Ciel d'été [BxB]

Août - 2

- Hein ?

C'est le tout premier mot qui franchit mes lèvres, après l'entente de cette proposition. Il a parfaitement raison, je suis incapable de la démonter. Comment pourrais-je le faire ? Je serais non seulement méchant, mais même cruel. Alors, je me tais, comme soufflé et j'attends. J'attends que le monde se remette à l'endroit et que mon coeur se calme au fond de ma poitrine.

- J'ai l'impression de t'avoir fait la proposition du siècle. T'inquiète, je t'ai pas demandé en mariage, hein, juste de venir avec moi en vacances, entre pote tu vois. Franchement, c'est pour t'arranger, parce que t'as vraiment l'air de t'ennuyer à la boutique de tes parents. Et puis, ça te permettra d'éviter les filles qui viennent te poursuivre jusqu'au magasin. Je dis ça pour t'arranger, mais si tu ne veux pas, ça fait rien, je vais pas te faire la gueule pour ça, surtout que je pourrais pas, comme j'aurais pas beaucoup de réseau. Mais franchement, réponds-moi autre chose que hein, parce que tu me fais peur, tout simplement.

- Pourquoi moi, Valentin ? Pourquoi moi et pas l'un de tes amis de collège, ou même Daisy ? Je ne te connais que depuis deux mois.

Comme s'il avait réponse à tout, il ne prends même pas la peine de chercher ses mots. Le tout vient avec une facilité déconcertante et je lui en veux presque, même si c'est idiot.

- Parce que tu me connais tel que je suis réellement. Parce que tu sais qui est le vrai Valentin, ce qui n'est pas le cas de mes anciens amis du lycée. Je ne sais pas comment l'expliquer en fait, c'est juste...que c'est toi Eliot. T'es mon meilleur ami, j'ai pas envie de pas te parler pendant presque un mois, alors s'il y a un moyen pour qu'on s'amuse tous les deux en crachant sur les profs et en observant le ciel, je fonce. Je suis désolé si je te fais peur, ce n'est pas du tout mon but.

- Je n'ai pas peur de toi, j'ai simplement peur de te décevoir. De ne pas être assez bien pour toi, de dire ou faire quelque chose de préjudiciable. De plus m'intéresser au ciel qu'à toi. Je ne veux pas que tu te sentes lésé par quelqu'un comme moi.

- Ca ne me dérange pas que tu regardes le ciel. Je sais que ça fait partie de ta personnalité. Et puis, je te l'ai dit. Tu es un très bon ami. Aie confiance en toi. En fait, c'est presque marrant, parce que tu donnes l'impression que tu as confiance en toi, avec ton sourire arrogant et toute ton assurance. Mais ce n'est pas vrai et faut gratter pour le savoir.

Je suis à nouveau soufflé. Je ne supporte pas être aussi lisible, parce que je suis incapable de le faire avec mon vis-à-vis.

- C'est injuste, murmuré-je.

- Non, c'est pas injuste, faut juste que tu travailles ça. Je peux t'aider, si tu veux. Te répéter à longueur de journée que tu es l'ami le plus chouette de toute la Terre.

- Sais-tu que je vais devenir encore plus arrogant si tu fais réellement cela ?

- Ouais, mais bon, t'es comme ça alors...on peut l'arranger, enfoiré, rit-il. M'enfin, on s'éloigne du sujet. Tu veux, ou pas ?

Je lève les yeux au ciel, non pas parce que je suis exaspéré, mais parce que j'ai besoin de me reconnecter avec moi-même pour réfléchir. J'en ai envie, je le sais, mais je ne parviens pas à l'avouer à la personne premièrement concernée. Et je ne sais pas comment le formuler. Un comble, pour moi.

- Oui, je viens avec toi.

- Sérieux ?

- Oui. Je dois simplement en parler avec mes parents.

- Je suis sûr que les miens le seront. Et Walter acceptera, c'est certain. Il sait jamais comment m'occuper quand je suis avec lui.

Ce n'était pas si compliqué, finalement. J'en souris doucement, écoutant le blond déblatérer sur l'ami de ses parents et me raconter ses étés précédents, où le vieil homme, écrivain qui n'a jamais été marié, ne sortait pas de son bureau et passait les beaux jours sur son clavier à remplir des pages blanches d'histoires à dormir debout. J'en ris beaucoup, car la qualité des écrits de cette personne semble plus que discutable et Valentin me promet de m'en faire lire un extrait lorsque nous serons ensemble pour ces vacances.