Octobre - 4 /TW

2.3K 339 169
                                    

TW : Suicide, Mort, Sang, Cicatrices, Automutilation

Je m'endors jusqu'au repas. En apercevant l'étrange soupe au goût tout à fait discutable, je demande des explications à l'infirmière en charge de m'apporter les plateaux. En effet, de là où je me trouve, je vois parfaitement les tranches de bœuf en sauce et l'odeur plus ragoutante qui s'en dégage.

- Vous venez d'arriver. Tant que le docteur Arseneau ne nous a pas donné le feu vert, vous aurez des plat pouvant se manger très facilement, avec un seul couvert, débite-t-elle en ne lâchant pas mes poignets recouverts de bandages.

- Vous voulez dire que je n'aurais rien qui nécessite l'intervention d'un couteau ? Parce que je pourrais l'utiliser, me cacher dans la salle de bain et m'ouvrir les veines sous la douche ?

- Exactement. Vous n'êtes pas le premier et vous ne serez pas le dernier dans ce cas. N'essayez pas de me faire les yeux doux ou des promesses, je vous connais. Il ne faut pas vous croire.

- Vous ?

- Les TS.

J'allais demander ce que TS signifie, avant de très légèrement écarquiller les yeux et me reculer sur mon lit. Les Tentatives de Suicide. Les gens comme moi. Ceux qui voulaient mourir et qui ont été sauvés.

- Vous mettez tout le monde dans le même sac ? Pour vous, nous ne sommes que des psychopathes qui veulent absolument voir du sang, parce qu'on est fasciné par la mort et tout ce qui s'en suit ? Parce qu'on est complètement dingue ? Pitié, ne me dîtes pas que vous travaillez dans cette unité à longueur de journée. Je plains vos autres patients.

Elle s'en va sans répondre, vexée. Je le suis également, tentant de prendre goût à cette immonde mixture. Je dois également avaler des pilules - deux en tout - dont j'ignore les effets. Je n'ai pas confiance dans le personnel ; je les cache donc sous mon lit sans les prendre. J'éteins mon téléphone, le dépose sur la table de chevet et pose la tête sur l'oreiller, gigotant dans la chemise de l'hôpital. Je ne parviens pas immédiatement à dormir ; je pense donc, sans sujets spécifiques.

Ce tourbillon me coupe du sommeil pendant plus de trois heures. J'ai beau me tourner et me retourner, rien ne vient. J'essaie de ne pas me dire que finalement, cette journée ne fut pas la dernière de ma vie. Je ne sais pas quoi en penser.

***

- Le facteur vient de passer et il a quelque chose pour vous, Valentin. Tenez, je dépose le colis sur votre lit.

C'est ainsi que je me fais réveiller le lendemain matin. Il est un peu moins de huit heures et le docteur Arseneau vient d'entrer dans ma chambre, un gros sac orange dans les mains. Je fronce les sourcils, le reconnaissant immédiatement ; il s'agit de l'un des miens. Croyant à ce que je supposais impossible, je m'approche de l'objet avec une lueur curieuse dans les yeux.

- C'est Walter qui vous l'a apporté ? Il est rentré et il est passé à la maison pour me ramener mes affaires ? Vous avez dit que les visites commencent à quelles heures déjà ?

Je débite les questions tout en ouvrant les fermetures éclairs. Je perds mon semblant de sourire en trouvant une lettre déposée sur mes vêtements. Je reconnais immédiatement ces formes nobles des lettres ; c'est l'écriture d'Eliot. De nouvelles interrogations m'envahissant, je commence immédiatement à lire.

Valentin,

On m'a donné le sac que l'on a trouvé à côté de toi, à la cascade. Je ne voulais pas fouiller à l'intérieur, mais tes clefs de maison en sont sorties. J'ai appelé les services de renseignements pour connaître ton adresse - j'aurais sans doute dû le faire hier, mais je ne souhaitais pas perdre du temps inutilement. Je m'y suis rendu. Je m'excuse d'être ainsi entré dans ton intimité mais après ton récit sur tes parents, j'en ai conclu que tu devais y vivre seul - donc personne ne serait capable de t'apporter quelques affaires.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now