de ma tête.
Je t'en supplie.

Je m'enfermai dans ma tente, allumant ma petite lampe pour voir plus clair. Je passais une main sur mes yeux, geste de lassitude qui témoignait de ma fatigue.

Oui, j'étais fatigué. Toutes ses émotions, toutes ses sensations qui venaient prendre possession de mon organisme me vidaient de toute mon énergie. Je me laissai tomber sur le dos dans un soupir de contentement, essayant de décontracter le plus possible tous mes muscles.

Je fermai les yeux, expirant doucement. J'esquissai un sourire en pensant à mes parents. Tiens, je n'y avais pas pensé de tout le voyage. Ça me faisait plaisir que Taehyung quitte mon esprit, paradoxalement.

Mais il revint,
Inexorablement.

<< Jungkook... >>

Je me figeai à l'entente de sa voix profonde. Cette voix que j'aimais tant. Je ne bougeais pas, me disant que si je ne bougeais pas il allait partir. Mais c'était mal le connaître je présume.

<< Jungkook ? >>

Je me relevai en tailleur, éteignant la lumière. Ainsi je pouvais voir sa silhouette se découpant contre la toile. Il me semblait assis sur ses talons, regardant ses mains jointes sur ses genoux.

Et il resta là, presque une minute dans la même position, relevant parfois la tête vers la toile à travers laquelle lui ne pouvait pas voir. Et il faisait froid, dehors.

<< J-Jungkook. >>

<< hw putain... >>

Oui, celui-là c'était un cri du cœur. Un cri sourd, presque muet, presque seulement esquissé par mes lèvres. Je devais faire un choix. Choix qui n'en était pas vraiment un. Je savais que je n'avais pas le choix, mon libre arbitre m'avait quitté depuis longtemps.

Je me penchai en avant pour venir ouvrir la fermeture, lui faisant brusquement relever la tête. J'attrapai son poignet, et le tirais à l'intérieur, découvrant ses cheveux bien coiffés, sa peau sèche.

Il devait avoir fait une toilette après cette journée de marche. Et en remarquant ça, l'odeur de son épiderme vint embaumer doucement mes sens, une senteur qui pourrait être presque écœurante de crème. Cette odeur que je rattachais malgré moi à l'odeur des bébés.

Il tripotait ses pieds joints devant lui, parcourant mes affaires des yeux. Après avoir refermé la tente, je vins me rallonger sur le dos, essayant de faire abstraction quelques secondes de Taehyung.

Je rouvris mes paupières en basculant ma tête sur le côté, captant son regard sur moi. Il le soutint un peu avant de regarder de nouveau ses pieds. Il toussota, sa frange tombant sur ses yeux.

<< je... Pourquoi t-tu es parti ce matin ? >>

Je décollai mes lippes, laissant ma lèvre inférieure pendre sous mon étonnement. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me pose cette question, et pourtant j'aurais dû. Je l'avais laissé seul, brisant un baiser sans ménagement.

Et je le sentais dans son ton, ce reproche timide. Il m'en voulait. Peut-être qu'il m'en voulait aussi car j'avais hésité à le laisser entrer dans ma toile de tente.

<< tu veux vraiment savoir ? >>

Et moi, je fis passer une mise en garde dans ses quelques paroles. Il releva le regard sans relever la tête, ses mèches surlignant ses pupilles. Son air était interrogateur, il semblait réfléchir en me fixant.

Il mordilla nerveusement sa lèvre inférieure, me laissant entrevoir le bout de ses dents blanches. Puis il fit oui de la tête, jouant toujours avec le bout de ses pieds.

Tous mes sens étaient brouillés, je n'arrivais plus à réfléchir. J'alternai entre ses deux yeux rapidement, le sondant sans retenue. Je ne savais pas comment lui dire, je n'arrivais pas à m'exprimer.

Son visage...
Son souffle...

Mon geste fut vif, rapide, peut-être même brutal. Sa tête heurta le sol, ses cheveux s'éparpillant sur le duvet. Extrêmement surpris, il écarquilla les yeux alors que je me rattrapai plus ou moins sur mes avants bras de chaque côté de son visage.

Sa respiration faisait à présent un bazar monstre et il me sembla apeuré, sonné, figé. Nos ventres étaient collés, et je sentais le sien bouger selon ses souffles erratiques. Je lâchai un soupir sourd, rauque, essayant de me raisonner. Et son regard perdu, les yeux ronds comme des billes fixes dans les miens, ne m'aidait pas du tout.

Tant pis.