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Mardi

Passer ma nuit
À penser à lui.

<< Oh. >>

Taehyung me regarda avec un air très interrogatif. J'étais tombé sur lui en me relevant après avoir fermer le zip de ma tente. Nous étions tout proches et il alternait entre mes yeux.

<< T'as pas dormi ? >>

Je baissai les yeux vers mon poing refermé sur la lanière de mon sac, me frottant les paupières avec ma main libre. Je devais sûrement avoir des cernes. Je me râclai la gorge avant de répondre, la voix extrêmement rauque.

<< non pas vraiment... J'ai trop pensé. >>

Je relevai la tête en entendant un léger rire tendre de sa part, découvrant son visage épanoui. C'était plaisant de le voir joyeux de si bon matin. Nos regards se croisaient avec une facilité déconcertante, nos yeux étant à la même hauteur.

Et je n'avais qu'une envie là maintenant, c'était de poser mes lippes sur les siennes. Ainsi je pourrais sentir leur douceur, leur goût, leur odeur, laisser se diffuser dans mon corps cette sensation euphorisante et délicatement puissante.

Et je crois que je dus un peu trop fixer cette partie là de son visage car lorsque je remontai dans ses yeux son expression avait changé. Et j'avais toujours la même difficulté à comprendre ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait.

Le seul marqueur incontrôlable,
Sa respiration devenant sonore.

Je n'arrivais pas à me détourner de ce regard, j'y était aimanté, aspiré. Une heure pouvait passer sans que je ne puisse en sortir, de ses deux orbes obscures et pleines, doucement circulaires, puissamment profondes.

<< Ce soir je dors avec toi ? >>

Et ce fut cette voix hors-norme qui me fit revenir un peu dans mon corps, reprenant conscience de ce qui existait autour de ses iris. Je secouai la tête en guise d'approbation, alternant entre ses deux yeux, essayant de m'en détacher.

Encore faudrait-il
Le vouloir vraiment.

Il sourit timidement et baissa la tête, laissant ses mèches cacher ses yeux, je fis cligner les miens, une petite sensation de frustration s'immisçant dans mes tripes. Je mis mon sac sur mes épaules, puis entrelaçai mes doigts aux siens, lentement, avec une douceur inégalable, vivant chaque mouvement de mes phalanges contre les siennes avec une attention tendre.

Puis je refermai ma main dans la sienne avec plus de confiance, souriant légèrement, avant de le mener vers le camp du petit déjeuner. Et cette fois-ci nous nous asseyâmes côte à côte, et à défaut de pouvoir perdre mon regard sur lui, mon esprit vagabondait dans les méandres de son odeur.

J'étais bien en cet instant. Je ne pensais à plus rien. Rien d'autre que cette plénitude apportée par son aura, par sa présence tout près de moi. Et comme par réponse immédiate à ces pensées, ce vide revint. Plus dévastateur que de coutume.

J'imaginais son absence.
Et c'était douloureux.

Mais j'étais conscient d'un détail, tout petit détail, futile, fébrile, et pourtant si glaçant, comme un grand paradoxe aussi apaisant qu'inquiétant ; c'était qu'il valait mieux devoir imaginer son absence...














































... que sa présence.

sᴏᴀʀɪɴɢ | ʲᵏ ˣ ᵗʰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant