๑ Sunflower ~ Hopekook ๑

68 • EST-CE DE MA FAUTE ? •

Une douleur lancinante le réveilla. À moitié sur le tapis de son salon, Jungkook porta une main sur son front, se relevant doucement, une moue tordant son visage en désordre. Il lança un coup d'œil au réveil qui était sur le meuble à côté de lui et laissa échapper un soupir en voyant qu'il était encore tôt. Dehors le soleil se levait. Frustré de ne pas avoir rempli sa jauge de sommeil, le noiraud se leva et regagna la salle de bain. Là, devant le miroir, il ne prit pas la peine de se regarder, et se contenta d'ouvrir le robinet pour noyer son visage et ses pensées qui l'avaient fait sortir de son maigre repos. Les deux mains sur le rebord du lavabo, il leva enfin ses yeux sur son reflet. Il y vit un jeune homme abimé par la fatigue et la honte. Les yeux gonflés, il n'avait pas cessé de laisser les larmes couler toute la nuit dernière, jusqu'au moment où son corps avait enfin faibli et que son insomnie avait pris une pose.

Dans de faibles mouvements, il sortit de la salle de bain et rejoignit mollement sa chambre. Son lit lui parut soudain la solution à tous ses problèmes. Alors, mollement, il s'y effondra, laissant accompagner sa chute d'un grognement accablé. Le regard face à la fenêtre, il voyait déjà le ciel s'éclaircir et il imaginait facilement le châtain ranger des boites de céréales dans les rayons. Ils en avaient tellement rangé des boites comme celles-ci, qu'il les voyait presque en fermant les yeux. Tellement qu'il avait l'impression qu'il n'y avait que ça dans le magasin. Puis, son esprit dériva sur le châtain, comment se sentait-il lui ? Il venait d'y songer. Mais, il n'en avait pas la moindre idée. Plusieurs émotions lui passèrent par la tête, se placardant sur le visage imaginaire de Hoseok qu'il se représentait mentalement dans un des rayons. Soulagé. Triste. En colère. Il l'avait rarement vu en colère.

Rapidement, Jungkook sentit sa joue s'humidifier, il se redressa hâtivement, un bougonnement de rogne dans la bouche et essuya son chagrin. Une idée lui traversa l'esprit. Il ne prit pas la peine de réfléchir davantage et quitta son matelas pour aller s'habiller. Après deux bonnes minutes, il enfila son manteau et referma la porte de chez lui avant de dévaler les escaliers en vitesse. Il attrapa in-extremis le bus qui venait de fermer ses portes et le chauffeur le laissa entrer, un sourcil levé. Jungkook passa une main dans ses cheveux sous le regard troublé du conducteur. Le noiraud n'avait pas remarqué, mais il venait de plaquer une mèche de cheveux rebelle qui avait érigé une tour sur sa tête. Il baissa la tête pour remercier l'homme et alla s'assoir à sa place habituelle.

oOo

Cela faisait une bonne dizaine de minutes que le noiraud observait la supérette, avec, à l'intérieur, le châtain. Jungkook tiqua en le voyant prendre dans ses bras la rousse. Une moue effarée le traversa. Il souffla visiblement énervé et se leva, déterminé à faire un scandale. Mais pourtant, quelque choses le retenait. Il vit enfin le visage d'Hoseok, et ces illusions qui s'étaient construites dans sa tête venaient de s'effondrés pour certaine. Ses traits étaient fins, presque maigre, bien trop faibles. Sa peau sans couleurs lui avait fait perdre sa colère et, surtout, les yeux gonflés du châtain lui donnèrent d'horribles frissons au creux du dos. Une énorme culpabilité lui pesa alors sur les épaules. La gorge nouée, il souffla une énième fois, levant les yeux vers le bleu du ciel pour empêcher les perles salées de dévaler la pente de ses joues. Il s'apprêtait à quitter les lieux et à se rendre à sa fac qui devait déjà faire la liste d'appel sur laquelle il ne répondrait pas présent pour cette matinée, mais il resta derrière ce poteau, pensant aisément qu'il était caché du reste du monde. Il observait avec doute dans son regard, Hoseok quitter la supérette et partir en direction de chez lui. Jungkook ne savait plus quoi penser, ni faire.

- Pff, il va où merde... chuchota-t-il à voix haute.

Une envie irrépressible de le suivre le prit alors au plus profond de lui et, il ne put y résister. Ses pas ne lui répondaient déjà plus, et comme un petit robot, il avançait prudemment pour le suivre de loin. Il le savait, c'était mal, mais surtout, c'était plus fort que lui, il voulait savoir ce qu'il allait faire. Savoir si lui aussi lui avait menti et qu'il allait voir quelqu'un d'autres. Son cœur se pinça à cette pensée qui était venue brutalement mettre le bazar dans ses pensées. Il inspira profondément et se terra sous sa casquette. Le feu de piétons passa au rouge, mais le châtain eu le temps de passer. Il le regardait du coin de la rue en prendre une autre et se fondre dans les bâtiments. Un juron lui échappa à voix haute et fit se retourner les quelques passants qui étaient autours de lui.