Ciel d'été [BxB]

Septembre - 6

(on ne dira rien sur mon heure de publication)

L'entraineur de Valentin est un homme très joyeux. Il ne cesse de sourire, à mesure que nous approchons de lui. Si Valentin est un énergumène, ce coach sportif est un véritable phénomène de foire.

- Voilà mon petit génie ! Tu te sens bien, t'es prêt pour l'entraînement ? Il faut que l'été de ta jeunesse éclate au grand jour !

Je manque de rire à cette expression, à laquelle je ne m'habituerais sans doute jamais.

- Justement, c'est pour ça qu'on est là, m'sieur. Vous vous souvenez de mon meilleur ami Eliot ? On fait le relais tous les deux, et moi, je pars sur le cent mètres.

- Je te fais confiance pour ramener des victoires, mon petit Valentin. Vous pouvez utiliser la piste numéro deux les jeunes. Et montrez-moi votre été de la jeunesse !

En riant de connivence, nous nous déplaçons vers le couloir estampillé d'un numéro deux sentant la peinture toute fraiche. J'ai revêtu ma tenue de sport réglementaire, ce qui n'est pas vraiment adéquate pour la course à pieds - surtout au niveau des chaussures. J'ai le droit au premier cours de base de la course à pieds avant de commencer.

- Le plus important, c'est la respiration. La respiration, c'est la clef de tout. Tu inspires une fois, tu expires deux fois. L'inspiration est longue, les expirations courtes. Il faut se concentrer sur ses poumons avant de se concentrer sur ses jambes. Parce que sans poumons, tes jambes, ce ne sont que deux cuisses de poulet pas cuites et un peu trop blanches à mon goût. Ensuite, le jeu de jambes. Comme tu cours pas un cent mètres, pas besoin de partir comme une fusée. Tu commences à ton rythme habituel, et après tu accélères de plus en plus en prenant sur tes réserves. Ça doit être crescendo, comme en musique. Parce qu'en demander trop à tes pauvres jambes te ferais avoir un vilain claquage et ça, crois-moi, c'est vraiment pas cool et ça fait super mal. Bon, je crois que t'es prêt. On s'échauffe pendant une dizaine de minutes et après, je regarde ce que tu es capable de me faire.

Je hoche la tête, ingurgitant comme une dinde de Noël de mon père, ses explications très précises. Il s'avère que lorsque l'on parle de course à pieds, Valentin se révèle être très compétent, sans doute plus que moi qui n'y connaît pas grand chose. C'est un réel plaisir d'écouter un cours donné par quelqu'un de passionné par sa matière.

Le chrono pendant autour de son cou, Valentin siffle le début de notre entraînement commun. Nous devons faire le maximum de tours de piste - je ne sais combien de mètres elle fait - dans un laps de temps donné - ici dix minutes. Il ne faut surtout pas que je force, cet exercice est fait pour me préparer à la suite.

Alors que je suis à cent mètres de la ligne d'arrivée, je reçois une balle de football en pleine tête. Elle a dû être lancée à une vitesse impressionnante et elle me laissera sans doute une jolie bosse sur le sommet de mon crâne. Cela a pour effet de me stopper dans ma course, pourtant bien entamée. Je me retourne vers les terrains du centre, où les membres des autres clubs de sport s'affairent pour chercher l'auteur de cette frappe. Et c'est une auteure qui se rapproche à toutes jambes vers moi, les cheveux s'échappant de queue de cheval. Et ceux-ci sont entièrement roses pâles, ce qui m'indique immédiatement qui est la lanceuse de cette balle meurtrière de mes neurones. Il n'y a qu'une seule fille dans tout le lycée qui se teigne ainsi les cheveux.

- Tu vas bien ? Je suis vraiment désolée, je n'ai pas mesuré ma force en frappant la balle, et je n'avais pas prévu qu'elle dévie autant.

Daisy éclate de rire en rattrapant sa balle et s'en retourne vers ses coéquipières, qui la siffle légèrement. Il est vrai que je suis populaire parmi la gente féminine, à mon plus grand désarroi. Me retournant pour je ne sais quelle raison, j'aperçois Valentin approcher. Je lui explique la raison de mon arrêt et il m'offre un sourire lumineux, ainsi qu'un petit rire parfaitement adorable.