Octobre - 8 /TW

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TW : Suicide, automutilation


Pendant toute la semaine suivante, Eliot revient, arrivant juste après ma séance avec le psy. La situation chez lui ne s'améliore pas, mais ses parents savent très bien que le punir de sortie ne servirait à rien, ayant un fils malin capable de s'échapper de cours ou même de leur maison. Mais l'ambiance qu'il me décrit est glaciale, invivable et son frère ne peut pas l'aider, parce que le cadet a peur qu'ils s'en prennent également à lui. Il n'y a qu'avec moi qu'il peut se réfugier et je l'accueille à bras ouverts. J'aimerais qu'il puisse rester dormir, je le saurais en sécurité - mais cette alternative n'est pas disponible dans l'unité psychiatrique de l'hôpital. Le weekend, j'ai la chance de l'avoir à chacun de mes moments libres, dès que les visites sont ouvertes. En ce dimanche, il arrive de bonne humeur, une nouvelle clef USB en main.

- Ton ordinateur est chargé ? commence-t-il en passant le pas de la porte.

- Oui, mais je ne l'utilise pas beaucoup. J'ai transféré ta chanson sur mon téléphone pour que je puisse l'écouter quand je veux. Alors, je n'en ai pas beaucoup besoin.

- Tu va lui retrouver une utilité. Je t'ai ramené une nouvelle chose.

J'attrape le portable et le pose sur le couvre-lit, devant moi. Je tape mon mot de passe, active le son grâce aux touches dédiées et lui laisse disposer de tout cela. Il a vite fait de brancher ce qu'il tenait et de me le présenter. C'est encore lui, devant une caméra d'une qualité discutable. Mais je ne suis pas là pour critiquer la prise de vidéo, mais pour, je me doute, écouter. Eliot appuie sur le bouton play et je ferme les yeux, ce qui doit le surprendre.

Comme je m'en doutais, il s'agit d'une nouvelle chanson. Elle parle de rêve, toute douce, jouée à la guitare, contrairement à la précédente. C'est magnifique, je ne peux même pas en dire plus. Mes larmes parlent pour moi et à la fin, je rouvre les paupières pour croiser les puits noirs de mon vis-à-vis. Ses doigts sont penchés vers mon visage, qu'il n'ose pas approcher.

- Je suis désolé, glissé-je. Ça part tout seul en ce moment. Je n'ai rien contre toi.

- Je n'y vois aucun inconvénients. Tes sentiments ont besoin de s'exprimer d'une manière différente des miens. J'ai une seconde vidéo à te montrer, si tu le veux bien.

Je hoche la tête pour lui montrer mon accord.

- Daisy m'a aidé pour la première, c'était chez elle. Je lui ai expliqué la situation avec mes parents et elle m'aide comme elle peut. Elle est venue chez moi lorsque je devais prendre ma guitare et a croisé mon père.

- Oh. Je...si tu n'as pas envie de parler, ce n'est pas un problème.

- Je... cela me fait du bien. Donc il était là. Elle s'est présentée et il a fait du sarcasme en me demandant pourquoi j'avais choisi un garçon alors que j'avais dans mes proches une jeune fille aussi belle. C'est elle qui a répondu.

Contre toute attente, il sourit de toutes ses dents. Je ne m'y attendais pas du tout. C'est si rare de le voir dans cet état-là.

- J'aurais aimé que tu sois présent pour entendre sa réplique. C'était...magistral. Elle nous a défendu, comme elle voyait que je n'étais pas capable de me placer contre mon père. Mais ce que j'ai retenu, ce que je voulais te transmettre de sa part, c'est qu'elle serait toujours derrière nous et qu'elle ne se mettrait jamais entre. Elle a même rajouté que certes, elle aimait bien l'un des Tanaka, mais qu'il ne s'agissait pas de moi.

Il baisse les yeux quelques secondes, joue avec ses doigts.

- Je sais que tu as des doutes sur nous et je te comprends. Ce serait plus simple que je sortais avec Daisy. Mais la personne que j'aime, c'est toi Valentin et personne d'autre. Et...

Ciel d'été [BxB]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora