Janvier - 7

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(cicatrices)

Je l'avoue, je me suis éclatée à l'écrire. Genre, vraiment.

Je n'ai plus conscience du temps qui défile autour de moi. La dernière fois que j'ai ressenti une pareille chose, je venais de passer une après-midi hors du commun au milieu de méduses de toutes les couleurs. Le mois d'août me semble tellement loin, désormais.

Cela fait plus de quatre jours que Valentin est dans le coma. J'y passe chaque heure de chaque moment de libre que l'on m'accorde. Le matin, avant de partir en cours. Dès que je me fais exclure. Je traîne le soir, même après la fin des visites. Je reste à son chevet, à raconter mes journées, à lire de la poésie, à chanter, lorsque je me sais seul. Parfois, je retrouve Hannah assise à ma place lorsque j'arrive, à babiller joyeusement avec quelqu'un qu'elle ne connaît même pas.

La petite, qui devait sortir le jour où le blond est arrivé, a fait une sorte de rechute. Elle a été opérée à nouveau et elle s'est remise sur pieds. Les médecins ne sont pas contents parce qu'elle bouge beaucoup, mais je la surveille du coin de l'œil, comme s'il s'agissait de ma propre petite sœur. J'ai même rencontré ses parents, deux personnes aussi adorables que leur fille.

Nous sommes samedi. Je suis en train de lire les cours d'hier à Valentin, en souriant aux formules de mathématique. Il est certain qu'elles ne vont pas l'aider à se sortir de son coma, mais je rajoute des anecdotes sur Monsieur Bluek qui font beaucoup rire sa voisine.

- Tu me rappelles beaucoup Koko et la plante verte. Ce sont des amis à moi, qui sont tout grands, comme toi. Eux aussi, ils aimaient pas les profs et ils les rendaient marteaux. C'est rigolo de vous entendre raconter ça.

- Les professeurs sont des êtres infernaux qui pensent avoir la science infuse. Il est bon de leur rappeler de temps en temps que ce n'est pas le cas.

Elle rit de plus belle et je surveille ses cicatrices, sur son ventre. A la moindre trace de rouge, j'appelle les infirmières.

Ses éclats sont coupés par un petit bruit au niveau de la porte. Comme elle est la maîtresse de maison, je la laisse répondre. Une seconde petite fille passe l'encadrement à la vitesse d'un éclair et les deux se sautent dans les bras.

- Anouchka !

- Coucou Hannah !

Je fais rapidement le lien entre cette blonde au grand sourire et l'histoire que ma nouvelle amie m'a racontée. Je pense que cette visite doit être une très bonne surprise.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu reviens vivre à Belfast ?

- Je suis en weekend avec mes mamans et mon frère. Et y a même la plante verte qui a fait le déplacement depuis la France ! Je voulais trop te voir, alors maman a téléphoné chez toi, pour savoir. Tes parents ont dit que tu étais ici, alors on est venus. Tu vas bien ?

Les deux discutent vivement et j'abandonne mon espionnage. Je leur laisse de l'intimité, en observant tout de même les éclats dans les yeux bruns d'Hannah. Elle semble être la petite fille la plus heureuse de l'univers.

Lorsque l'on toque une nouvelle fois, je me lève pour ne pas déranger les retrouvailles - elles n'ont, de toute manière, pas entendu. Je décourage un visage assez fermé, des yeux si électriques qu'ils pourraient lancer des éclairs et des cheveux bleu pâle.

- Euh... t'es pas Hannah, toi.

- Excusez-moi. Je ne fais qu'ouvrir. Hannah est du côté gauche de la porte.

- Merci.

Il me lance un étrange regard, avant de me dépasser. Ses quelques centimètres en plus m'effraient presque et j'avale ma salive avec difficulté. Pourtant, lorsqu'il arrive aux abords des deux petites filles, il adopte un sourire franc et généreux et erre la malade dans ses bras. Je m'apprête à refermer la porte lorsqu'elle est retenue par un bras.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now