Février - 6

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La musique n'a plus rien à voir avec le chapitre mais elle est chouette, alors je laisse !

Heureusement pour moi, nos professeures ne me voient pas pleurer derrière mon livre. Je me pince les lèvres afin de ne pas renifler et je sors des mouchoirs en faisant semblant d'avoir un rhume, qui serait alors une chose tout à fait normale au mois de février.

À vrai dire, je ne sais pas quoi répondre à ma propre mère, hormis le fait que je l'aime aussi, que jamais je ne la jugerais sur ce qu'elle fait et que j'espère qu'elle trouvera des réponses à ses questions au Japon. J'aimerais bien qu'elle découvre également les miennes, et qu'elle revienne au Royaume-Uni avec une décision claire. Car depuis l'explosion de toute cette histoire, une interrogation guette dans mon esprit, et n'attend qu'une seule chose : sortir. Je ne l'autorise pas pour l'instant, parce que je sais que si j'émets cette possibilité à voix haute, les larmes ne s'arrêteront pas de sitôt. Je n'ai pas envie de devoir expliquer ce qui se passe dans ma famille aux deux membres du personnel de Clear Lake. Cela ne les concerne aucunement.

Afin de ne pas inquiéter ma mère, je lui envoie quelques mots, également en japonais - cela rassure mon esprit qui culpabilise de ne pas avoir travaillé les langues. Puis, je bascule sur la conversation avec Asuka, pour lui dire exactement ce qu'on m'a demandé de lui transmettre. Qu'elle n'y est pour rien, et qu'elle ne doit pas se sentir coupable d'exister. J'essaie de la rassurer, mais c'est peine perdue. J'ai peur que ma famille ne soit plus jamais la même, et non dans un bon sens.

Au comble d'une sorte de désespoir, j'attrape une dernière conversation, afin de calmer les battements de mon cœur. J'ai vite fait de taper les mots sur le clavier anglais.

À : Callahan

Peux-tu m'appeler ce soir ? J'ai besoin de la présence virtuelle de mon grand frère afin de ne pas m'effondrer dans la seconde.

La réponse fuse, comme s'il était déjà sur notre conversation. Mon téléphone vibre sur mes genoux, et je suis heureux que les professeures ne l'entendent pas.

> J'étais en train de te poser la question. J'en ai besoin aussi. Pour dix-huit heures, heures anglaises, tu penses que ça pourra le faire ? Tu seras sorti de cours ?

> Oui. Je note le rendez-vous. À ce soir, Callahan.

La sonnerie est comme une libération pour mes épaules.

***

La journée se termine par deux heures de sport. Nous sommes avec une classe ayant l'économie et les sciences sociales pour sujet d'étude principale. J'ai appris que l'autre terminale littéraire a eu un cours de sport ce matin, après leur heure d'histoire. N'ayant pas de forfait français, Valentin et moi ne pouvons pas communiquer sans payer des frais exorbitants. Il faut que je pense à demander à Pedro où je peux me procurer une carte provisoire et prépayée.

Armé d'une carte, de vêtements provenant des objets trouvés - dont l'odeur me remue le nez et presque l'estomac - nous devons nous rendre près d'une forêt dont j'ai oublié le nom afin de chercher des balises accrochées aux arbres et cachées au sol. Cet étrange sport se nomme course d'orientation. Au début du trimestre, les élèves étaient par deux. Ils sont désormais seuls, uniquement accompagnés d'un bout de papier volant facilement, d'une planche de bois pour tenir le tout et d'un stylo afin de marquer les références des balises. Comme je suis nouveau - et n'ayant jamais pratiqué ce sport - j'ai le droit de me choisir un ou une partenaire. Je ne réfléchis pas longtemps et vais me placer aux côtés de Garance avant de partir. Sur le chemin menant à la forêt, nous en profitons pour discuter de tout et de rien.

- Alors, cette première journée de cours parmi nous ? Comment tu l'as trouvée ?

- Intéressante. J'ai l'impression d'être dans mon élément et cela est gratifiant. Certains professeurs sont légèrement trop rapides pour moi et je ne comprends pas tous les mots que j'écris. Mais la classe est agréable et les professeurs également. Ce qui n'est pas le cas pour ceux de mon lycée anglais.

Ciel d'été [BxB]Where stories live. Discover now