Ciel d'été [BxB]

Décembre - 9/TW

TW : Rappel de propos racistes, mutilation, sang, comportement destructeur

Nous sommes partis comme des voleurs. Je ne me sentais pas le cœur de retourner à la fête, sous les yeux scrutateurs de Curtis, qui dansait avec sa petite amie - qui se révéla être Cassie, cette fille qui ne comprenait pas que le monde n'est pas entièrement hétérosexuel. Ce couple est parfaitement ridicule, parce qu'on est basé sur un immense mensonge. C'en est risible, et si je n'avais pas le cœur brisé, j'aurais ri avec Valentin.

- Tu fais une petite tête, Eliot, remarque mon frère lorsque nous revenons à notre table sans pour autant nous assoir. Tout va bien ?

- Je suis fatigué. Puis-je avoir les clefs de ta voiture pour que je puisse prendre mes affaires ?

- Vous partez les garçons ? m'interroge la rose en s'inquiétant réellement.

- Oui. Mais tout va bien, ne vous gâchez pas la soirée pour nous. Nous pouvons rentrer en bus. Les véhicules roulent encore à cette heure-ci.

- Je peux vous ramener, insiste Callahan. T'as vraiment l'air épuisé, je n'ai pas envie que tu t'écroules sur le trottoir.

- Je serais là pour le rattraper ! intervient Valentin après être allé dire au revoir à ses connaissances. Plus sérieusement, on sera prudents, je te le promets. Et dès qu'on est chez moi, je t'envoie un message, d'accord ? Merci encore de nous avoir amenés et bonne fin de soirée.

Cette dernière phrase est lancée avec un sourire en coin et un clin d'œil vers sa meilleure amie. Je comprends rapidement que la scène décisive de toute comédie romantique n'a pas encore eu lieu. Je souhaite bon courage à mon frère en chuchotant du japonais et attrape la main de Valentin. Je n'ai plus l'énergie de me battre contre les personnes nous environnant.

- Vous ne restez pas pour l'élection des souverains ? demande Lola, franchement déçue. On misait beaucoup sur ton capital beauté, Eliot.

- Je suis vraiment désolé Lola. Je ne me sens pas très bien, je vais rentrer.

J'essaie de lui faire comprendre de ne pas faire de blague sur le fait de retourner chez moi aussi tôt en la fixant dans ses yeux entièrement bleus. Valentin s'éloigne vers Heather pour lui parler de quelque chose d'urgent et je tombe à moitié dans les bras de mon amie.

- Eliot, qu'est-ce qui se passe ? Ton blond t'a sorti une horreur ? Vous vous êtes disputés ? Tu me fais peur, tu parais complètement éteint.

- J'ai retrouvé une part de mon passé ce soir. Une part que j'aurais souhaité oublier, mais qui se rappelle sans cesse à moi et qui remet ma simple existence en question.

- Hein ? Comment ça ?

- Mon ancien meilleur ami qui m'a harcelé lorsque j'étais en middle school m'a dit que ma réelle place dans l'univers était au fond d'un trou entièrement fermé.

- Oh, mon pauvre. Oh, je suis tellement désolée.

- Ne le sois pas. Tu n'y es pour rien.

- Est-ce que je peux te faire un câlin ?

- J'ai l'impression d'en réclamer sans cesse.

- Parce que tu en as besoin. Allez, viens là.

Elle place ses mains autour de mes épaules et m'enlace délicatement. Étrangement, elle sent comme ma mère. Et sa douceur est tellement similaire que je me revois petit garçon, après une blessure, à venir chercher du réconfort dans les bras aimants.

- Tu es quelqu'un de génial, d'accord ? Tu as ta place dans l'univers, sur la Terre, dans cette école, dans nos vies. Sans toi, ça ne serait pas du tout pareil. Tu es un excellent ami et il n'a qu'à voir la façon dont Valentin te regarde pour comprendre qu'il est complètement amoureux de toi. Tu comptes. Tu comptes vraiment.