Juillet - 6

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J'écarquille les yeux, ne comprenant pas tout de suite ce qui vient de se passer. Je m'arrête dans ma danse, ce qui fait presque s'inquiéter mon partenaire. Il se rapproche doucement de moi et me glisse à l'oreille :

- Tout va bien ? Pourquoi est-ce que tu t'arrêtes ?

- J'étais dans mes pensées, pardonne-moi. Je vais me reprendre, pas d'inquiétude.

Mes pieds recommencent à bouger en rythme, et Valentin retrouve son sourire. Moi, j'évite de croiser ses yeux pour ne pas replonger dans mon rêve. Nous rions, dansons et sourions pendant presque une heure, accompagnés de mes parents et de mon frère qui fait cavalier seul - sans pour autant nous lâcher du regard, Valentin et moi. Le ventre de mon ami nous rappelle qu'il est l'heure du goûter et nous nous installons tous ensemble dans la salle à manger, où ma mère nous amène des biscuits à l'anis - un vrai régal - avec du thé vert. Après ce petit repas que mon estomac apprécie à sa juste valeur, nous nous exilons dans ma chambre pour le reste de l'après-midi.

Valentin s'installe en tailleur sur le tapis, sans coussins - malgré le fait que je lui en ai proposé. Il se balance d'avant en arrière, et rit comme un gamin capable de s'amuser avec tout, même de rien. Pour faire cesser ce manège qui devient exaspérant au fil du temps, je lui propose un jeu de cartes. Il accepte avec un hochement de tête et je vais chercher mes cartes à jouer au salon. Lorsque je reviens, mon ami a le nez vers les murs de ma chambre et fronce les sourcils, ainsi que le nez, presque dégoûté. Intrigué par un tel comportement, je l'interroge.

- Que se passe-t-il ? Mes murs sont sales ? Fissurés ?

- Non, rien de tout ça, ton père a bien fait son travail. Non, je trouve simplement qu'ils sont fades. Du blanc et du gris, ça finit par faire déprimer, non ? Je ne te dis pas tout repeindre en rouge, mais de trouver une couleur qui te semble plus adaptée. Du bleu, ça t'irait bien.

- Pourquoi ? Pourquoi le bleu m'irait bien ?

- Parce que tu as toujours le nez vers le ciel. Dès que nous sommes à l'extérieur, ou même ici, dans ta propre maison, tu regardes le ciel. Je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais je ne te juge pas. On a tous des habitudes étranges. Moi je hurle, toi tu regardes le ciel. Enfin, tout ça pour te dire que si tu veux, et si tes parents acceptent, je peux t'aider à repeindre les murs de ta chambre. En plus, j'ai appris à peindre avec mon père, j'y ajouterais ma touche personnelle.

- Existe-t-il quelque chose que tu ne sais pas faire ? Tu cours très rapidement, tu sais faire du violon comme personne, tu sais peindre sans que compter que tu lis une langue étrangère à la nôtre sans aucun souci.

- Ha ha, rit-il, je ne suis pas parfait, tu sais. Quand j'étais petit, je rentrais tous les jours en courant de l'école jusqu'à ma maison. C'était complètement ridicule, mais au moins, j'ai acquis un souffle et une endurance qui ne m'ont jamais quitté. Pour le violon, c'était obligatoire à l'école où mes parents m'avaient inscrit. Au début, je ne supportais pas cet instrument, je ne pouvais même pas le voir en photo. En grandissant, j'ai appris à apprécier ses sonorités mélodieuses et j'ai continué à en jouer de temps en temps. La peinture... mon père est peintre, c'est lui qui m'a appris. C'est génétique, je crois. Et pour le français, tu veux qu'on parle de toi ? Le français, c'est ma deuxième langue, avec l'anglais. C'est comme si je m'étonnais que tu parles parfaitement japonais. Tu vois, je n'ai rien d'exceptionnel.

Pourtant, tout mon corps et même mon cœur me crient de lui dire que si, il est un être exceptionnel. Mais je me retiens, parce que cela pourrait être étrange et surinterprété par mon ami. Je me lève donc du sol - j'abandonne le coussin sous lequel j'étais assis - et me dirige vers la salle à manger, le blond sur les talons. Là, je trouve mes parents et mon frère en train de faire des messes basses en japonais, ce qui me fait lever un sourcil d'incompréhension.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now