Octobre - 5 / TW

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TW : Suicide et Automutilation


(psst, c'est super long mais ce sera le seul du week-end)


Ma journée se résume à deux grandes séance de discussion avec le docteur Arseneau : une le matin, une en fin d'après-midi - j'ai ainsi dit à Eliot de passer à dix-huit heures, lorsque j'en aurais terminé. Pendant l'après-midi, je peux aller m'inscrire à des sortes d'activités. Je ne suis pas encore sorti de ma chambre, osant à peine croiser les autres résidents de l'unité. Je sais qu'elle n'est pas spécialisée dans la pédiatrie et je crois avoir peur de ne croiser personne de mon âge.

C'est le français qui me fait sortir de ma pièce. Alors j'étais plongé dans un des poème de Lamartine, je perçois quelques intonations bien connues dans le couloir. Me focalisant bien sur les mots, j'écarquille les yeux, avant de sortir en trombe, sans chaussures. Je tombe littéralement sur un autre garçon aux cheveux presque blancs et aux yeux bleus très foncés. L'aidant à se relever, je l'apostrophe immédiatement.

- Dis, tu parles français ?

Il se transforme en poisson sous mes yeux. J'ai presque l'impression qu'il pourrait me sauter dans les bras dans la seconde qui suit.

- Oui. C'est toi Valentin ?

Je lève les sourcils. Comment connaît-il mon prénom ?

- Oui, c'est moi. Mais comment tu sais comment je m'appelle ?

- C'est le docteur Arseneau qui m'a parlé de toi. Tu es de ceux qui sont en chaussettes et qui se promènent dans l'hôpital. Tu as de la chance. Moi aussi, j'aimerais bien me promener en chaussettes. C'est plus confortable que des chaussures.

J'ai envie de rire. Il est drôle, ce mec, avec son histoire de chaussettes. Un peu hors de propos, mais très sympathique. Ma peur précédente est en train de totalement disparaître.

- Et toi ? C'est quoi ton nom ? lui demandé-je, nous guidant vers les sièges de la salle de repos.

- Hyacinthe. On m'a dit que c'était grec. Moi, je suis français, pas comme mon prénom.

- J'aime beaucoup. C'est original.

Et nous continuons à discuter ainsi, de tout et de rien, dérapant souvent des sujets que je tente de lancer. J'apprends qu'il est dans le même lycée que moi, qu'il aime tout le monde et qu'il y a également une fille qui vit quotidiennement ici.

- Elle s'appelle Astéria. Ça aussi, c'est grec. Moi, je suis amoureux d'elle.

J'ai cette légère impression d'avoir en face de moi quelqu'un d'incroyablement naïf, tout en étant plus qu'attachant. Je ne me sens pas attiré par lui, mais j'ai parfois envie de le prendre dans mes bras et de lui cacher la cruauté du monde, de lui dire que tout va bien. Sans que je m'en rende compte, nous passons une bonne partie de l'après-midi à parler ensemble. Lorsque vient le temps pour lui de rentrer - j'avais une excuse pour toute l'après-midi au lycée - il me glisse, avec un trop grand sourire.

- Tu sais Valentin, tu es quelqu'un de très gentil. Tu ne m'as pas jugé. Je pense que je t'aime bien.

Il me laisse là, pantois. Je n'ai même pas réussi à répondre. Voyant approcher les dix-sept heures, je me dirige vers ma chambre, m'installe confortablement sur mon lit et attend patiemment la venue du psychiatre. J'ai beaucoup de choses à lui dire. Lorsqu'il arrive, je parle immédiatement

- Vous essayez de me faire parler en m'envoyant des français maintenant ?

Il sourit, croise ses jambes sur la chaise tout en s'asseyant. Il doit avoir l'habitude.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now