Mars - 3 /TW

1.4K 172 295
                                    

TW : cicatrices, automutilation

(+ eliot est un con sans nom)


Je reste sur le pas de la porte, quelque peu pantois. J'ai cette désagréable impression d'être le seul perdu dans cette situation. Derrière mon frère, la main sur son bras, se tient Daisy. Même Lola apparait dans l'encadrement, souriante, dans une grande salopette en jeans.

- Tu fais une tête de poisson, El'. Ça va ?

C'est elle qui pose la question, avec son franc parlé. Je l'en remercie, parce que cela me permet de me reconnecter avec la réalité, et cette interrogation qui me pique la langue depuis que mon frère nous a ouvert.

- Tu as déménagé, n'est-ce pas, Callahan ?

- Oui. J'ai pris mon envol. Mais entre, s'il te plait. Tu me fais un peu peur, comme ça.

- Et vous étiez tous au courant ? continué-je, l'ignorant complètement.

Valentin glisse sa main dans la mienne et je la retire aussitôt. Une violente colère me monte dans l'œsophage, et je ne parviens pas à la contenir. C'est plus fort que moi.

- Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? Vous aviez peur de ma réaction ? Pourquoi suis-je le seul imbécile qui semble découvrir ce gros changement ?

- Parce qu'on ne voulait pas te chambouler encore plus, me répond le blond, apparemment pas vexé par mon geste. On ne voulait pas que ça vienne s'ajouter dans tous les trucs qui changent dans ta vie. Tu te découvres une sœur, tes parents menacent de se séparer et ta mère s'envole vers le Japon, on ne voulait pas te dire qu'en plus de tout ça, ton frère avait quitté le domicile familial.

- Comment le sais-tu, toi ? Tu ne fais pas partie de ma famille. Et cette question s'adresse également à toi, Lola.

Je me rends compte de la violence de mes propos au moment où les mots sont sortis de ma bouche. Les yeux bleus de mes deux amis s'écarquillent légèrement, et leur visage se ferme. J'ai fait mal, et je le sais. Mais pour l'instant, je n'ai aucune envie de m'excuser. Je veux simplement comprendre.

- Parce que je discute avec ton frère. Surprise, il n'y a pas que toi que j'apprécie, parce que t'es pas le centre de mon univers. Je m'intéresse à ta vie et à ce qui gravite autour, parce que dans un certain sens, ces choses et ces personnes gravitent également autour de moi.

Les phrases sont coupantes. J'ai l'impression d'être de retour en novembre, mais je ne lâche pas l'affaire. Nous sommes toujours sur le pas de la porte, dans le couloir, et je suis en train de laver mon linge sale en public. Rien ne va dans cette situation, rien ne me correspond. Est-ce que le choc est si grand ?

- Eliot, si tu dois te disputer avec quelqu'un, s'il te plait, fais-le avec moi. C'est moi le coupable, dans cette histoire.

Callahan semble bouleversé par ce qui se passe devant ses yeux. Je ne suis même pas désolé. Quel horrible petit frère je fais.

- Installe-toi Valentin, et commencez à faire chauffer la théière et la cafetière, pour ceux qui en veulent. Mon ingrat de cadet prendra ses feuilles vertes habituelles, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête et me laisse guider vers l'extérieur, dévalant les escaliers que je viens de monter. Je ne trouve pas que la petite cour de l'immeuble est plus propice à une dispute, mais au moins, je ne blesserais qu'une seule personne avec mes répliques acerbes.

- P'tit frère, je peux savoir ce qui se passe ?

C'est en japonais. C'est si rare que ce soit Callahan qui commence nos échanges dans notre langue maternelle. Habituellement, j'en suis l'instigateur, car j'aime ses sonorités, et la sécurité qu'elle nous procure. Il faut être parfaitement bilingue pour nous comprendre, et ce n'est pas très fréquent ici.

Ciel d'été [BxB]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora