Août - 1

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Le mois d'aout est celui de tous les possibles. L'été est là, l'école est fermée pour un mois entier, et le ciel est, si la météo ne fait pas de caprice, normalement bleu. Pendant cette période, j'élis domicile sur un transat, dans le jardin, sous le parasol. Je porte mes lunettes de soleil, j'ai un livre - souvent un roman - entre les mains et je passe mes journées ainsi. Mais cette année, l'ennui et le silence se venu se faire une place entre le ciel et ma personne. Si bien qu'aujourd'hui, je me retrouve à la boutique des mes parents, avec Callahan, qui me baby-sitte, en quelques sortes.

- Franchement, tu tires une tête de six pieds de longs, Eliot.

- Merci du compliment. Cela me va droit au coeur.

Nous sommes en train de nous occuper des plantes de la petite serre que continent le magasin de mes parents. Ceux-ci sont dans la banlieue de la ville pour s'occuper de nos autres serres, bien plus impressionnantes. Nous voulons absolument faire pousser nos fleurs nous-mêmes, et non les acheter à un fournisseur. Mon frère et moi gardons la boutique, pour les éventuels clients. Pour lui, je suis l'atout charme de l'échoppe : de nombreuses jeunes femmes s'arrêtent devant la vitrine lorsqu'elles me voient ranger les cactus et les plantes grasses. Il leur arrive de rentrer et de nous acheter quelque chose, à condition que ce soit moi qui encaisse le tout. Callahan semble toujours particulièrement joyeux à cette perspective, adorant se moquer de moi.

- Je te promets, tu es effrayant. Déjà que tu ne prends pas le soleil, mais en plus, j'ai l'impression que tu t'ennuies comme ce n'est pas pensable.

- Ce n'est pas qu'une impression. Je suis au point où je souhaiterais presque qu'une cliente passe la porte de la boutique, que j'ai d'autres choses à faire qu'écouter mon frère être fortement aimable avec moi.

- Mais on peut pas rigoler avec toi !

Mon souhait semble exaucé, puisqu'au moment où j'allais ouvrir la bouche, la sonnette annonçant quelqu'un retentit dans la serre. Je traverse le petit espace pour me retrouver dans la boutique, derrière la caisse. J'ai l'impression d'avoir déjà vue cette jeune femme, mais je ne sais pas où.

- Eliot ? C'est toi ? Tu travailles ici pour l'été ?

Les cheveux roses, les lentilles de couleur. Daisy quelque chose, la meilleure amie de Valentin. Celle qui n'arrivait pas à me faire la conversation à la dernière réunion de maison. Celle qui est soi-disant amoureuse de moi.

- C'est le magasin de mes parents. Est-ce que je peux t'aider ?

Je fais des efforts pour être aimable avec moi, puisque mon téléphone, lui, se souvient très bien de sa personne. Elle m'inonde de messages, comme un raz-de-marré, afin que nous discutions ou pire, que nous nous voyons. Je l'ignore avec un certain style, tout en me plagiant d'elle au blond. Cela me prendra d'accepter de donner mon numéro à n'importe qui.

- Oui, je cherche un bouquet pour ma mère, c'est bientôt son anniversaire. Je n'ai pas un gros budget, pas plus de vingt-cinq livres.

- Veux-tu quelque chose de tout fait, ou alors choisir les fleurs pour que mon frère te les assemblent ?

- Oh, tu as un frère ?

Mon regard devient soudainement blasé, et je regrette d'avoir mis mes lentilles au lieu de mes lunettes - mon sentiment extérieur serait mieux encore exprimé de cette manière.

- Oui. Ne bouge pas, je vais le chercher.

J'en profite pour m'échapper derrière, où je ne serais pas enseveli par des questions sur ma vie. J'ai l'impression d'être scanné, et ce n'est pas agréable du tout.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now